Réflexions sur la situation en Ukraine au 22 Septembre 2022 – par Dominique Delawarde

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Il faut, avant tout, replacer ce conflit dans le cadre plus général de l’affrontement
planétaire entre deux camps: celui de l’unipolarité hégémonique US/OTAN soutenu par le
dollar et la force militaire qui aimerait bien se substituer à l’ONU pour gouverner le
monde (le mot ONU n’est prononcé que 3 fois sur les 4 824 mots du concept stratégique
de l’OTAN 2022) et celui de la multipolarité de tous les États qui refusent la soumission
aux USA et ne reconnaissent que le rôle de l’ONU pour coordonner la marche du monde
(le mot ONU est utilisé à 30 reprises dans le communiqué final (7 800 mots) du
sommet des chefs d’États membres de l’Organisation de Coopération de Shanghaî.
La Russie est devenue le chef de file des opposants au « Nouvel Ordre mondial ».
La Russie qui s’oppose à l’encerclement de son territoire, initié dès 1990, par les
États-Unis et ses vassaux européens s’est préparé à cet affrontement ultime depuis le
bombardement de Belgrade, il y a 23 ans. Pour ce faire, Poutine a restauré l’économie de
son pays et ses forces Armées. Il a tissé un véritable réseau d’amitié et de coopération
avec de grands pays (Chine, Inde, Pakistan, Iran, Brésil mais pas que …) en s’impliquant
énormément dans des organisations interétatiques telles que les BRICS et l’OCS, fondées
à la suite, et en réaction au bombardement de Belgrade par l’OTAN, sans mandat de
l’ONU, sous un prétexte mensonger (Racak).
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que la Russie est engagée aujourd’hui dans un
bras de fer « mondial », en son nom propre, mais aussi comme chef de file de tous les
pays et de tous les citoyens de la planète qui refusent la conquête et la domination
du monde par la coalition d’intérêts néoconservatrice et mondialiste US-UE-OTAN.
C’est la raison pour laquelle la Russie n’est pas isolée aujourd’hui, et c’est
justement parce qu’elle n’est pas isolée qu’elle peut tenir tête, sur le plan
économique, aux 30 pays de l’OTAN et qu’elle finira probablement par l’emporter. Ce
bras de fer comporte plusieurs volets.
– Un volet militaire important mais qui ne sera pas forcément le volet déterminant dans
l’issue de cette confrontation planétaire;
– Un volet économique et financier qui conditionnera probablement le résultat final
et qui provoquera des difficultés sociales pouvant déboucher sur des troubles dans de
nombreux pays de l’occident global ;
– Et plusieurs autres volets : idéologiques (multipolarité et souverainisme contre unipolarité
et mondialisme) , culturels et sociétaux …..
Mener la guerre dans toutes ces composantes est une affaire très complexe.
La guerre d’Ukraine n’est qu’un des lieux de l’affrontement
Sur le plan militaire l’affrontement entre la Russie et l’Occident global se déroule sur un front gigantesque qui dépasse largement les frontières de l’Ukraine.
Tous les événements qui se passent ou se sont passés en Syrie, en ArménieAzerbaïdjan, en Serbie-Kosovo, au Tadjikistan-Kirghizstan, au Kazakhstan, en Géorgie, en
Moldavie, en Biélorussie l’année dernière, sont autant de tentatives de déstabilisation de
la Russie, à ses frontières ou ailleurs, et de diversion de son effort militaire principal du
moment: l’Ukraine. Tout cela est évidemment piloté en coulisse par l’Occident global et
notamment par les pays anglo-saxons, les plus engagés, et leur meilleur allié: Israël.
L’Ukraine n’est donc qu’une préoccupation de Poutine parmi beaucoup d’autres.
L’Armée russe a engagé initialement 200 000 hommes en Ukraine sur un front de
2 600 Kms, soit 77 hommes au km de front en moyenne. Elle comptait sur la supériorité
aérienne et la supériorité artillerie pour gagner en attaquant en forte infériorité numérique.
Il semble que l’effort ait été porté dans le Donbass et au Sud dans les régions contiguës
de la Crimée. Ce qui veut dire que la majeure partie des effectifs russes a été
concentrée dans ces zones pour les conquérir et les conserver et donc qu’il y en
avait beaucoup moins ailleurs, et notamment dans la région de Kharkov
Ça a marché dans les deux zones d’effort puisque les forces russes continuent
d’avancer doucement dans le Donbass et de tenir le terrain conquis au Sud face aux
tentatives de contre-offensives ukrainiennes qui n’ont pas manqué.
Ce qui s’est passé à Kharkov
Mais, dans la région de Kharkov, il n’y avait qu’un très maigre rideau défensif
russe, peut être une moyenne de 10 à 20 hommes au km de front, ce qui est dérisoire et
ne pouvait suffire à contenir une force ukro-atlantiste concentrée, attaquant en forte
supériorité numérique dans des intervalles béants.
L’aviation et l’artillerie russe ont fait payer très cher la progression des ukroatlantistes au nord et les forces russes ont réussi à se retirer avec un minimum de casse
et à rétrécir ainsi considérablement la largeur du front pour y densifier les effectifs. C’est
incontestablement une victoire ukrainienne ….. à la Pyrrhus, …. qui s’est d’ailleurs arrêtée
d’elle même.
Il n’y a pas besoin de sortir de Saint Cyr pour savoir qu’une offensive dans un
rapport de 8 à 10 contre 1 a toutes les chances d’être couronnée de succès, malgré
l’artillerie et l’aviation adverses si l’on n’est pas trop regardant sur les pertes. C’est ce qui
s’est passé.
Il y a probablement eu de la part des russes une surestimation de leur capacité à stopper l’offensive par des feux aériens ou d’artillerie et une sous estimation de la
capacité des ukrainiens à progresser malgré les pertes et, bien sûr, une exploitation
trop tardive du renseignement et un manque d’effectifs.
Mais lorsqu’on replace cette victoire ukrainienne de Kharkov dans le contexte du
bras de fer mondial évoqué plus haut, on réalise qu’elle est très loin de constituer un
événement majeur très inquiétant ou déterminant pour la Russie.
Le temps joue en faveur de la Russie et de ses soutiens
Conscient qu’il avait besoin d’effectifs supplémentaires pour atteindre ses objectifs
dans des délais raisonnables, Poutine, probablement sous la pression des durs et de
l’opinion russe, a décidé la mobilisation partielle, et la tenue de référendums dans 4
régions d’Ukraine.
Pour moi, le temps ne joue pas en faveur des ukro-atlantistes mais en faveur
de la Russie et de ses soutiens.
C’est en effet la résilience des populations et des économies qui déterminera
le vainqueur du bras de fer.
La Russie l’emportera parce que son économie est moins fragile aujourd’hui
que les nôtres, parce qu’elle est soutenue par des pays puissants (Chine, Inde,
Pakistan, Iran entre autres, mais pas que … ), et parce que sa population s’est
toujours montrée très résiliente et unie dans l’adversité, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui des populations occidentales, très divisées.
Rappelons que l’OTAN+ ne regroupe que 15% des habitants de la planète et que
l’OCS en compte près de 50% à elle seule.
L’extraordinaire succès diplomatique des manoeuvres militaires de Vostok-2022
Notons aussi qu’aux dernières manœuvres militaires Vostok 2022 qui se sont
tenues début Septembre, la Russie a réussit à faire manœuvrer ensemble 4 puissances nucléaires (Russie, Chine, Inde et Pakistan) que l’on dit opposés les unes aux autres mais qui savent s’unir lorsqu’il s’agit de s’opposer à l’hégémon néoconservateur et mondialiste US-UE-OTAN, ce qui représente un exploit diplomatique en pleine crise ukrainienne.
Notons encore qu’un sondage « Economist/Yougov », institut de sondage US soutenant clairement Biden et le mondialisme, indiquait la semaine dernière, qu’un citoyen sur deux pense que son pays (les USA) perdra son statut de super puissance dans les
toute prochaines années et que 47% des états-uniens pensent qu’une guerre civile aux
USA est imminente …..
Selon le média en ligne « Real Clear Politics » , la moyenne des sondages US montrait hier que seuls, 40% des citoyens US soutiennent la politique étrangère de leur
président alors que 53,3% la désapprouve. (voir document reproduit ci-dessus).
Notons enfin que des manifestations de rue importantes se sont déjà déroulées dans des pays de l’Union Européenne (République Tchèque, Hongrie, Italie, Espagne ….).
Ce n’est probablement pas fini et l’hiver pourrait bien être « chaud » pour les
gouvernances de la « coalition occidentale ».
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