Nouvelles révélations d’une enquête de la commission du renseignement du Sénat américain sur les origines du Covid

Nouvelles révélations d’une enquête de la commission du renseignement du Sénat américain sur les origines du Covid


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Lorsque le Coronavirus a fait son apparition, tout le monde soupçonnait qu’il s’agissait d’un virus s'étant échappé d'un laboratoire de Wuhan. De nombreuses enquêtes ont déjà été menées à ce sujet et les résultats n’ont pas permis de prouver ce fait. Toutefois, des documents découverts par une équipe du Sénat ont révélé que le laboratoire était assez perturbé. Un rapport de Vanity Fair et ProPublica, publié la semaine dernière, a établi que l'Institut de virologie de Wuhan faisait face à une urgence non spécifiée au moment de l'apparition du coronavirus. Le rapport a mis en évidence une « situation complexe et grave », et relance le débat sur la théorie de la fuite en laboratoire de la pandémie.

Les origines du covid-19 sont difficiles à établir parce qu’il y a eu volonté de cacher la vérité. Les supputations diverses et variées sur l’origine de la pandémie continuent. Après plus de deux ans de recherches infructueuses sur les origines du Covid, un rapport de Vanity Fair et ProPublica, évoque un mystérieux incident de biosécurité au laboratoire de Wuhan peu avant que les gens ne commencent à être infectés par le nouveau virus du Covid-19. L’article cite les traductions de Toy Reid, un responsable politique du département d’État couvrant la Chine qui a examiné des documents provenant du site web de l’Institut de virologie de Wuhan, l’article indique que les responsables chinois étaient aux prises avec « une urgence en matière de sécurité » le mois précédant l’apparition d’une épidémie de coronavirus à Wuhan.

L’enquête du Sénat

Spécialiste de la Chine pour la Rand Corporation et responsable politique en Asie de l’Est pour le département d’Etat américain, Toy Reid a prêté sa grande compétence linguistique  à une équipe chargée d’enquêter sur les origines du Covid-19. Cette dernière a été mandatée par le sénateur Richard Burr et avait pour mission d’analyser plusieurs éléments de preuve.

Notons que Reid maîtrise à la perfection le « langage de parti ». Il s’agit d’une langue complexe, plutôt secrète, que même un mandarin de naissance « ne peut pas vraiment suivre ». L’administration chinoise l’utilise lorsqu’il faut évoquer un sujet embarrassant ou délicat.

Pendant 15 mois, Reid a mené cette enquête d’une manière astucieuse. Il travaillait depuis le Hart Senate Office Building à Washington et d’une maison familiale se trouvant en Floride. Il a également utilisé un réseau privé virtuel ou VPN, ce qui lui a permis d’accéder  aux dépêches stockées sur le site Web de l’Institut de virologie de Wuhan (WIV).

Grâce à ses compétences linguistiques et à sa connaissance du « langage de parti », Reid a su les décrypter. Ce dernier a alors découvert qu’en automne 2019, les dépêches ont évoqué des situations assez délicates. Elles parlaient notamment de « dangers cachés pour la sécurité ». Le 12 novembre de la même année, une dépêche des membres du département du laboratoire BSL-4 a fait référence à une violation de la biosécurité. Ayant étudié avec soin les mots qui figuraient sur les dépêches, Reid a tiré comme conclusion que les personnes impliquées savent très bien ce qui allait se passer.

L’équipe chargée de l’enquête a étudié minutieusement les dépêches du WIV retranscrites par Reid, notamment celles qui dataient du mois de novembre 2019. Les chercheurs ont également examiné de nombreux indices, des dépôts de brevet aux dossiers des expériences scientifiques et des avis de passation de marchés en cours au laboratoire de Wuhan.

L’équipe de surveillance de la commission sénatoriale de la santé, de l’éducation, du travail et des pensions (HELP) a alors établi un rapport préliminaire qui a été publié jeudi. Dans ce document, les chercheurs ont révélé que la pandémie du Covid-19 était « plus probablement qu’improbablement, le résultat d’un incident lié à la recherche ».

A propos du WIV

Selon l’article de Vanity Fair et ProPublica, nombreux scientifiques soupçonnent que le virus à l’origine de la pandémie du Covid-19 provienne du laboratoire du WIV. Des recherches dangereuses sur les coronavirus se déroulaient dans cet établissement. En outre, l’un des deux campus du laboratoire, le plus ancien dont Xiaohongshan, se situe à 13 km du marché aux fruits de mer où le Covid-19 est apparu pour la première fois.

Le campus de Zhongdian, le plus récent, se trouve à 18 km au sud et il dispose d’un laboratoire de haute technologie, comportant une installation de biosécurité de niveau 4 (BSL-4). Sa construction a été achevée en février 2015 ,  l’endroit était conçu pour réaliser les recherches les plus risquées sur les agents pathogènes les plus mortels.

Le fonctionnement de WIV est financé par l’Etat. Ainsi, les recherches réalisées au sein du laboratoire doivent servir les objectifs du Parti communiste chinois (PCC), le parti au pouvoir.

En examinant les dépêches de la branche du parti, Reid a découvert la pression intense subie par les scientifiques. Ces derniers étaient censés faire de grandes découvertes qui pourraient élever la position de la Chine à l’échelle mondiale.

Pourtant selon Reid, ce laboratoire de niveau 4 (BSL-4) a connu à plusieurs reprises des problèmes en matière d’équipement et de technologie, pas d’équipes de conception et de construction, pas d’expérience dans l’exploitation d’un laboratoire de ce calibre.

Le directeur adjoint de la sûreté et de la sécurité du WIV avait évoqué « plusieurs problèmes généraux » découverts au cours de l’année dernière lors d’enquêtes de sûreté et de sécurité. Il a souligné les « graves conséquences pour la sécurité ».

Selon Toy Reid, « Le WIV est sous la coupe du parti au pouvoir ». Il en conclut que ce laboratoire pourrait bien être à l’origine de la pandémie.

L’enquête de ProPublica et de Vanity Fair

L’équipe de HELP n’a pas publié le rapport de l’analyse détaillée réalisée par Reid. En effet, les membres du Sénat n’ont utilisé que des documents accessibles au public. Selon le porte-parole de HELP, une autre enquête est en cours et ce qui a été publié dans ce rapport provisoire.

Vanity Fair et ProPublica ont aussi mené à leur tour leur propre enquête. Ils ont alors téléchargé plus de 500 documents sur le site du laboratoire de Wuhan, incluant notamment les dépêches de la branche du parti depuis  2017 jusqu’à aujourd’hui. Ils ont également fait appel à des spécialistes en communication du PCC afin de bien évaluer l’interprétation de Toy Reid.

Vanity Fair et ProPublica ont découvert dans les documents que le laboratoire avait bien signalé l’existence d’une urgence en matière de sécurité au mois de novembre 2019. Les dépêches ont aussi révélé que des hauts fonctionnaires, membres du gouvernement chinois, avaient déjà pris des mesures urgentes afin de résoudre ces problèmes de sécurité.  En revanche, le responsable et le laboratoire concerné n’ont pas été précisés.

L’enquête a également évoqué la rapidité à laquelle le virologue militaire Zhou Yusen a réussi à développer les vaccins contre le Covid-19. Vanity Fair et ProPublica en ont parlé à des experts. Ces derniers ont estimé que le virologue avait peut-être eu accès à la séquence génomique du coronavirus, ce qui expliquerait la rapidité à laquelle il a réussi à concevoir un vaccin.

Pour rappel, en juin 2021, la journaliste d’investigation de Vanity Fair, Katherine Eban, a publié un article, qui défendait la théorie de la fuite du virus en laboratoire, théorie déjà défendue par Nicholas Wade, ancien journaliste scientifique du New York Times. Selon l’article d’Eban, les États-Unis couvraient cette fuite parce qu’ils avaient précédemment payé pour cette recherche.

Par ailleurs, le rapport établi a aussi remis en question l’hypothèse de certains scientifiques concernant l’origine zoonotique naturelle du virus. En effet, ces derniers pensaient que le coronavirus avait été transmis à l’homme par les animaux sauvages vendus sur le marché de Wuhan, comme le rapport de l’OMS publié en mars 2021, largement critiqué parce que les autorités chinoises ont été fortement impliquées dans sa rédaction.

Une nouvelle étude publiée le mois dernier dans la revue Science, plaide également en faveur d’une propagation naturelle du virus. Des preuves évaluées par des pairs montrent que le virus serait passé des chauves-souris à d’autres animaux sauvages, puis aux personnes qui vendent ces animaux, ce qui aurait provoqué une épidémie sur un marché de fruits de mer à Wuhan.

Pour M. Reid, la communauté internationale doit continuer à exiger des réponses, en déclarant que « sans la coopération du gouvernement chinois, nous ne pouvons pas savoir exactement ce qui s’est passé ou non au WIV, ni quel ensemble précis de circonstances a déclenché le SRAS-CoV-2 ».


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