Les meilleures erreurs de communication gouvernementale de l’été

Les meilleures erreurs de communication gouvernementale de l’été


Partager cet article

L'été a été riche en erreurs de communication commises soit par le Président de la République, soit par le Premier Ministre ou l'un de ses ministres, soit par des élus de la majorité. Pour ceux qui étaient occupés sur les plages et n'ont pu tout suivre, voici un résumé des moments les plus chauds d'une actualité qui devrait revenir en boomerang à l'automne.

Impossible de commencer ce rappel sans mentionner, fin juillet, la prouesse de la majorité En Marche qui, à l’Assemblée, le même jour, recevait Greta Thunberg pour parler écologie et ratifiait le CETA, traité de libre-échange avec le Canada qui devrait éprouver durement notre filière agricole.

L’affaire Steve Maïa Caniço

Le 30 juillet, le Premier Ministre s’est précipité, flanqué de Christophe Castaner, pour communiquer sur un rapport de l’IGPN n’établissant pas de lien entre la disparition du jeune Nantais Steve, un soir de concert, dans la Loire, et l’intervention brutale de la police. L’IGPN considère par ailleurs que l’usage de la force n’était pas disproportionné.

Ces conclusions ont soulevé une tempête de protestations et ont donné le sentiment que le gouvernement mettait l’administration à son service pour se blanchir. Fait rarissime, la cheffe de l’IGPN a donné des interviews à la presse pour légitimer son service et contrebalancer la communication gouvernementale. Cette prise de parole inédite illustre la profondeur du malaise qui frappe le ministère de l’Intérieur dans cette période troublée.

Dans le même temps, Christophe Castaner avait reçu, semble-t-il, consigne de se taire. Ce silence a nourri le ressenti d’un pouvoir indifférent aux réalités, ce qui est incompréhensible si l’on sait que le corps de Steve a été retrouvé dans un bras de Loire différent de celui où il est tombé et en amont du lieu où avait le concert. On lira sur le site Breizh Info tous les détails de ces circonstances. Le gouvernement était plutôt en position de force pour appuyer sa version des faits.

L’erreur de communication gouvernementale a provoqué de nombreuses manifestations dans le pays, dont un défilé violent à Nantes.

Face à la fronde anti-CETA, l’incompréhension

Après la désastreuse ratification du CETA par la majorité, les représailles en tous genres (agriculteurs et probablement Gilets Jaunes) n’ont pas tardé. De nombreuses permanences de députés ont été vandalisées. Face à ce mouvement de colère, les députés de la majorité n’ont guère trouvé le souffle suffisant pour apaiser la tension. Une tribune de parlementaires a même dénoncé ces violences sans manifestement exprimer de véritable compréhension pour l’hostilité au traité.

On ne pouvait trouver de meilleure façon de figer le sentiment d’anti-parlementarisme qui grandit dans l’opinion.

Le maladroit hommage de Muriel Pénicaud à Toni Morrison

La ministre du travail a voulu honorer l’écrivaine américaine Toni Morrison, morte le 6 août, par un tweet qu’une polémique enflammée l’a contrainte à retirer. La ministre a en effet écrit:

« Hommage à une très grande dame […] Grâce à elle, les Noirs ont enfin pu entrer par la grande porte dans la littérature »

Les Noirs sont-ils entrés par la grande porte dans la littérature avec Toni Morrison? L’accusation de racisme n’a pas tardé, et la ministre a dû corriger son tweet quelques heures après l’avoir posté.

Affaire Epstein : l’étrange raideur de Nicole Belloubet

L’affaire Epstein défraie la chronique aux États-Unis. Le suicide troublant de ce prévenu ami du gotha mondial et au coeur de ce qui semble être un immense réseau pédophile alimente de nombreux fantasmes. L’enquête en cours sur ses agissements semble mettre en cause de nombreuses personnalités européennes, mais la justice française ne semble guère s’intéresser à l’affaire.

Les ministres Schiappa et Taquet ont demandé par voie de presse l’ouverture d’une enquête judiciaire. Cette démarche a suscité une étrange réaction de la garde des Sceaux, qui a indiqué que la séparation des pouvoirs s’y opposait. Il n’en fallait pas plus pour donner le sentiment que le gouvernement protégeait des secrets inavouables mettant en cause des personnalités influentes.

Le retour de l’alcool dans les stades? les députés LREM sont pour

Début août, la presse s’est faite écho d’un projet de loi porté par 105 députés LREM, favorable au retour (encadré) de l’alcool dans les stades. Ce projet, porté en mars par des députés LR, sentait trop l’influence des lobbies pour passer inaperçue.

Les esprits chagrins ont déploré que l’interdiction de l’alcool s’arrête aux loges VIP, où le Champagne coule à flots. En attendant, l’affaire fait mauvaise impression et contribue à nourrir encore un peu l’antiparlementarisme grandissant des Français, pour qui l’Assemblée Nationale est un repaire de lobbyistes.

Le ministre du bien-être animal assiste à une corrida

L’une des informations les plus drolatiques est probablement venue d’une photo publiée par la presse régionale, montrant la ministre Jacqueline Gourault, et le ministre Didier Guillaume, en charge de l’agriculture et du bien-être animal, assistant à une corrida. Régulièrement accusé de peu s’intéresser aux questions d’écologie et de protection de la nature, le gouvernement ne pouvait pas mieux illustrer ce soupçon par un cas pratique, directement consécutif à une polémique entourant une publication sur les réseaux sociaux postée par une conseillère du ministre. Cette publication était intitulée: Martine s’en branle de Greta Thunberg ».

Immédiatement après cette photo de corrida, de nombreux lobbies associatifs ont demandé la démission du ministre. Au coeur du week-end du 15 août, cette polémique a tourné en boucle sur les chaînes d’information.

Une rentrée chaude pour le gouvernement

Nous maintenons ici notre pronostic d’une rentrée chaude pour le gouvernement. Le sentiment de mépris élitaire qui a nourri la contestation des Gilets Jaunes n’a pas faibli. Les polémiques de l’été l’ont montré.                                                            Dans notre lettre confidentielle: Open Arms, l'ONG qui sauve des migrants et maltraite ses salariés (sur abonnement révocable à volonté).


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Noël, étrennes : comment, en pratique, donner de l’argent à ses proches ?

Noël, étrennes : comment, en pratique, donner de l’argent à ses proches ?

En cette période de fêtes, la générosité est de mise. Mais attention : entre le chèque glissé sous le sapin et le virement « coup de pouce », la frontière pour le fisc est parfois poreuse. Dès le 1er janvier 2026, les règlesse durcissent en effet avec une obligation de déclaration en ligne. Il est temps de mettre les points sur les "i" pour donner… sans se faire épingler. Pour tout abonnement d’un an au Courrier des Stratèges souscrit entre le vendredi 19 décembre 18h et le lundi 22 décembre 1


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Tech française : le grand enfermement fiscal de 2026, par Vincent Clairmont

Tech française : le grand enfermement fiscal de 2026, par Vincent Clairmont

On nous avait promis la « Start-up Nation », l’eldorado des licornes et le rayonnement de la French Tech. Mais en cette fin d'année 2025, le réveil est brutal pour les fondateurs. Derrière les paillettes des salons Vivatech de jadis, la réalité comptable s'impose : la souricière fiscale française vient de se refermer. Pour l’entrepreneur qui envisageait de prendre le large, la question n’est plus de savoir où partir, mais si l’État lui en laissera véritablement le droit sans le dépouiller au pa


Rédaction

Rédaction

Entrepreneurs, où s’expatrier en 2026 ? par Vincent Clairmont

Entrepreneurs, où s’expatrier en 2026 ? par Vincent Clairmont

En 2026, la France reste un champion incontesté… de la pression fiscale. Avec un taux marginal d’imposition à 45 %, des prélèvements sociaux à 17,2 %, et une complexité administrative qui ferait pâlir un inspecteur des finances, les entrepreneurs tricolores sont de plus en plus tentés par l’expatriation. Mais attention : quitter le navire ne s’improvise pas. Entre les pièges de l’exit tax (voir mon article du jour sur le sujet), les conventions fiscales internationales et la nécessité de "subst


Rédaction

Rédaction

Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Le diagnostic dressé en février 2023 par Martin Wolf, célèbre éditorialiste au Financial Times,dans The Crisis of Democratic Capitalism, est d’une lucidité brutale, mais il se trompe de coupable : oui, le mariage entre capitalisme et démocratie bat de l'aile ; oui, les classes moyennes se sentent trahies par la mondialisation ; mais non, le capitalisme n’est pas intrinsèquement responsable de cette dérive vers l’autoritarisme. Ce qui tue la démocratie libérale aujourd'hui, ce n'est pas l'excès


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT