Les fonctionnaires dispensés d’attestation de sortie

Les fonctionnaires dispensés d’attestation de sortie


Partager cet article

L'attestation de sortie donne lieu à des débats extrêmement confus. Mais une décision devrait être confirmée : les fonctionnaires en seront dispensés, comme lors du dernier confinement. La présentation de leur carte professionnelle suffira à les dispenser de toute autre explication dans l'hypothèse où ils seraient contrôlés et dans une situation dérogeant aux obscures règles de circulation édictées par le gouvernement. On n'a pas tout compris de l'attestation compliquée rédigée par Matignon et le ministère de l'Intérieur, mais une chose est sûre : les rédacteurs de ce document ont bien pris soin de s'en exempter. Privilège aristocratique oblige.

L’attestation obligatoire est un roman qui n’en finit plus. Après une première version incompréhensible, le gouvernement a cherché à se rattraper en prenant bien soin de maintenir un acquis du précédent confinement : les fonctionnaires en sont soigneusement dispensés. Histoire de rappeler que le confinement s’applique aux manants du secteur privé, mais pas aux aristocrates du service public.

L’attestation, ou le triomphe de la bureaucratie

Le Figaro a donné quelques détails utiles sur la préparation de l’attestation incompréhensible publiée samedi matin dès potron minet.  Il semblerait que ce soit la cheffe de cabinet de Matignon qui ait la première tenu la plume pour rédiger ce chef-d’oeuvre de la littérature bureaucratique. Mais une impressionnante machine l’a accompagnée, avec le souci de bien faire, c’est-à-dire de ne pas perdre une miette de contrôle et de normalisation des déplacements.

Une fois de plus, nos hauts fonctionnaires ont pensé contrôle des citoyens par la règlementation, et nos satisfactions des citoyens par la liberté.

Les fonctionnaires dispensés d’attestation

Dans leur souci de perfectionnisme, les rédacteurs de cette attestation très vite remise en cause et désormais remplacée par un modèle simplifié, ont bien pris soin à préserver leur privilège : être dispensés de cette contrainte qui ne pèsera donc que sur le secteur privé.

Dans la pratique, les intéressés ne s’en sont guère vantés, et il faut fouiner un peu sur le site du ministère de l’Intérieur, à l’onglet « Notices » de l’attestation, pour découvrir ce texte :

La carte professionnelle des professionnels de santé, des agents de la fonction publique, des militaires et des élus, ainsi que la carte de presse, valent attestation permanente pour le trajet domicile-travail et les déplacements professionnels. Si vous êtes en possession de ce document lors de vos trajets domicile-travail, il doit être accompagné d’un titre d’identité en cas de contrôle par les forces de l’ordre. Aucun autre document ou justificatif ne vous sera alors demandé.

Autrement dit, les professionnels de santé (ce qui se comprend aisément), mais aussi les journalistes et tous les fonctionnaires et les élus échappent à l’obligation de fournir une attestation en cas de déplacement en dehors des cas autorisés de droit. N’importe quel scribouillard de n’importe quel bureau de votre administration, qu’elle soit communale, régionale ou étatique, est donc dispensé d’avoir un motif valable pour ne pas respecter le confinement.

Pratique, non ?

Quand le manche de Castex branle

L’absurdité de ce privilège accordé aux fonctionnaires fait partie des innombrables pinaillages de notre bureaucratie qui font jaser au sein du gouvernement. Beaucoup ont par exemple souri en entendant Bruno Le Maire demander, à huis clos, un grand enfermement des Français le week-end, au point que l’information a fuité dans la presse (ce qui a déplu à l’écrivain ministre).

Face à la multiplication des couacs, le Premier Ministre a décidé de reprendre la communication en main. Il a imposé des éléments de langage totalement infantilisants.

C’est désormais prouvé, Castex est l’Hibernatus d’un instituteur de la Troisième République.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le pouvoir se prépare à un soulèvement populaire

Le pouvoir se prépare à un soulèvement populaire

Alors que la France périphérique s'apprête à passer un Noël de gêne et d'angoisse, le spectacle offert par l'exécutif en cette fin 2025 n'est plus celui de la gestion, mais de la panique organisée. Pour comprendre la nature profonde du moment politique que nous vivons, il faut cesser d'écouter le bruit de fond médiatique et relier deux faits que la technocratie s'efforce de présenter comme distincts : la militarisation de la crise agricole par Sébastien Lecornu et l'adoption discrète, mais f


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

L'UE sacrifie la Belgique pour six mois de guerre en Ukraine, par Thibault de Varenne

L'UE sacrifie la Belgique pour six mois de guerre en Ukraine, par Thibault de Varenne

L'ivresse des sommets européens a laissé place à la gueule de bois des comptables. Alors que les discours officiels continuent de célébrer une "solidarité inébranlable", la réalité financière du conflit ukrainien vient de percuter le mur du réel. Deux documents techniques, lus conjointement, dessinent une trajectoire effrayante pour l'Union Européenne : l'évaluation glaciale du Fonds Monétaire International (FMI) publiée fin 2025 et les notes confidentielles sur la situation d'Euroclear à Bruxel


Rédaction

Rédaction

L'art de ne pas finir son assiette dans les castes parisiennes, par Veerle Daens

L'art de ne pas finir son assiette dans les castes parisiennes, par Veerle Daens

Finir ou ne pas finir ? Telle est la question qui, croyez-moi, a brisé plus de carrières mondaines qu'une faute d'orthographe dans un livret de messe. Dans le commun des mortels – cette zone floue qu'on appelle "la vraie vie" – une assiette vide est un signe de satisfaction. C'est le compliment du chef, la validation de la grand-mère, la preuve qu'on a bien mangé. Mais nous ne sommes pas ici pour parler des gens qui ont faim, mes chéris. Nous sommes ici pour parler des gens qui ont des principe


CDS

CDS

Comment Le Monde est devenu un journal d'opinion (très) ordinaire

Comment Le Monde est devenu un journal d'opinion (très) ordinaire

Dans l'histoire des régimes à bout de souffle, le masque de la respectabilité institutionnelle finit par glisser pour révéler les connivences. L'affaire « Legrand-Alloncle », qui secoue le landerneau médiatico-politique en cette fin d'année 2025, est de ceux-là. Au-delà de l'anecdote d'un déjeuner parisien enregistré à la sauvette, c'est le traitement qu'en fait le quotidien Le Monde qui doit retenir notre attention. Il signe, si besoin en était encore, l'acte de décès du « journal de référence


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe