Lufthansa va supprimer 4000 postes pour les remplacer par l’IA
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Lufthansa va supprimer 4000 postes pour les remplacer par l’IA


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L’IA promet efficacité et modernisation, mais chez Lufthansa, elle rime avec suppression de 4 000 emplois qualifiés. Une situation inquiétante pour l’avenir du travail.

Lufthansa, la plus grande compagnie aérienne en Allemagne, compte supprimer plusieurs emplois d’ici à 2030 en raison du développement de la technologie de l’intelligence artificielle (IA). Cette décision vise à optimiser la rentabilité et à moderniser le fonctionnement de l’entreprise.

Environ 4.000 postes bientôt supprimés

L'intelligence artificielle (IA) est souvent présentée comme un moteur de croissance et d'innovation. Pourtant, de l'autre côté du miroir, l'IA fait des ravages dans de nombreux secteurs. Elle favorise la perte de plusieurs emplois

Dans le secteur aérien, un acteur majeur dont Lufthansa a justement décidé d’inclure dans sa stratégie de développement et de modernisation le recours à l’IA et à la numérisation. La compagnie aérienne vise à supprimer 4.000 postes d’ici à 2030.

La direction de Lufthansa tient à rassurer : pilotes, personnel navigant et techniciens au sol ne sont pas concernés. Les coupes visent avant tout les fonctions administratives, services informatiques et back-office. Mais ce discours masque une réalité : ce sont des métiers qualifiés, nécessitant des années d’expérience, qui disparaissent au nom de la productivité.

L’argument avancé – « rationaliser les processus et supprimer les doublons » – traduit surtout une vision gestionnaire court-termiste : réduire les coûts fixes en sacrifiant l’humain. Les « concertations sociales » promises ressemblent davantage à un vernis de communication qu’à un réel dialogue avec les employés.

L'IA, le fossoyeur des emplois qualifiés

Chez Lufthansa , l'IA est déployée de manière stratégique et transversale, soulignant son potentiel disruptif sur l'ensemble de la chaîne de valeur :

  • Maintenance prédictive : l'IA est utilisée pour analyser les carnets de bord des avions, détectant plus rapidement les pannes récurrentes et optimisant ainsi les besoins en main-d'œuvre de maintenance.
  • Logistique et Fret : dans le secteur du fret, l'automatisation s'étend des réservations (un système lit des e-mails pour générer des confirmations automatiques) à la logistique des pièces détachées.
  • Stratégie Commerciale :l'IA est employée pour une tarification dynamique et personnalisée des services annexes (bagages, surclassements). Cette "technique controversée" maximise les revenus en fonction de la propension à payer du voyageur, illustrant un usage de l'IA orienté vers le profit maximal, parfois au détriment de la transparence.
  • Relation Client : l'intégration de conseillers et assistants virtuels pour la recherche et la réservation réduit le besoin en personnel humain pour le service client.

Le cas Lufthansa n’est pas isolé. De nombreuses compagnies aériennes expérimentent déjà l’automatisation, de la maintenance prédictive à la tarification dynamique. L’argument de « compétitivité » face à des marges fragiles sert de justification à une politique de réduction des coûts à grande échelle.

Mais cette course à l’automatisation pose deux questions essentielles :

  1. Jusqu’où ira la substitution homme-machine ? Même les métiers qualifiés ne sont plus protégés.
  2. Qui bénéficie réellement de ces gains ? Les actionnaires récoltent l’essentiel des fruits, pendant que les salariés paient le prix fort.


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