Le Révérend Père Bruckberger et « l’obsession suicidaire de la race blanche »

Le Révérend Père Bruckberger et « l’obsession suicidaire de la race blanche »


Partager cet article

Nicolas Bonnal nous emmène aujourd'hui chez le Révérend Père Bruckberger, dont la grande voix tonnait, il y a quarante ans, sur un mode bernanosien....ou dostoïevskien.

Ami de Bernanos le révérend Bruckberger (sympathique défenseur du cinéma aussi et scénariste des Carmélites, plus grand film français oublié) publie chez Stock en 1979 une lettre ouverte au pape polonais dont on faisait alors grand cas. Il y avait chez Jean-Paul un aspect vedette de showbiz en effet qui en rebutait certains ; il fut immédiatement une star planétaire incontestée et jamais détrônée ; mais le bon Bruckberger, ancien résistant comme on dit et répète, voyait dans ce pape d’un pays persécuté par la Russie et par le communisme l’occasion d’une renaissance (vieille antienne dans les milieux catholiques) et d’un réveil spirituel. On sait ce que tout cela a donné.

Cathos plus gérontocrates, écolo, résignés, woke et vaccinés que jamais

 Aujourd’hui avec Bergoglio l’Eglise a touché le fond et creuse encore – d’ailleurs Bruckberger tape très bien sur les jésuites comme un certain Baudrillard à la même époque (le jésuitisme ou le catholicisme comme simulacre). Le troupeau catho plus gérontocrate, écolo, résigné, woke et vacciné que jamais, n’a pas répondu aux attentes du trop isolé Mgr Vigano (parfois la résistance est tellement isolée qu’on se demande en effet si elle n’est pas contrôlée – mais pour cette seule raison) ou du bon ami de Bernanos. Ce dernier, dont j’ai tant de fois médité et cité les textes, oscillait aussi entre une tendance optimiste et une tendance réaliste (ne me dites pas qu’elle est pessimiste à l’heure de l’engloutissement de la France), qui voyait l’Eglise ranger sous la bannière répugnante du G20 et de sa tyrannie vaccinale et sanitaire présente et à venir (certains nous font le coup des Brics qui vont tout sauver, ben voyons). Certes on a un seul Vigano mais c’est bien peu. Bruckberger rappelle que les évêques ont tous ou presque fichu le camp en 1940 comme en…1789 : le catho (bourgeois qui se prend pour un chrétien) était en route.

Pas de vocation au martyre déjà donc en ces époques obscures (ô mon jardin des oliviers, ô mon gentil reniement, ô mon coq qui sifflera trois fois…) ; et de rappeler que Thomas More fut bien seul quand il plut au Barbe-Bleue anglais de fonder sa religion sur mesure. Dès 1707 ensuite Jonathan Swift se demande par quoi on va remplacer le christianisme ; j’ai bien traité le sujet tout comme j’ai expliqué que pour le grand penseur athée Feuerbach la religion est déjà remplacée par son masque en plein dix-neuvième siècle bourgeois.

Et Bernanos écrit dans son livre-hommage à Drumont :

« Les puissantes démocraties capitalistes de demain, organisées pour l’exploitation rationnelle de l’homme au profit de l’espèce, avec leur étatisme forcené, l’inextricable réseau des institutions de prévoyance et d’assurances, finiront par élever entre l’individu et l’Église une barrière administrative qu’aucun Vincent de Paul n’essaiera même plus de franchir. Dès lors, il pourra bien subsister quelque part un pape, une hiérarchie, ce qu’il faut enfin pour que la parole donnée par Dieu soit gardée jusqu’à la fin, on pourra même y joindre, à la rigueur, quelques fonctionnaires ecclésiastiques tolérés ou même entretenus par l’État, au titre d’auxiliaires du médecin psychiatre, et qui n’ambitionneront rien tant que d’être traités un jour de « cher maître » par cet imposant confrère… Seulement, la chrétienté sera morte. Peut-être n’est-elle plus déjà qu’un rêve ? »

Une crise d’obsession suicidaire

Dans sa partie critique qui n’a pas vieilli, Bruckberger doute comme nous en l’an 1979 du clergé français et du troupeau catho qui n’a plus rien à dire ou à affirmer. Il attaque le fétichisme conciliaire (Vatican II donc pour les distraits) qui a servi à accélérer la déchristianisation du pays : revoyez le début du Gendarme à Saint-Tropez ; on va encore à la messe, on filme en noir et blanc, on porte foulard (le  platok de ma femme), et ensuite on passe à la société yéyé avec la charmante Geneviève Grad. Ce film incompris est un modèle.

Bruckberger comprendrait aussi le besoin de suicide assisté que le vaccin, le Reset, la guerre et le Grand Remplacement fournissent à la vieille race blanche (voir mon livre publié en 2009). Et cela donne dans son ouvrage lumineux, à découvrir ou redécouvrir incessamment : « Pour tout détruire invoquez allègrement le concile !… Le fond de l’affaire est que la race blanche traverse une crise d’obsession suicidaire, et désormais la science lui donne la possibilité d’en finir avec elle-même, en douceur, et presque sans le vouloir, à la manière dont se commettent les suicides les plus lâches. C’est cela qu’il fallait dire (Lettre à Jean-Paul II pape de l’an 2000). »

Il me semble que cette phrase explique tout ce qui nous arrive : wokisme, vaccin, chasse au carbone..

Dostoïevski, Soljenitsyne.

Mais Bruckberger ne cesse d’encenser la Pologne. La Pologne déniaisée et déchristianisée, enragée par la guerre et sa russophobie exterminatrice, commence à crever de sa guerre sinon. 25% d’inflation et on verra dans quelques années. Pour ce qui est de la Russie communiste on sait ce qu’il en advint. Je ne fais pas de la Russie le Katechon qu’en font certains (il y a des limites au blasphème surtout quand on est chrétien amateur) mais c’est certainement le pays le moins hostile au christianisme en ce moment. Tout cela est conforme aux prédictions de Dostoïevski (voyez mon livre Dostoïevski et la modernité occidentale, qui vient d’être traduit en roumain, comme celui sur Tolkien – le premier-  avait été traduit en russe en 2002), qui voyait dans la Russie le peuple « déifère «  (peuple porteur de Dieu, voyez les Possédés p. 307). Bruckberger également cite Soljenitsyne, qui ne se rend pas compte que c’est grâce à ce dernier grand écrivain européen que l’on doit les plus belles des DERNIERES lignes contre le monde moderne déchristianisé. Depuis plus personne ne râle et tout le monde nage dans le bonheur.

A quarante ans de là rien n’a changé: nous étions dans le monde obscur et luciférien décrit par le sympathique Maurice Clavel que Bruck cite aussi beaucoup. On est plus vieux, plus fatigués plus soumis et on ne croit plus au carbone. Nous sommes sur le point de disparaître et je citerai une belle phrase de mon regretté ami Volkoff : « votre disparition ne sera pas seulement scientifique, elle sera juste ».

J’ai dit ce que j’avais à dire. Lisez son livre.

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_L%C3%A9opold_Bruckberger

https://www.dedefensa.org/article/bernanos-et-drumont-face-aux-francais-modernes

http://www.dedefensa.org/article/feuerbach-et-la-copie-de-christianisme-vers-1860

https://benoit-et-moi.fr/2016/actualite/les-proppheties-de-jonathan-swift-suite.html

https://www.amazon.fr/Livre-pri%C3%A8res-orthodoxes-Traduction-Alexandre/dp/B09BJRBV97/?_encoding=UTF8&pd_rd_w=srBvk&content-id=amzn1.sym.94b8124a-6f29-4a87-b609-6553ade2b81d&pf_rd_p=94b8124a-6f29-4a87-b609-6553ade2b81d&pf_rd_r=FD36Z60X3FTGQFN1DR0X&pd_rd_wg=DLawT&pd_rd_r=20b66c24-1356-4f79-b354-a77c1fc068cc&ref_=pd_gw_ci_mcx_mi


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Liberté d’expression en péril: le duo États-GAFAM fabrique l'autocensure
Photo by Valery Tenevoy / Unsplash

Liberté d’expression en péril: le duo États-GAFAM fabrique l'autocensure

Le dernier rapport de l’UNESCO révèle un recul historique de la liberté d’expression dans le monde. Entre autocensure, menaces physiques et numériques, les journalistes paient un lourd tribut. La liberté d’expression traverse une crise inquiétante. Selon le rapport de l’UNESCO publié ce 15 décembre 2025, elle a reculé de 10 % depuis 2012, atteignant son niveau le plus bas depuis des décennies. Cette érosion est directement liée à la montée des violences contre les journalistes et à l’autocensur


Rédaction

Rédaction

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Malgré un État-providence omniprésent et un budget social colossal, l'écart de l'espérance de vie entre riches et pauvres se creuse. Selon l’étude publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), lundi 15 décembre, les plus modestes vivent moins longtemps, et l’écart se creuse. Un constat brutal qui interroge l’efficacité réelle des politiques sociales et sanitaires. La promesse centrale de l’État social français est connue : réduire les inégalités par la red


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction