Le portefeuille d’identité numérique, passeport du futur?

Avec une publicité qui met en avant une figurante au nom de Lucie assistée tout au long de sa journée par son Digital Identity Wallet pour procéder à de simples démarches quotidiennes, le groupe Thalès prône un système qui semble bien passer aux yeux de la société actuelle mais qui est en fait totalitaire. En effet, derrière ce passeport virtuel de la vie qui est censé être le meilleur ami de chacun, si l’on en croit la publicité, se dissimulent des procédures d’homologations entre les mains d’une administration écrasante.

Contrôle total sur les données personnelles
Le Digital Identity Wallet ou « portefeuille d’identité numérique » peut être défini comme une extension du fonctionnement du passe sanitaire à toute démarche quotidienne : présence à un examen, entrée dans les bars, visite chez le médecin … et cela ne requiert qu’un smartphone qui sera associé à un dispositif de reconnaissance biométrique afin d’éviter tout type d’usurpation.
C’est sans hésitation que le groupe Thalès énonce dans sa publicité qu’il s’agit là du « meilleur ami de Lucie », vu que ce serait un dispositif qui sécuriserait sa vie privée sans entraver sa liberté. Il serait donc en mesure d’offrir à tous les citoyens « un contrôle total sur leurs données personnelles, avec la liberté de décider quelles informations ils partagent, quand et avec qui ils souhaitent les partager ».
Et c’est d’ailleurs ce que la publicité met en avant, car avant d’entrer dans le bar, à partir de son smartphone Lucie génère un code QR qui lui permet de certifier son âge sans avoir à fournir d’autres informations relatives à son identité. On comprend ainsi que cet outil nous inviterait à divulguer tous les aspects de notre vie au groupe Thalès et à ses partenaires, notamment le gouvernement, mais on aurait la liberté de garder certaines informations uniquement pour nous au moment d’entrer dans les espaces publics.
Outil en parfaite synergie avec les politiques sanitaires du moment
Cette innovation a permis à Thalès de rafler le prix de « l’entreprise de l’année » du cabinet Frost & Sullivan en 2019 vu l’originalité de l’approche : « En cas de suspension d’un droit de l’individu pour quelque raison que ce soit, le gouvernement peut l’invalider en temps réel sur la plateforme ».
Mais encore, cet outil est en parfaite synergie avec les évolutions actuelles et les problématiques du moment. D’ailleurs, on se souviendra de la mesure de gestion de la crise sanitaire qui rejoint ce même principe et qui a été conseillée par les sénateurs de la commission prospective dans le courant du mois de juin 2021.
Pour rappel, ce dispositif avait pour but de croiser les données médicales d’un individu avec ses données de géolocalisation, ce qui permettrait aux forces de l’ordre de recevoir une notification si une quarantaine se trouve violée.
Vers une folie totalitaire de nos gouvernements ?
Face à de tels dispositifs, le mot liberté tend à perdre tout son sens et à complètement disparaître. Rappelez-vous quand le passe sanitaire a été mis au point au mois de mai,
le ministre de la Santé Olivier Véran devant le Parlement, avait déclaré « Vous savez mon opposition de principe à l’usage d’un passe sanitaire pour des activités de la vie courante telle que manger au restaurant. En revanche, pour les lieux qui concentrent une forte population, un fort brassage, là, le pass sanitaire prend son sens ».
Son utilisation serait réservée aux événements réunissant plus de mille personnes. C’est dans cette perspective que la CNIL, (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) avait donné son accord. Aujourd’hui de très nombreux lieux publics nécessitent le passe sanitaire. Même si la situation sanitaire n’est pas hors de contrôle, avec « l’apparition du variant Omicron » et « l’augmentation du taux d’incidence », Veran souhaite le maintenir.
Dans les années à venir, le quotidien se résumera-t-il ainsi à montrer son passe à tout bout de champ jusqu’à devenir réellement un geste tout à fait naturel et instinctif? Et cela sera-t- couplé à une identité numérique biométrique pour que le gouvernement détienne le contrôle sur la vie de chacun?
Ou bien ne s’agit-il pas d’étendre le droit à la déconnexion, au-delà de la boîte mail professionnelle, à l’ensemble de la vie professionnelle et aux activités publiques?
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