Le Sénat veut rétablir l’obligation vaccinale antigrippale pour les soignants libéraux. Une résurgence du réflexe autoritaire post-Covid, alors que l’Assemblée l’avait rejetée. Après le fiasco sanitaire COVID, la machine autoritaire se remet en marche.

Dimanche 23 novembre, le Sénat a voté à main levée le rétablissement de la vaccination obligatoire contre la grippe pour les soignants exerçant à titre libéral. Une mesure que l’Assemblée nationale avait supprimée quelques jours plus tôt.
Le gouvernement, incapable de gérer durablement un système hospitalier en crise, retombe sur son outil préféré : l’injonction. Peu importe la confiance des citoyens, l’autonomie des professionnels, ou l’échec politique des obligations sanitaires durant la crise du COVID. Ce texte, honteusement glissé dans le budget de la Sécu, marque une nouvelle avancée dans le domaine le plus sacré : l'intégrité physique et le consentement individuel. Au mépris des leçons du passé, l'élite gouvernante persiste à croire qu'elle sait mieux que nous ce qui est bon pour notre santé.
Une obligation réchauffée dans un budget social devenu fourre-tout coercitif
À l’origine, dans la version initiale du PLFSS 2026, l’obligation de vaccination antigrippale s’étendait à la fois aux soignants et aux résidents d’Ehpad, sous réserve d’une recommandation de la Haute autorité de santé (HAS).
Les députés avaient rejeté cette disposition, notamment grâce au vote conjoint RN–UDI et LFI, chacun invoquant la “liberté vaccinale” ou le respect du consentement. Pour une fois, un réflexe de prudence semblait avoir émergé dans l’hémicycle.
Mais le Sénat, fidèle à son rôle de chambre qui adore « corriger » la volonté populaire, a réintroduit sans effort l’obligation pour les soignants libéraux.
Un taux de couverture bas comme prétexte
La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, justifie cette mesure en pointant un taux de vaccination grippale de seulement 21% chez les soignants. Certes, la grippe a eu un impact important, avec 17 000 décès en 2024.
Mais l'argument sanitaire, aussi grave soit-il, ne saurait justifier de bafouer la liberté individuelle. Si l'État échoue à convaincre par la pédagogie et l'incitation, il n'a pas le droit de recourir à la menace de l'exclusion professionnelle. Le rôle d'un État libéral est de conseiller et d'informer, non d'imposer un traitement médical à des citoyens adultes et responsables. C'est une marque de mépris envers l'intelligence et l'autonomie des soignants.
Il est d'autant plus sidérant de constater le double standard adopté par le Sénat. Les sénateurs ont en effet eu la décence (tardive) de supprimer l'obligation vaccinale pour les résidents des Ehpad, reconnaissant que cela soulevait des "questions éthiques sensibles" et le problème du consentement, notamment pour les personnes souffrant de troubles cognitifs. La rapporteure LR, Corinne Imbert, a souligné qu'on ne pouvait pas "imaginer une expulsion de personnes vulnérables" pour un refus.
L'argument sanitaire ne tient pas. Apparemment, ces "questions éthiques sensibles" s'arrêtent aux portes des Ehpad ! La liberté de choix est-elle moins sacrée pour un infirmier libéral que pour un résident ? Les soignants sont-ils moins dignes de jouir d'une autonomie corporelle que les personnes dont ils s'occupent ? C'est une incohérence éthique majeure qui dénonce la véritable nature de cette mesure : une tentative d'établir un contrôle social sur une profession, une brèche pour étendre ces obligations à d'autres secteurs.
L’épisode Covid aurait dû servir de leçon : les obligations ont fracturé le pays, détruit la confiance et poussé des milliers de soignants vers la porte, provoquant un effondrement du système hospitalier. Aujourd’hui, au lieu de reconstruire, on ressort les vieilles recettes : menaces administratives, décrets, contraintes professionnelles.


