Netanyahou, Trump et la tentation de l’impunité : les “amis” d’abord, l’État de droit ensuite

Netanyahou, Trump et la tentation de l’impunité : les “amis” d’abord, l’État de droit ensuite


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Benjamin Nétanyahou, déjà visé par la CPI pour crimes de guerre, réclame une grâce présidentielle pour ses affaires de corruption. Sous couvert de "réconciliation nationale", le Premier ministre tente de privatiser sa justice, avec le soutien indéfectible d'un autre grand ami de l'État-Providence, Donald Trump.

Ce qui est chouette dans notre monde, c'est tous ces hommes qui ne doutent de rien. Au sommet de la pyramide politique, l’audace n’a décidément plus aucune limite. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance, vient de déposer une demande de grâce présidentielle. La raison invoquée : l'intérêt public et la nécessité d'une "réconciliation générale" pour mettre fin aux divisions engendrées par son procès.

Une demande de grâce qui bouscule les institutions

Au centre des poursuites : des cadeaux luxueux – cigares, bijoux, champagne – pour près de 260 000 dollars, offerts par des milliardaires en échange de faveurs politiques. Actuellement, le Premier ministre israélien ne nie pas seulement les faits : il cherche à les faire disparaître par un décret.

Le procès, ouvert il y a six ans, n’a pas encore rendu de verdict, mais l’accusé préfère couper court à la procédure plutôt que d’affronter la justice. Ce réflexe n’est pas celui d’un innocent qui cherche à se laver de tout soupçon, mais celui d’un homme de pouvoir qui sait jouer de ses alliances et des divisions qu’il entretient.

Benjamin Nétanyahou cherche-t-il à échapper à la justice ? Netanyahou, poursuivi dans trois affaires où il nie toute faute, explique vouloir éteindre un procès qui “déchire le pays” et attise les divisions".

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Pour justifier sa démarche, il a déclaré dans une vidéo qu’il s’agit d’une demande au nom de « l’intérêt public ». Il estime que son intention en déposant cette requête au président est de mettre fin aux divisions politiques entre ses partisans et les opposants.

« Je suis certain, comme beaucoup d’autres dans le pays, que la fin immédiate du procès contribuera grandement à apaiser les tensions et à promouvoir la réconciliation générale dont notre pays a tant besoin. »

a ajouté Benjamin Nétanyahou.  

Le 30 novembre, les services du président israélien Isaac Herzog ont confirmé avoir reçu une “demande de grâce exceptionnelle” de la part de Benyamin Netanyahou. Selon le communiqué officiel, le président examinera la requête “avec responsabilité et sérieux”.

Trump vole au secours de Netanyahou

Donald Trump est intervenu début novembre en écrivant directement au président Herzog pour plaider en faveur d’une grâce immédiate. L’ancien président américain, qui n’a jamais caché son amitié politique avec Netanyahou, parle d’une procédure “impossible à satisfaire” tant elle exigerait, selon lui, un rythme insoutenable de comparutions.

Ce soutien extérieur illustre une convergence d’intérêts : les dirigeants mis en cause cherchent mutuellement à légitimer leurs batailles judiciaires. La solidarité des puissants, version diplomatique.

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Il y a quelques mois, Herzog lui-même avait laissé entendre que la grâce n’était pas exclue. Le terrain était donc préparé.Petits arrangements entre amis. Quelle honte pour la justice.

Quand un dirigeant peut espérer effacer ses délits par décret présidentiel, soutenu par des partenaires qui célèbrent l’impunité comme une force, c’est un signal clair : les garde-fous institutionnels sont en train de céder. La grâce, si elle était accordée, ne serait pas un acte de clémence, mais un aveu de capitulation de l’État de droit face au cynisme politique.


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