L'illusion de la transparence : ce que Trump refuse (encore) de nous montrer sur Epstein, par Elise Rochefort

L'illusion de la transparence : ce que Trump refuse (encore) de nous montrer sur Epstein, par Elise Rochefort


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Trump nous avait promis le "Grand Déballage". Avec la promulgation de l'Epstein Files Transparency Act en novembre dernier, la rhétorique officielle était celle d'une ouverture totale des vannes. Le Congrès avait parlé, le Président Trump avait signé, et le Département de la Justice (DOJ) avait jusqu'au 19 décembre pour livrer au public "tous" les documents.

Nous sommes fin décembre, et si le volume de fichiers déversés sur le portail du DOJ donne le vertige, une analyse minutieuse révèle que l'opération tient davantage de la "transparence en trompe-l'œil" que de la vérité nue. Au-delà du bruit médiatique autour de quelques noms déjà connus, trois trous noirs majeurs subsistent, transformant cette divulgation en un exercice de frustration contrôlée. Plongée dans l'anatomie de ce qui manque.

Le mur noir : les "500 Pages" du Grand Jury

La première désillusion est visuelle. Parmi les milliers de documents mis en ligne, les analystes – notamment ceux de CBS News – ont identifié un bloc monolithique de plus de 500 pages entièrement recouverts d'encre numérique noire.

Il ne s'agit pas de quelques lignes caviardées pour protéger l'identité d'une victime mineure. Il s'agit de documents entiers, rendus muets. Le plus emblématique est un fichier de 119 pages intitulé "Grand Jury-NY", intégralement censuré.

Comment Trump va ouvertement caviarder le dossier Epstein? par Elise Rochefort
La scène, hier à la Maison Blanche, avait tout d’une victoire éclatante pour la vérité. En apposant sa signature au bas du Epstein Files Transparency Act (H.R. 4405), Donald Trump a semblé céder à la pression populaire et à une alliance parlementaire inédite. La promesse? La publication, sous 30

Pourquoi est-ce crucial? Parce que ces pages contiennent vraisemblablement les transcriptions des délibérations qui ont mené aux inculpations (ou aux non-inculpations) des complices. Aux États-Unis, la "Règle 6(e)" protège le secret du Grand Jury, mais la loi sur la transparence Epstein avait pour but explicite de percer ce secret lorsque l'intérêt public l'exigeait. En maintenant ce blocage, le DOJ protège moins des victimes que le fonctionnement interne d'une justice qui a failli. Ces 500 pages noires sont le coffre-fort où dorment les noms des "co-conspirateurs non inculpés" que le Sénat réclame.

Newly released Epstein files include references to Donald Trump
Files also include details about Epstein’s relationship with Larry Summers and apparently fake letter to Larry Nassar

La valse des "16 fichiers" : incompétence ou panique?

Le deuxième point d'ombre concerne un incident survenu le 20 décembre, au lendemain de la date butoir. Alors que les chercheurs et journalistes du monde entier téléchargeaient les archives, au moins 16 fichiers ont soudainement disparu du site justice.gov, renvoyant des erreurs 404.

Affaire Epstein : le spectre d’un nouveau Watergate rode, par Thibault de Varenne
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Parmi ces fichiers fantômes, le plus commenté fut le "File 468". Ce fichier contenait une image composite montrant l'intérieur d'un tiroir chez Epstein. Au milieu de photos en vrac, l'une d'elles montrait clairement Donald Trump, Melania Trump, Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell posant ensemble.

Le fichier a été retiré, puis restauré après une levée de boucliers et des accusations de "cover-up" venues du Congrès. L'explication officielle ("une abondance de précaution pour révision") peine à convaincre. La disparition temporaire de ces fichiers – qui incluaient aussi des photos de tableaux de nus et de mobilier – trahit une fébrilité au sommet de l'État. On ne "perd" pas 16 fichiers sensibles par hasard le jour d'une divulgation historique. Cet épisode suggère qu'une main humaine continue de filtrer le flux en temps réel, ajustant le curseur de la vérité selon des critères politiques obscurs.

Un rapport inédit du courrier des stratèges
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Le Courrier des Stratèges brise l'omerta sur ce que beaucoup considèrent comme l'une des plus grandes opérations de kompromat (chantage par le dossier) du siècle.

Pourquoi Jeffrey Epstein, "actif stratégique" protégé par une impunité quasi-magique, recevait-il l'élite mondiale dans des résidences truffées de caméras espionnes? Entre l'ombre de Robert Maxwell, le détournement du logiciel PROMIS et les réseaux de renseignement, nous avons réuni les faits pour vous offrir une grille de lecture sans concession.

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L'abysse numérique : le contenant sans le contenu

C'est ici que réside le véritable scandale, celui qui devrait obséder tout enquêteur sérieux. On nous montre des photos de preuves, mais on nous refuse la preuve elle-même.

Les inventaires de saisie du FBI, désormais publics, sont glaçants de précision. Ils listent :

  • Un serveur HP (S/N: MXQ3220187) équipé de quatre disques durs de 500 Go.
  • Un serveur vidéo "Unifi" (S/N: 1829FB4FBE426EA90), spécifiquement conçu pour l'enregistrement de surveillance.
  • Des tours informatiques et des disques durs externes multiples.

Or, qu'avons-nous reçu? Des photos extérieures de ces serveurs. Des clichés de câbles et de boîtiers poussiéreux. Mais où sont les données?

Où sont les 2 Téraoctets de données brutes du serveur HP? Où sont les fichiers vidéo du serveur Unifi? Les témoignages de victimes comme Maria Farmer décrivent une "Media Room" où Epstein surveillait ses invités via des caméras cachées. Ce matériel existe. Il a été saisi. Il est listé.

Si la loi exige la publication de "tous les documents et enregistrements", l'absence totale des fichiers natifs de ces disques durs constitue une violation flagrante de l'esprit du texte. Nous sommes face à un abysse numérique : nous savons que la machine à kompromat (chantage) existait, nous avons la photo de la machine, mais l'État garde jalousement ce qu'elle a produit.

En résumé :

Tant que les 500 pages du Grand Jury resteront noires, tant que la disparition des 16 fichiers ne sera pas auditée, et surtout, tant que le contenu brut des serveurs de surveillance restera dans les scellés du FBI, parler de "transparence" est un mensonge. L'affaire Epstein n'est pas close ; elle a simplement changé de gardien.


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