Méditation sur la loi de 73, la dette et la patrie, par Thibaud de Varenne
Peut-on être conservateur et remettre en cause la loi de 73 ?

Méditation sur la loi de 73, la dette et la patrie, par Thibaud de Varenne


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Le Courrier renforce sa rédaction, avec Thibaud de Varenne, pseudonyme d'un haut fonctionnaire catholique conservateur qui, pour des raisons évidentes, ne souhaite pas révéler sa vraie identité.

Il est des maux qui ne sont pas de notre temps, mais le fruit d'une lente décomposition des âmes et des institutions. La dette publique, ce linceul qui s'étend sur la patrie, n'est pas une calamité fortuite, mais le reflet de nos passions modernes, de notre soif de jouissances éphémères et de notre oubli du passé.

Le chant du cygne de la sagesse antique

Au moment où j'écris ces lignes, l'État, ce vaisseau naguère si fier, porte sur ses flancs le poids colossal de 3 345,8 milliards d'euros, cette somme effrayante qui représente 114 % de la richesse de la nation. Le peuple, dans sa sagesse instinctive, sent l'imminence du naufrage, et 82 % des Français jugent, à juste titre, qu'il est urgent de réduire ce fardeau. C'est dans ce tumulte que resurgit le fantôme d'une loi ancienne, celle de l'an de grâce 1973, désignée à tort comme la mère de toutes nos misères.

Le vrai débat ne se situe pas dans le mode de financement, mais dans le principe même de l'endettement. La source de nos maux n'est pas la loi de 1973, mais le laxisme des comptes publics et le déséquilibre structurel entre nos dépenses et nos recettes.

Thibaut de Varenne

Le conservatisme, qui vénère la prudence, la stabilité et la pérennité, peut-il, sans se renier, appeler de ses vœux le financement illimité de l'État par la création monétaire ? La question est un abîme. Il s'agit de savoir si l'amour de la souveraineté nationale peut justifier de sacrifier d'autres vertus tout aussi chères, à savoir la discipline, la responsabilité et la probité, sur l'autel de l'illusion.

Le sophisme de la loi de 1973 : un fantasme qui égare les âmes

La foule, dans sa hâte, cherche toujours un coupable et érige des mythes pour s'expliquer ses propres faiblesses. Ainsi, l'on a fait de la loi du 3 janvier 1973 sur la Banque de France l'épicentre du mal, le pacte funeste qui aurait asservi l'État aux puissances de l'argent. L'on prétend que cette loi nous aurait contraints à emprunter sur les marchés, à payer des intérêts à de cupides banquiers. C'est là un grave contresens historique, un conte que l'on se raconte pour ne point affronter la réalité.

La vérité est plus âpre et moins romanesque. La loi de 1973 ne fut point un acte de servage, mais une simple refonte technique et encadrée des relations entre le Trésor et la Banque de France. L'on cherchait alors, en ces temps d'inflation galopante, à donner à la Banque plus de latitude pour juguler la hausse des prix. L'interdiction formelle des avances au Trésor ne vint que bien plus tard, en l'an 1993, par la main de la loi qui donna à la Banque de France son indépendance. Ce fut cette même interdiction qui, par la suite, fut scellée dans le marbre des traités européens.

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