Macron est-il déjà trop usé par le pouvoir?

Macron est-il déjà trop usé par le pouvoir?


Partager cet article

Au-delà des clivages politiques, l’usure extrême d’Emmanuel Macron devient une question qui se pose même pour son entourage ou pour les journalistes les plus zélés. À force d’être un hyper-président, Emmanuel Macron a-t-il encore le temps et l’énergie pour penser?

Peu à peu, Emmanuel Macron se retrouve seul à exercer le pouvoir. Autant au sein de son cabinet qu’au sein du gouvernement, les gens partent. La presse a même rappelé qu’Emmanuel Macron avait battu le record du nombre de ministres en partance au bout de quelques mois de pouvoir. Si l’on ajoute à cette solitude réelle la solitude moins visible d’un homme brillant mais mal entouré par des personnalités fragiles ou incertaines comme Christophe Castaner, accolé à un parti qui fait amateur, Emmanuel Macron paraît promis à une tâche titanesque.

Macron, l’homme qui gouvernait seul

Dans la pratique, tout indique qu’Emmanuel Macron s’est enfermé dans une spirale infernale. Il gouverne seul, consulte seul, décide seul. Il centralise les dossiers et les réflexions. Son pari est immense, pour ainsi dire grandiose. Mais il ne lui laisse pas de répit. Il doit gérer le Brexit, les problèmes africains, la crise des Gilets Jaunes. Tout cela en même temps est quoiqu’il arrive trop immense pour un homme seul.

D’où l’importance d’être bien entouré et épaulé. C’est ce qui pêche dans la macronie. Le Président ne peut se reposer sur personne, et il se murmure qu’il reproche beaucoup à son cabinet de n’avoir pas vu, pour lui, la montée des Gilets Jaunes lors de sa stratosphérique itinérance mémorielle. Autour de lui il n’y a ni regard ni écoute ni flair.

La verticalité poussée à l’extrême

D’où ce sentiment d’une verticalité extrême qu’il cultive jusqu’à plus soif. Le Grand Débat lui a donné l’occasion de le montrer. Seul face à des parterres d’élus, d’inconnus de tous horizons, d’étudiants, d’agriculteurs, Macron aime montrer qu’il possède ses dossiers mieux que ses ministres, qu’il est une sorte d’enfant surdoué de la politique. Il récite ses fiches, donne son point de vue sur tout, et surtout sur les moindres détails?

C’est probablement ce qui pose problème dans sa conception du pouvoir. Macron se perd dans les détails de tout, et n’a plus le temps de la hauteur, du point de vue général sur les choses. À la limite, il pourrait donner son opinion sur le destin de n’importe quel rond-point en France, mais il résume le mouvement des Gilets Jaunes à une ligue de voyous. Il comprend les problèmes un à un, nous n’en doutons pas, de façon quasi-clinique ou analytique. Mais il n’a plus le recul nécessaire pour en saisir la globalité.

À force de dominer verticalement, rationnellement, chaque sujet, il n’en perçoit plus le sens collectif. D’où ce sentiment d’une rupture de sens, de déconnexion.

Macron a-t-il des idées pour sortir de la crise?

Quatre mois après le début de la crise des Gilets Jaunes, Macron semble en panne d’idée. À part l’invective, on peine à percevoir son intelligence du pays. Pourtant, le Grand Débat lui a permis de dégager des lignes de force. Le peuple français, s’est, d’une façon ou d’une autre, exprimé. Mais Emmanuel Macron est-il encore en position de l’entendre? A-t-il suffisamment de lucidité, d’énergie positive, pour accéder à la demande de ses concitoyens?

Ici, on a un doute. Au stade où nous sommes, Emmanuel Macron devrait avoir pris le temps de la réflexion, avoir élaboré une stratégie de sortie de crise. Être prêt à proposer des idées nouvelles, à surprendre. Mais rien de tout cela ne transparaît. Les ministres continuent à lancer des ballons d’essai, comme sur la redevance, et le Président continue à gagner du temps.

Même le remaniement, qui devrait l’occasion de relancer sa politique et sa campagne, semble perdu dans les sables, comme frappé d’une étrange passivité. En réalité, tout laisse à penser qu’Emmanuel Macron est trop desséché par le pouvoir et qu’il n’a plus la disponibilité d’esprit pour réagir avec lucidité et anticipation.

Il s’est perdu, comme on dit, dans les méandres du pouvoir.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Recours judiciaires contre les autorités pour les dommages des vaccins COVID : focus sur les Pays-Bas et panorama Europe
Photo by Mathurin NAPOLY / matnapo / Unsplash

Recours judiciaires contre les autorités pour les dommages des vaccins COVID : focus sur les Pays-Bas et panorama Europe

Dans un contexte où la pandémie de COVID-19 continue de susciter des débats passionnés sur la sécurité des vaccins ARNm, une affaire judiciaire aux Pays-Bas fait couler beaucoup d'encre. Depuis juillet 2023, sept citoyens néerlandais, se présentant comme victimes de dommages graves (physiques et mentaux) suite à leur vaccination, ont intenté une action civile devant le tribunal de district de Leeuwarden contre 17 entités et personnalités influentes. Parmi les accusés : Bill GATES (via sa fondat


Isabelle Hock

Isabelle Hock

Citoyens ! le train de la censure macroniste entre en gare !

Citoyens ! le train de la censure macroniste entre en gare !

La macronie ne rate jamais une occasion de se draper dans les grands principes pour mieux les piétiner. La dernière trouvaille sortie du chapeau de la technostructure, en marge du Forum de Paris sur la Paix ce 29 octobre 2025, s'intitule pompeusement : "Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information". Un titre qui fleure bon la démocratie, le pluralisme et la lutte contre les méchants désinformateurs. Pourtant, quiconque connaît le principe élémentaire de


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Permis européen : comment Bruxelles prépare le flicage des automobilistes

Permis européen : comment Bruxelles prépare le flicage des automobilistes

Sous prétexte de l'objectif “zéro mort sur les routes d’ici 2050”, le Parlement européen a adopté sa réforme du permis de conduire. Sous prétexte de sécurité routière, Bruxelles instaure un contrôle médical périodique et un permis numérique, un modèle de contrôle numérique permanent des conducteurs européens. Le 21 octobre 2025, l'Europe a déclaré la guerre aux automobilistes. Sous la bannière trompeuse du « zéro mort » pour 2050, Bruxelles déploie son arsenal réglementaire. La fin du permis de


Rédaction

Rédaction

Une nouvelle course à l'armement ? par Elise Rochefort

Une nouvelle course à l'armement ? par Elise Rochefort

L'analyse du paysage géostratégique mondial, en cette fin d'année 2025, révèle une intensification marquée de la compétition militaire entre les grandes puissances. Cette dynamique, caractérisée par une hausse record des dépenses d'armement, une modernisation accélérée des arsenaux, notamment nucléaires, et l'érosion rapide des cadres de régulation, confirme l'entrée dans une nouvelle ère de confrontation. Voici une analyse détaillée de cette nouvelle course à l'armement. 1. Dans quelle m


Rédaction

Rédaction