Prix de l’énergie : le bouclier de Castex est un fer à repasser !

Prix de l’énergie : le bouclier de Castex est un fer à repasser !


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TRIBUNE LIBRE DE JEAN-FREDERIC POISSON, Président de VIA | la voie du peuple – Une reprise économique mondiale gourmande en énergie, la volonté européenne de dénucléariser à cause de la pression d’une minorité progressiste, la forte demande de la Chine en gaz russe, principal exportateur en Europe : cette triple conjoncture nous conduit aujourd'hui à une situation de demande croissante d’électricité et de gaz en France, au moment même où s'installe une diminution de notre production nationale décarbonée. En conséquence de quoi, chaque citoyen voit son pouvoir d'achat baisser à mesure que les prix du carburant et de l’électricité augmentent. Face à ce constat, que fait notre gouvernement pour empêcher que cette crise énergétique se répercute sur le quotidien des Français ?

Le Premier ministre Jean Castex a déclaré il y a deux semaines que le rôle du gouvernement consistait à « tout faire pour protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyens, en particulier les plus modestes[1] ». Qu’en est-il réellement ? Dans les faits, trois millions de foyers seront impactés par la hausse de +12,56% du gaz[2]. Le PDG de Total Energies Patrick Pouyanné a annoncé que les hausses allaient se poursuivre pendant tout l’hiver et qu’il ne prévoyait donc pas de baisse des tarifs du gaz avant le printemps[3]. Pendant ce temps-là, cette pénurie en énergie à bon marché, engendre des arrêts de production majeurs chez un grand nombre des sous-traitants. Quand la chaîne de production s’arrête, faute de disponibilité des composants, le chômage technique et les pertes d’emplois se profilent à l’horizon. Ainsi donc, la situation actuelle amène à un effet ciseaux désastreux : une augmentation non maîtrisée du coût de l’énergie conjuguée à un risque de diminution de revenus par diminution de l’activité industrielle et de l’emploi. Jeudi 30 septembre dernier, le Premier ministre a repris la parole au 20h de TF1 pour annoncer les mesures gouvernementales censées nous sortir de ce marasme. Brandi comme une contre-attaque de super-héros censée protéger le Français d’une flambée des prix du gaz et de l’électricité, le « bouclier tarifaire » est, à y regarder de plus près, un fer à repasser qui aplati et lisse les augmentations dans le temps plus qu’il ne les détourne. Les citoyens devront quand-même payer in fine le coût de l’augmentation du prix de l’énergie, ainsi que l’inflation, et pour certains subir le chômage. Les mesures gouvernementales consistant à geler jusqu’à avril 2022 les échéances en bloquant les augmentations du gaz et de l’électricité, n’y changeront rien : à la fin, ce sont les Français qui paieront.

 

Il est pourtant faux de dire que le gouvernement ne pouvait rien faire pour réduire l’impact de cette pénurie énergétique sur notre quotidien. En matière d’électricité, la France fait partie des seuls pays au monde à posséder une technologie de pointe, sécurisée, stable, avec un faible impact environnemental : le nucléaire. Non seulement Emmanuel Macron a poursuivi le projet de François Hollande consistant à fermer la centrale de Fessenheim. Notre production d’énergie a baissé de 12% en 2020 suite à cette fermeture et de nombreux emplois ont été supprimés. Mais en plus, il a mis fin au projet Franco-japonais baptisé Astrid, qui consistait à réutiliser les déchets nucléaires pour, d’une part produire de l’énergie nucléaire supplémentaire, et d’autre part traiter ces déchets et réduire leur radioactivité[4]. Ce projet a été jugé non-conforme à la mode du tout éolien. Désormais, le projet Astrid est en passe d’être récupéré par les États-Unis qui ont conçu un projet concurrent[5]. Tout cela intervient, en outre, à un moment où le modèle de consommation de carburant par les véhicules évolue vers l’électrique. En matière de carburant, pourquoi le gouvernement ne s’intéresse-t-il pas davantage à la production de carburant par fermentation ? Ce biocarburant est produit par réutilisation des déchets agricoles, de matières cellulosiques ou encore l’utilisation de micro-organismes telles que les microalgues. Il a l’avantage de soutenir les initiatives locales et de favoriser les circuits courts. Mais, hélas, seule l’éolienne a pignon sur rue depuis les dix dernières années pour des raisons idéologiques.

 

Ainsi donc, à cause de l’inconséquence des choix politiques de nos gouvernants, notre indépendance énergétique reposant sur le nucléaire est bradée, et les alternatives locales ou nationales qui pourraient permettre de distribuer suffisamment d’énergie aux ménages français sont mises de côté à cause de lourdeurs administratives trop contraignantes. L’interdépendance énergétique mondiale était censée pacifier les relations entre les Etats, elle cause finalement notre ruine. Les conséquences directes de ces décisions se font ressentir directement sur le pouvoir d’achat des Français, et en particulier sur les plus faibles, victimes des délires idéologiques et mondialistes du gouvernement actuel.

[1] « 500 000ème MaPrimeRénov’ », Gouvernement.fr, le 16/09/2021.

[2] « Le prix du gaz augmentera de 12,6% en octobre », Le Figaro, le 27/09/2021.

[3] « Patrick Pouyanné (TotalEnergies) : ‘Les tarifs du gaz resteront élevés jusqu’en avril’ », BFM TV, le 29/09/2021.

[4] « Nucléaire : pourquoi la France renonce au « recyclage infini » du combustible », Le Figaro, le 23/10/2019.

[5] « Réacteur nucléaire de 4ème génération : la France en a rêvé, Bill Gates le fera », Transitionsenergies, 08/06/2021.


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