Emmanuel Macron est trop narcissique pour regarder comment s'y prend Boris Johnson. Mais le Premier Ministre britannique est beaucoup plus habile quand il s'agit de convaincre les Britanniques de se vacciner. Hier les antipass du monde soulignaient que le gouvernement britannique renonçait à imposer le passeport vaccinal; ce matin, on s'étonnait d'un communiqué de Downing Street maintenant l'option ouverte. Boris Johnson a clarifié la position de son gouvernement lors d'une conférence de presse ce 14 septembre après-midi. Il l'a fait avec une efficacité qui souligne cruellement par contraste le caractère contre-productif de l'hystérie macronienne.

Les Britanniques sont fiers de la manière dont ils ont orchestré la campagne de vaccination. 44 millions d’entre eux (graphique ci-dessus) ont reçu deux doses (en général il s’agit d’Astra Zeneca), soit 64 % de la population; soit un peu mieux que la France (63%). Mais cela a été obtenu sans le psychodrame du pass sanitaire. Il y a certes une obligation vaccinale pour les maisons de retraite ou les établissements de soin spécialisés (résidents, employés, visiteurs); mais il est possible de se faire dispenser pour raisons médicales et tout se discute rationnellement en Grande-Bretagne.
Hier 13 septembre, le Ministre de la Santé britannique Sajid Javid, annonçait qu’il n’y aurait pas de pass sanitaire obligatoire à la fin du mois comme cela avait été envisagé. Consternation ce matin, 14 septembre: Downing Street semblait faire machine arrière. En fait, le Premier ministre britannique a clarifié les choses ce 14 septembre 2021 lors d’une conférence de presse.
L'efficacité de Boris Johnson

Quel contraste avec la conférence de presse du président Macron le 12 juillet dernier. Boris Johnson est apparu entouré du Chief Medical Officer pour l’Angleterre, le Professeur Christopher Whitty et par le Chief Scientific Adviser, Sir Patrick Vallance. Les trois hommes ont pris la parole à tour de rôle, le Premier ministre tenant bien entendu le rôle principal. Mais tout se passe dans une atmosphère calme, dans le dialogue et en prenant des messages envoyés depuis les réseaux sociaux à Downing Street. Tout à l’opposé de la parole jupitérienne hystérique et sans réplique possible que nous avons vécue en France le 12 juillet.
Boris Johnson a expliqué (1) qu’il considérait la vaccination comme un grand succès et qu’il remerciait les Britanniques pour leur engagement; (2) qu’il fallait encourager les non-vaccinés à se faire vacciner mais qu’il n’y avait pas de raison d’introduire un pass sanitaire généralisé, en particulier pas dans les pubs; (3) que le pass pouvait faire partie d’un « plan B » si la situation se tendait à l’hiver.
Bien entendu, on peut avoir une lecture cynique du comportement de Johnson, que l’on constaterait simplement meilleur psychologue que notre psychorigide président. Cependant, le Premier ministre a laissé le Professeur Whitty présenter des slides. Les journalistes présents et ceux qui suivaient la conférence de presse à distance ont pu faire des captures d’écran. A la différence des chiffres sortis du chapeau d’Emmanuel Macron, les données avancées par Downing Street pourront être réfutées. Je donne l’exemple de la slide qui montre quand même plus de non-vaccinés que de vaccinés parmi les gens hospitalisés en urgence pour Covid:

Le garde-fou du Parlement
Evidemment, on se rappelle la célèbre boutade de Churchill, qui disait ne croire que les statistiques qu’il avait fabriquées lui-même. Mais il faut bien se rendre compte de la différence majeure entre la tyrannie technocratique qu’est en train de mettre en place Emmanuel Macron et le régime de liberté que reste la Grande-Bretagne: le Parlement britannique a pesé fort pour faire reculer le gouvernement sur la question du pass sanitaire. Le Brexit a eu lieu pour défendre la souveraineté du Parlement, la supériorité du droit britannique sur une législation internationale ou supranationale. On peut bien penser que la gestion de la crise sanitaire n’a pas été excellente, au moins dans la première phase, en Grande-Bretagne. On peut aussi regretter que le pays ne se défende pas mieux contre les injonctions mondialistes. Cependant, la classe politique britannique, dans le système de souveraineté retrouvée, est comptable devant le peuple britannique des erreurs qu’elle commet. C’est très différent de l’autoritarisme macronien et du transfert subreptice – sous l’impulsion d’Angela Merkel – de la compétence santé au niveau fédéral de l’UE auquel nous avons assisté ces derniers mois.