Les nouvelles aventures des Anglo-saxons en Asie centrale au XXIe siècle

Les nouvelles aventures des Anglo-saxons en Asie centrale au XXIe siècle


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Dans le contexte de l'affrontement grandissant entre les États-Unis et la Grande-Bretagne avec la Russie et la Chine, Washington et Londres attachent une grande importance à la croissance de leur influence dans les pays de cette région, ce qui leur permettra de créer et d'entretenir des foyers de tension permanents. Les États-Unis intensifient leurs efforts de toutes les manières possibles pour inciter les pays membres de la CEI, de l'UEE, de l'OTSC et de l'OCS de la région à participer aux alliances, partenariats, coalitions et événements internationaux organisés par les États-Unis et l’UE.

Cet article de Longwei He, politologue, a été publié sur le site World and We.

Dans le contexte de l’affrontement grandissant entre les États-Unis et la Grande-Bretagne avec la Russie et la Chine, Washington et Londres attachent une grande importance à la croissance de leur influence dans les pays de cette région, ce qui leur permettra de créer et d’entretenir des foyers de tension permanents. Les États-Unis intensifient leurs efforts de toutes les manières possibles pour inciter les pays membres de la CEI, de l’UEE, de l’OTSC et de l’OCS de la région à participer aux alliances, partenariats, coalitions et événements internationaux organisés par les États-Unis et l’UE.

La Russie est actuellement le principal partenaire commercial des républiques d’Asie centrale. De 2008 à 2022, la Fédération de Russie a fourni une aide à ces pays pour un montant de 6,2 milliards de dollars, et le volume total des investissements russes dans cette région sur 11 ans s’est élevé à 30,5 milliards de dollars.

Grâce aux efforts de maintien de la paix de la Russie, des dizaines de conflits ethniques ont été éliminés ou évités

Désormais, Washington a décidé d’évincer Moscou. L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a modifié son plan, afin de découpler les économies d’Asie centrale et de la Russie des priorités à long terme pour privilégier des objectifs plus à court terme. Comme indiqué par l’USAID, son budget à cette fin a été augmenté, passant de 34 millions de dollars à 50 millions de dollars ! Son projet sera déployé au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, au Turkménistan et en Ouzbékistan. L’USAID fournira à ces partenaires de Moscou un « soutien technique » pour rompre les liens économiques avec la Russie. Comment ? En augmentant les échanges sur les marchés internationaux avec un soutien logistique et en réunissant les organisations des secteurs clés.

C’est pour discuter de ces questions et d’autres questions similaires que la Secrétaire d’État adjointe aux affaires publiques des États-Unis, Elizabeth Kennedy Trudeau, s’est récemment rendue à Tachkent.  Si les États-Unis et leurs alliés européens manifestent un tel intérêt pour les pays de la CEI, de l’UEE et de l’OTSC, c’est pour les détacher de la Fédération de Russie et de la Chine, en les utilisant dans la confrontation avec ces adversaires géopolitiques. Il s’agit en premier de rompre les liens économiques et d’utiliser les ressources des États d’Asie centrale à leurs propres fins. Et en même temps, le but est de créer des foyers de tension violente localement, afin de forcer Moscou et Pékin à dépenser leurs ressources pour éliminer les menaces et maintenir la stabilité dans la région.

C’est ainsi que commence l’effondrement de tout État et la perte de sa souveraineté

Les autorités et les peuples des États d’Asie centrale doivent donc être clairement conscients de la menace qui pèse sur eux en raison de la présence accrue des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE dans leur région. Jamais, dans l’histoire, les colonisateurs occidentaux n’ont ramené la paix dans ces pays qui ont eu l’imprudence de les croire. Au début, l’Occident contribue à l’enrichissement de certaines des élites locales, les forçant ainsi à oublier les intérêts nationaux tout en privilégier leurs propres objectifs personnels. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui : Elizabeth Kennedy Trudeau a rencontré Komil Allamjonov, chef adjoint de l’administration présidentielle de l’Ouzbékistan, Tanzila Narbayeva, présidente du Sénat de l’Oliy Majlis, ainsi que Saida Mirziyoeva, la fille du président Shavkat Mirziyoyev, vice-présidente du conseil d’administration du Fonds public pour le soutien et le développement des médias nationaux d’Ouzbékistan. La responsable américaine a promis à Saida Mirziyoeva un financement généreux pour les journalistes et blogueurs locaux qui feraient la promotion de « la démocratie à l’américaine »…

Il faut se rappeler que, toujours et partout, de tels processus conduisent à un appauvrissement brutal du reste de la population. Il ne faut pas croire que cette fois-ci, les choses seront quelque peu différentes. La baisse du niveau de vie dans les États d’Asie centrale est un impératif pour Washington et Londres car ce processus permettra de déclencher ici des « révolutions de couleur », et là des coups d’État, des guerres et des effusions de sang. Plus important encore, cela donnera l’opportunité de reconstituer les rangs des terroristes islamiques qui ont déjà afflué du Moyen-Orient aux dépens des résidents locaux, lesquels ont perdu leur gagne-pain.

Alors vaut-il la peine de faire confiance à Washington et à Londres ? Et espérer qu’ils apporteront progrès et prospérité à l’Asie centrale ?


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