L’immobilier à la rescousse du patrimoine des Français, par Florent Machabert

L’immobilier à la rescousse du patrimoine des Français, par Florent Machabert


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Après la large victoire en Italie dimanche dernier d'une coalition menée par Fratelli d’Italia, un parti patriote à en juger par les discours de son leader, « la Meloni », la cause souverainiste semble progresser sur le continent, à mesure que s’amplifie le rejet du projet européen et de son agenda. Giorgia Meloni, Romaine de 45 ans, en politique depuis déjà plus de 30 ans (l’assassinat des juges Falcone et Borsellino en Sicile la marquera à jamais), devrait donc prochainement prendre les rênes de la Péninsule. On s’étonnera d’ailleurs de ne pas avoir entendu les féministes se réjouir de sa victoire... Après la Pologne et la Hongrie, mais aussi la Suède qui, au terme d’un scrutin serré mi-septembre dernier, a vu un bloc constitué des partis de droite et d'extrême-droite l’emporter sur les sociaux-démocrates, il semble bien qu’un vent nouveau souffle sur l’Union Européenne, causant bien des bouffées de chaleur à Ursula Von Der Leyen (UVDL).

Mais ce qui change ici, c’est que, depuis Alcide de Gasperi, cette bascule potentielle vers le souverainisme a lieu au sein d’un pays fondateur de ce qui n’était alors, dans le Traité de Rome justement, signé le 25 mars 1957, « que » la Communauté économique européenne (CEE). Que d’outrance néanmoins dans les médias de grand chemin qui vont jusqu’à dire que G Meloni va prendre la tête du gouvernement le plus à droite depuis… Benito Mussolini !

Si d’aventure les législatives brésiliennes, ce dimanche 2 octobre, et les Midterms aux USA, début novembre, consacraient à leur tour le camp conservateur, nous pourrions réellement parler d’une lame de fond contre le mondialisme d’une caste occidentale qui semble chaque jour perdre un peu plus le contrôle des évènements.

Le chiffre de la semaine

128 000 € de patrimoine médian en France

D’après une récente étude de Crédit Suisse, le patrimoine médian en France s’élève à 128 000 € contre 82 500 € aux Etats-Unis et moins de 55 000 € en Allemagne. Si vous êtes fâché avec les statistiques, sachez que cela signifie que concrètement la moitié des Français possède un patrimoine (net de dettes) supérieur à cette somme et, par déduction, l’autre moitié, un patrimoine inférieur. Si on prend le patrimoine moyen en revanche (le patrimoine total divisé par le nombre d’adultes), la somme est bien plus importante, puisqu’elle dépasse, en 2021, les 285 000 €. Cette différence s’explique notamment par le poids des très grandes fortunes qui tirent considérablement la moyenne vers le haut ; laquelle n’a donc pas beaucoup de sens, même si elle en a davantage en France, pays égalitariste où sévit un impôt sur le revenu progressif, que dans les pays comme les USA où l’indice de Gini (qui mesure les inégalités) est plus élevé.

Mais de quoi est composé ce patrimoine des Français ? A la différence de certains de nos voisins (comme les Britanniques ou les Suisses), c’est la valeur des actifs non financiers (principalement l’immobilier donc) qui représente la majeure partie de notre patrimoine : ils représentent 60% de nos biens contre 40% d’actifs financiers. Si la part de ces derniers a tendance à augmenter, ils restent bien en-dessous de leur niveau de 2000 où ils représentaient 46,2% de la richesse brute des Français. Mais, entre-temps, la bulle immobilière, en cours de dégonflement dans les grandes villes, comme nous l’expliquons dans le numéro 22 de notre mensuel Finance & Tic, est passée par là et en a réduit le poids.

La déclaration de la semaine

« Nous avons besoin d’une augmentation du chômage pour lutter contre l’inflation. » Jérôme Powell, président de la FED

Passons sur les pitoyables menaces d’UVDL vis-à-vis du peuple italien qui pourrait « mal voter » et à qui elle prévoit d’asséner (mais qui est-elle au juste, à part une ancienne ministre de la Défense de la République allemande où elle a laissé, semble-t-il, plus que des casseroles ?) les mêmes rétorsions sonnantes et trébuchantes qu’à Budapest ou Varsovie. Je leur ai préféré cette semaine le tranchant assumé des mots de Jérôme Powell, patron de la FED, la Banque centrale américaine, qui a déclaré, dans l’indifférence générale qui semble désormais caractériser nos sociétés occidentales, que provoquer la récession, et donc le chômage, était désormais la clef pour casser la spirale inflationniste que les banquiers centraux – et ce n’est pourtant pas faute de le leur avoir dit – n’ont pas vu arriver.

J Powell a en effet estimé qu’il faudrait une « croissance ralentie » pour ramener l’inflation au niveau d’avant-crise. Qu’il ne s’inquiète guère, les USA sont déjà en récession ! Résultat ? Les taux sont partis pour grimper, sauf qu’avec 30 000 Mds $ de dette publique (10 fois la dette française), un point de hausse du taux directeur coûte au Trésor US la bagatelle de 300 Mds $… Après la nouvelle hausse de 75 points de base annoncée ce mercredi, plusieurs relèvements sont encore prévus, jusqu’à ce que la stagflation force la FED à faire machine arrière, jeu dans lequel elle excelle tout-à-fait depuis 2007.

L’actif de la semaine

Du passif à votre actif : une bonne idée ?

Depuis cet été, de nombreux dossiers de crédit immobilier sont refusés à cause du taux maximal auquel les banques peuvent prêter. Bonne nouvelle, ce « taux d’usure » est mis à jour en France aujourd’hui 1er octobre.

Les courtiers en crédit immobilier se sont en effet mobilisés pour faire pression sur la Banque de France. L’Union des intermédiaires de crédit (l’un des principaux syndicats de la profession) a appelé à manifester pour convaincre la Banque de France de relever suffisamment le taux d’usure pour permettre le déblocage de nombreuses demandes de crédit en attente. La décision vient de tomber : le taux d’usure remonte à 3,05% sur 20 ans.

La semaine dernière pourtant, les courtiers étaient assez sceptiques quant à l’issue de leur mobilisation, d’autant que la Banque de France avait souligné qu’elle ne changerait pas sa formule de calcul, bien qu’elle conduise à ce que le taux maximal auquel les banques commerciales ont l’autorisation légale de prêter remonte moins vite que les taux de marché, empêchant de nombreux ménages français d’accéder au crédit. Peut-être que le repos forcé de Villeroy de Galhau, Président de la Banque de France et ex-patron arsouille de Cetelem, agressé au couteau fin août en Suisse, y est pour quelque chose.

Retrouvez nos dossiers bimensuels de sécession patrimoniale dans la boutique : le N°1 consacré aux différentes classes d’actifs pour traverser la stagflation ; le N°2 sur l’or-investissement ; le N°3 sur les métaux blancs ; le N°4 sur les matières premières ; le N°5 sur l’art-investissement ; le N°6 sur l’investissement dans les PME-PMI.

Le N°7, à paraître le 9/10, portera sur l’achat de devises étrangères pour se prémunir contre la chute de l’euro.    


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