L'appel au sacrifice nos enfants par le général Mandon pose à nouveau la question des préparatifs européens de guerre. Où en sommes-nous, et comment l'OTAN imagine-t-elle l'entrée en guerre avec la Russie ? Elise Rochefort fait un point pour nous.

Il est important de préciser que, dans la doctrine militaire européenne, on ne parle pas d'une "date" fixée par la Russie pour une attaque, mais plutôt de fenêtres de vulnérabilité et de scénarios. Les états-majors européens (notamment allemands et scandinaves) travaillent sur des hypothèses précises pour structurer leur défense.
Voici ce que les documents de planification et les déclarations récentes (novembre 2025) révèlent sur la perception européenne de la menace russe.
Quand? L'horizon du "test" (Immédiat à 5 ans)
Les Européens identifient deux horizons temporels distincts concernant une potentielle guerre avec la Russie :
- Le "test" immédiat (hiver 2025-2026) : c'est la crainte la plus pressante. Le général suédois Michael Claesson a averti le 20 novembre 2025 que la Russie pourrait "bientôt tester l'Article 5" de l'OTAN. L'objectif ne serait pas une invasion totale, mais une provocation calculée pour voir si l'Alliance réagit solidairement. Ce risque est accru par la perception de faiblesse liée à la transition politique américaine et aux incertitudes sur le soutien à l'Ukraine.

- La guerre conventionnelle (horizon 2029-2030) : la Commission européenne et les services de renseignement estiment que la Russie aura reconstitué ses forces armées et sera capable d'attaquer un État membre de l'UE d'ici "cinq ans". C'est ce délai qui dicte le rythme actuel du réarmement européen et la mise en place de la "mobilité militaire" d'ici 2030.


À quoi ressemblerait cette attaque imaginée par l'OTAN? (le scénario du "Gap" et de l'hybride)
Contrairement aux images de la Seconde Guerre mondiale, les Européens ne s'attendent pas initialement à une déferlante de chars sur Berlin, mais à une attaque ciblée visant à paralyser et diviser l'OTAN.
- L'obsession du corridor de Suwalki : le scénario le plus redouté est une action contre le "corridor de Suwalki", cette bande de terre de 65 km entre la Pologne et la Lituanie. En le saisissant, la Russie couperait physiquement les États baltes du reste de l'OTAN, reliant ainsi la Biélorussie à son enclave militarisée de Kaliningrad.
- La tactique du "saucissonnage" (Salami Slicing) : l'attaque pourrait prendre la forme d'une incursion limitée (par exemple, la prise de la ville frontalière de Narva en Estonie ou d'une île en mer Baltique) sous prétexte de "protéger des minorités russophones". Le but serait de placer l'OTAN devant un dilemme : risquer une guerre nucléaire pour une petite ville, ou ne pas réagir et signer la mort de l'Alliance.
- L'offensive hybride : avant toute frappe cinétique, l'attaque commencerait (et, selon les déclarations officielles, a déjà commencé) par le sabotage d'infrastructures critiques (câbles sous-marins, chemins de fer), des cyberattaques massives pour plonger les villes dans le noir, et l'incitation à des émeutes internes. Les exercices russes Zapad-2025 de septembre dernier ont simulé précisément ce type de conflit, incluant des frappes nucléaires tactiques pour tétaniser les populations européennes, selon la position officielle de l'OTAN, qui n'est guère challengée aujourd'hui par la presse subventionnée.


Quelle est la riposte européenne prévue?
La réponse européenne ne repose pas sur une attaque préventive, mais sur une capacité de montée en puissance rapide pour dissuader Moscou de passer à l'acte.
- Le rôle pivot de l'Allemagne (OPLAN DEU) : la pierre angulaire de la riposte est l'Operationsplan Deutschland. En cas d'engagement militaire, l'Allemagne n'est pas seulement un combattant, mais le "hub logistique" de l'OTAN. Le plan prévoit le transit et le ravitaillement de 800 000 soldats alliés et 200 000 véhicules à travers le territoire allemand vers le front de l'Est dans un délai de 3 à 6 mois.
- Le "Schengen militaire" : pour contrer la lenteur administrative, l'UE a lancé un plan de "mobilité militaire" visant à supprimer les obstacles bureaucratiques et physiques (renforcement des ponts, rails) pour permettre aux chars de traverser l'Europe sans délai.
- La Force Expéditionnaire Conjointe (JEF) : pour les menaces dans le Grand Nord et la Baltique, la JEF (dirigée par le Royaume-Uni avec les pays scandinaves et baltes) sert de force de réaction ultra-rapide, capable d'intervenir avant même que l'OTAN ne mobilise ses grosses structures. Elle a récemment activé des mesures pour protéger les infrastructures sous-marines.

La défense aérienne active : la riposte immédiate inclut le décollage de chasseurs (comme les F-35 et F-16 polonais et néerlandais) pour intercepter toute incursion aérienne, une posture défensive qui est déjà testée quasi quotidiennement.



