Les gens bien auraient voté Macron ? le narratif binaire de la caste continue

Les gens bien auraient voté Macron ? le narratif binaire de la caste continue

Selon les bons usages à la Mc Kinsey, il est urgent de fabriquer de toutes pièces un « narratif » politique arrangeant pour disqualifier les millions d’électeurs qui n’ont pas voté pour Emmanuel Macron. La caste ne manque pas de thuriféraires pour produire cette forgerie grâce à laquelle le gouvernement pourra continuer son oeuvre comme si de rien n’était. Le pitch proposé prend forme : les gens bien auraient voté Macron, et les pauvres imbéciles auraient voté Le Pen. Bref, d’un côté les crédibles, et de l’autre, les bêtes humaines. Le monde binaire selon la macronie continue.

#Présidentielle : « Les personnes qui ont un diplôme supérieur au baccalauréat, un salaire qui dépasse 2000 euros, ont voté pour #Macron, les autres pour #LePen »

???? @FredericDabi, directeur général @IfopOpinion #SensPublic pic.twitter.com/kq1ijr9nZi

— Public Sénat (@publicsenat) April 25, 2022

Nous avons souligné hier la contre-performance d’Emmanuel Macron, habilement dissimulée par des medias aux ordres : en réalité, le Président a perdu 2 millions de voix au second tour par rapport à 2017, alors qu’il avait rassemblé un million de voix nouvelles au premier tour. Sa capacité à « rassembler » au-delà de son camp a donc significativement baissé, et le fait que seuls 38,5% des inscrits aient voté pour lui suffit à montrer qu’il dispose (encore plus qu’en 2017) d’une majorité trop faible pour imposer des réformes de structure sans trouble social.

Évidemment, cette lecture factuelle n’est pas très arrangeante pour la caste qui souhaite disposer de véritables marges de manoeuvre pour consolider son emprise sur la société (grâce à quelques réformes scélérates comme la « Grande Sécu » évoquée hier).

Donc, elle fabrique un autre « narratif ».

Macron, le candidat des gens bien

Il suffit d’écouter « l’analyse » binaire, manichéenne, simpliste, de l’un des chiens de garde de la Macronie, Frédéric Dabi, directeur de l’IFOP, pour comprendre l’orientation du narratif qui nous est proposé : en fait, tout ce que ce pays compte de gens bien, respectables, crédibles, a voté Macron. Dans l’électorat de Marine Le Pen, on retrouve les ignares, les incultes, les gagne-petits, les laissés-pour-compte de la mondialisation, les « rien », disait Macron à une époque.

Cette distinction binaire, qui illustre une fois de plus, par son simplisme fruste, l’imposture du macronisme qui se prétend l’incarnation des Lumières alors qu’il est juste un ersatz complaisant d’idéologie post-marxiste, laisse une place à un troisième groupe : les gens qu’il faut ramener dans le troupeau, les abstentionnistes. Ceux-là correspondent aux Gentils du Nouveau Testament : ils n’appartiennent pas à la secte, mais ils sont récupérables.

Les électeurs de Marine Le Pen, eux, sont définitivement perdus pour la science.

Le mépris social pour 5 ans

Cette vision de la fracture française n’a évidemment rien de surprenant. Elle procède de la réaction qui sévit dans la caste depuis le Brexit et l’élection de Trump : le monde selon le macronien moyen se décompose entre les gens intelligents qui aiment la mondialisation par principe (et qui sont forcément les membres de la caste), et une sous-catégorie d’humains qui la contestent.

Par construction théorique, les gens bien aiment la mondialisation, puisque celle-ci (Macron l’a si souvent répété dans ses discours) est le fait des Lumières et de l’élite qui la porte. Dans cette logique booléenne déconcertante, ceux qui s’opposent à la mondialisation sont forcément des obscurantistes, avec le cortège de stéréotypes grotesques que ce mot charrie : des ignorants, des incultes, des cons, des blaireaux. Des bêtes humaines au fond.

Réécoutez attentivement ce que dit Frédéric Dabi : il y a un antagonisme frontal et binaire entre les deux mondes. Conclusion : la victoire de Macron est la victoire des gens bien, qui doivent, par humanisme, par charité chrétienne, par devoir moral, imposer le progrès aux idiots du camp d’en-face.

Vous vous demandiez à quoi sert un institut de sondage ? Vous avez la réponse…

Macron et Mélenchon, même mépris

Il existe un impensé essentiel dans ce manichéisme macronien. C’est la désignation racisée de l’obscurantiste. Pour la trouver, il faut faire une incursion chez Mélenchon, où les langues sont mieux déliées.

Nous reproduisons ici l’analyse mélenchonienne type qui dit tout haut ce que les macronistes disent tout bas :

Le petit peuple blanc, par Houria Bouteldja. pic.twitter.com/R902YacCY6

— Actualité RECONQUÊTE ! (@Reconquete_Actu) April 25, 2022

On comprend ici le grand axe commun qui court de Mélenchon à Macron : ce qui pose problème, dans la France contemporaine, c’est le petit blanc qui refuse la mondialisation, la diversité, la grande famille humaine débarrassée des frontières et des identités (enfin, surtout de la sienne, puisque personne n’envisage de supprimer les autres).

C’est ce petit blanc raciste, homophobe, xénophobe, complotiste, nationaliste, populiste, souverainiste, qu’il faut éradiquer.

L’annonce d’une nouvelle diabolisation

Pas la peine de faire un dessin, ici : le quinquennat qui s’ouvre donnera lieu à une nouvelle diabolisation des Français ordinaire qui seront à nouveau taxés de tous les maux. On avait déjà entendu Macron les déclarer « plus vraiment citoyens » lorsqu’ils refusaient la vaccination.

Nous savons désormais comment l’axe mélenchono-macroniste de la mondialisation haineuse continuera à les traiter dans les années qui viennent : comme des moins que rien !

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