Quelques brèves remarques sur Napoléon Bonaparte en ces temps d’asservissement français

Quelques brèves remarques sur Napoléon Bonaparte en ces temps d’asservissement français


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J'aurais souhaité qu'Emmanuel Macron ait la décence de garder le silence sur Napoléon Bonaparte. Si notre pays était libre et prospère, on pourrait se permettre de disserter sur le fondateur de la France moderne, d'en mesurer les réussites et les échecs. Mais nos dirigeants dénigrent l'histoire du pays, ils sont incapables d'assurer la sécurité des personnes;,ils détruisent progressivement toutes les libertés politiques et économiques de notre pays tout en sapant les fondations de l'Etat qui doit nous défendre. Voilà pourquoi il aurait mieux valu que le Président se taise aujourd'hui. Ou qu'il reçoive modestement  à l'Elysée les auteurs de la tribune des militaires qui en est à 24000 signatures !

Non seulement je n’écouterai pas Emmanuel Macron déverser les paroles creuses d’un discours interminable sur l’un des plus grands hommes d’Etat français de l’histoire; mais je rêve qu’après les premières phrases on entende la voix de Cyrano de Bergerac, comme à la scène IV de l’acte I de la plus célèbre pièce du répertoire français:

« Coquin, ne t’ai-je pas interdit pour un mois? ….

Roi des pitres, Hors de scène à l’instant!…

Tu récalcitres?…

Eh bien? Faudra-t-il que je fasse, ô Monarque des drôles,

Une plantation de bois sur vos épaules?«

Paraphrasant le même Cyrano, à qui l’on somme de s’expliquer pourquoi il a empêcher le comédien Montfleury de déclamer sur scène, je pourrais dire à propos de Macron : « ...je le hais depuis qu’il se permit un soir… » de proclamer qu’il n’y a pas de culture française. « Oh! j’ai cru voir/ Glisser sur une fleur une longue limace! »

Alors, non, pitié, vous auriez pu, Monsieur le Président, avoir la décence de garder le silence sur Napoléon!

L'époque n'est pas appropriée pour disserter sur le fondateur de l'Etat moderne

Nous aimerions tous que notre pays soit libre et prospère. Nous pourrions alors dresser sereinement le bilan du premier Empire. Je viens d’une famille de la bourgeoisie française où la bibliothèque comportait de nombreux ouvrages sur « l’épopée impériale ». C’est en les lisant que j’ai contracté le goût de l’histoire.

Alors, oui, comment ne pas réfléchir avec les années sur la carrière la plus fulgurante de notre histoire?  Mon grand-père maternel, Pierre Savinel, était l’auteur d’une biographie du général Moreau, le « rival républicain de Bonaparte », qu’il admirait profondément.  Et mon goût inextinguible de la liberté me fait trouver bien des charmes au pamphlet de Benjamin Constant De l’esprit de conquête et de l’usurpation ou aux Mémoires d’Outre-tombe. En disciple d’Edmund Burke, le livre que je trouve le plus profond sur l’Empereur est celui de Jean Dutourd, paru en 1996, intitulé Le feld-maréchal von Bonaparte où l’écrivain imagine, d’une plume alerte, une autre histoire: « Si Louis XV n’avait pas acheté la Corse à la République de Gênes, Bonaparte ne serait pas devenu empereur des Français. Sans doute se serait-il mis au service de l’Autriche. le successeur d’Alexandre et de César n’aurait pas pu monter plus haut que la dignité de feld-maréchal et l’Europe eût été bien tranquille entre 1796 et 1815« .  « Que pèse un individu face à une nation? » se demandait de Gaulle, dans la même veine, s’interrogeant sur le désastre des Cent-Jours.

Mais pour citer le même de Gaulle, notre époque n’est pas propre aux dissertations subtiles. « Avant de philosopher, il faut vivre« .  Notre pays est endetté à 120% de son PIB. Le chômage stagne pas loin de 10% de la population active. Quand il ne se drape pas en « sauveur du monde » au risque de faire de notre pays la risée du monde, le Président joue au « chef de guerre » contre une épidémie qu’il n’arrive pas à faire traiter correctement;  mais il se fait rappeler à l’ordre par 24 000 (anciens) militaires de tous grades car son gouvernement est incapable de combattre le terrorisme, le prosélytisme musulman, les émeutes de la jeunesse des banlieues.  Jamais les libertés publiques n’avaient été autant menacées, qu’il s’agisse de la loi sur les fake news de décembre 2018, du renforcement du code sur la sécurité intérieure de 2019 voté pour légitimer a posteriori la violence d’Etat contre les Gilets Jaunes, ou de l’état d’urgence permanent imposé au nom de la lutte contre le COVID 19, avec, bientôt le pass sanitaire.

Un tel président ne devrait pas parler sur Napoléon.

Toutes les grandes nations du XXIè siècle sont fières de leur passé

Au Courrier des stratèges, nous aimons les vrais libéraux. Nous préfèrerons toujours Jean-Baptiste Say ou Frédéric Bastiat à Claude-Henri de Saint-Simon. Mais nous savons aussi que les libertés modernes ont besoin d’un ordre étatique stable pour prospérer.  L’Etat est d’abord régalien. Et qui l’avait mieux compris que Napoléon Bonaparte, le créateur de l’armée française moderne, le parrain du Code Civil, le créateur de toutes les grandes institutions sur lesquelles repose encore la France contemporaine?  Comment la révolution industrielle française aurait-elle été possible sans le réseau routier napoléonien (dont nous reproduisons la carte ci-dessus)?

Comme Français, nous devrions exprimer aujourd’hui, une fierté sans retenue, deux-cents ans après la mort de l’Empereur. Le passé est un héritage précieux. Même s’il est avant tout un enfant de la désastreuse réforme Haby de l’Education Nationale et s’il a l’esprit farci des approximations sociologiques de Pierre Bourdieu, Emmanuel Macron devrait savoir que rien n’est plus important pour la compétitivité des nations modernes que de faire fructifier leur capital historique, culturel, artistique. Il n’y a rien de plus auto-destructeur qu’un peuple qui renie son passé. La Chine le sait bien, qui cultive la tradition chinoise, toute communiste qu’elle soit. Donald Trump a essayé de le rappeler, non sans mal, à ses compatriotes.  Et en ce jour de commémoration napoléonienne, ce n’est pas une provocation de dire que la plus merveilleuse illustration de la force économique et politique  que donnent le respect de la tradition nationale et le souci de la souveraineté, c’est la Grande-Bretagne de Nigel Farage et Boris Johnson.

Quand on est un dirigeant français, il n’y a qu’une seule chose à dire pour commémorer Napoléon: la France ne reprendra sa place parmi les grandes nations entrepreneuriales du monde que lorsque ses dirigeants cesseront de dénigrer l’héritage qu’ils ont reçu pour mission de faire fructifier et de transmettre.

Monsieur Macron, pour commémorer intelligemment Napoléon, recevez les militaires auteurs de la tribune à 24000 signataires.

Les fruits de l’abandon du patriotisme par nos dirigeants, depuis que Valéry Giscard d’Estaing a proclamé que la France ne pesait plus rien toute seule, se voient clairement: notre pays, malgré les réformes de la période Sarkozy, a de plus en plus de mal à retenir ou attirer les meilleurs scientifiques; le pays est profondément désindustrialisé. Plus grave, la décennie Hollande-Macron aura signifié le naufrage de l’Etat en termes de sécurité intérieure, de laïcité, d’éducation nationale et de respect de l’ordre publique. Or comment un pays peut-il créer, entreprendre, faire fructifier sa richesse s’il est en proie aux désordres et menacé d’une guerre civile ?

Récemment,une tribune rédigée par d’anciens officiers et aujourd’hui signée par 24000  (anciens) soldats attirait l’attention du gouvernement sur le « délitement » du pays. L’instrument forgé par nos rois, la Révolution, Napoléon et de Gaulle est un corps constitué qui tient encore debout, mélange les classes sociales, intègre les enfants de l’immigration.

Emmanuel Macron, au lieu de faire un discours sur Napoléon qui sera oublié dans quelques jours, aurait dû prendre le temps de recevoir les militaires auteurs de la tribune.


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