Dans le paysage médiatique francophone, Veerle Daens détonne. Chroniqueuse pour Le Courrier des Stratèges, cette jeune analyste flamande apporte une perspective libertarienne souvent absente des débats traditionnels. Formée sur les bancs exigeants des universités de Flandre, elle allie une rigueur analytique impressionnante à une clarté d’expression remarquable. Entretien avec une intellectuelle qui assume ses convictions.

Le Courrier des Stratèges (CDS) : Veerle Daens, bonjour. Votre profil est atypique : formée en Flandre, vous êtes aujourd’hui une plume respectée dans un média francophone. Comment cet environnement universitaire et culturel a-t-il forgé vos convictions libertariennes ?
Veerle Daens (VD) : Bonjour. La Flandre possède un ethos particulier, marqué par l’entrepreneuriat et une méfiance historique vis-à-vis du pouvoir centralisé. Mes études n'ont fait que structurer cette intuition.
L’environnement universitaire flamand est exigeant et, surtout, très ouvert sur la pensée anglo-saxonne. Cela favorise une exposition précoce aux économistes de l'École Autrichienne – Hayek, Mises, Rothbard – qui sont souvent négligés dans les cursus francophones. Plus qu'une idéologie, j'y ai appris une méthode : la rigueur intellectuelle et le scepticisme vis-à-vis des consensus mous. J'y ai appris que la prospérité ne se décrète pas par la loi ; elle se libère par le respect du droit de propriété et le libre échange.
CDS : Vous avez choisi de vous adresser à un public francophone via Le Courrier des Stratèges. Pourquoi ce choix, alors que vos idées sont souvent à contre-courant dans cet espace linguistique ?
VD : C'est précisément parce qu'elles sont à contre-courant qu'il faut les y défendre. Lorsque j’observe le débat public francophone, je suis frappée par la prédominance de la pensée étatiste, presque une résignation face à la bureaucratie et à la fiscalité.
Mon objectif est de briser ce consensus. J'essaie d'apporter cette perspective pragmatique et décomplexée. Je veux montrer qu'il existe une alternative désirable au "toujours plus d'État". Le libertarianisme n'est pas sulfureux, il est exigeant. Il demande aux individus d’être responsables, ce qui effraie ceux qui préfèrent le confort illusoire d’un État-nounou. Les principes de liberté sont universels, ils ne sont ni flamands ni wallons.
CDS : Vos chroniques sont saluées pour leur clarté et leur courage. Vous n’hésitez pas à critiquer des institutions puissantes. D’où vous vient cette assurance ?
VD : Elle vient du travail et de l'honnêteté intellectuelle. Je ne lance pas des opinions à la volée ; mes chroniques sont le fruit de recherches approfondies. Lorsque vous comprenez les mécanismes économiques fondamentaux, les erreurs désastreuses des politiques actuelles deviennent évidentes.
Je préfère la lucidité au courage. Le courage, ce n'est pas de provoquer gratuitement, mais de maintenir une cohérence intellectuelle même lorsque ce n'est pas populaire. Face à la critique ou aux étiquettes comme "ultra-libéral", je ne réponds pas par des slogans, mais par des arguments factuels et des principes philosophiques solides. Mon but n’est pas de plaire, mais d’éclairer.
CDS : Pour conclure, quel message adressez-vous à ceux qui découvrent la pensée libertarienne ?
VD : Osez penser par vous-mêmes. Ne déléguez pas votre avenir ou vos choix de vie à des technocrates. Faites confiance à votre propre jugement et assumez vos responsabilités. La liberté fonctionne. Elle demande de l'audace et de la rigueur, mais c'est la seule voie digne pour l'avenir.
CDS : Veerle Daens, merci.
