Le mythe de Faust et la planche à billets occidentale – par Nicolas Bonnal

Le mythe de Faust et la planche à billets occidentale – par Nicolas Bonnal


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Nicolas Bonnal nous rappelle  combie  Goethe avait anticipé la folie du papier monnaie dans son Second Faust.

Les banques centrales font bonne impression pour financer les dettes immondes et faire monter la bourse. Comme elles aiment déverser des gros billets pour préserver le parti socialiste universel et ses sbires et ses guerres ! Tout cela finira en catastrophe, on le sait tous. Achetez de l’or peut-être pour éviter la famine future, mais en vous disant que le gendarme viendra sur ordre global vous le prendre.

Mais sait-on que le premier imprimeur fut Méphistophélès  – et que le mythe de Faust est lié aux premiers imprimeurs et à la planche à billets ? De plus en plus le livre de Macluhan sur la galaxie Gutenberg m’apparaît comme un pamphlet contre la machinerie occidentale à imprimer les esprits : relisez les chapitres terminaux sur Pope et sa Dunciade notamment. La galaxie Gutenberg nous aura perdus spirituellement (simple évidence guénonienne), mais même intellectuellement.

 

Extraordinaire prescience de Goethe, dans le Second Faust.

La suite avec Goethe qui dit tout dans son prologue du Deuxième Faust (traduction de Nerval bien sûr), y compris sur ce fou pas si fou, détrôné par Méphisto, et qui préfère l’or :

« Soudain, le maréchal entre tout en joie, annonçant que tout va le mieux du monde ; le général vient dire aussi que les troupes ont été payées ; le trésorier s’écrie que ses coffres regorgent de richesses. Tout l’or qui roulait et ruisselait dans l’intermède semble être allé se condenser et se refroidir dans les caisses publiques.

— C’est donc un prodige ? dit l’empereur.

— Nullement, dit le trésorier. Pendant que, cette nuit, vous présidiez à la fête sous le costume du grand Pan, votre chancelier nous a dit : Je gage que, pour faire le bonheur général, il me suffirait de quelques traits de plume. » Alors, pendant le reste de la nuit, mille artistes ont rapidement reproduit quelques mots écrits de sa main, indiquant seulement : ce papier vaut dix ; cet autre vaut cent ; cet autre, mille, ainsi de suite. Votre signature est apposée, en outre, sur tous ces papiers.

Depuis ce moment, tout le peuple se livre à la joie, l’or circule et afflue partout ; l’empire est sauvé.

— Quoi ! dit l’empereur, mes sujets prennent cela pour argent comptant ? L’armée et la cour se contentent d’être payées ainsi ? C’est un miracle que je ne puis trop admirer. »

Ici, Méphistophélès, qui vient de jouer le rôle de Law dans une cour du moyen âge, en inspirant ces idées au chancelier, développe la théorie des banques et du papier-monnaie ; et l’empereur, pour reconnaître le service que le docteur et lui viennent de lui rendre, les crée à tout jamais surintendants des finances et directeurs des mines dans toute l’étendue de ses possessions !

Le fou qu’on avait cru mort, et que Méphistophélès avait remplacé, reparaît à la fin de cette scène. On lui apprend tout ce qui s’est passé, et l’empereur, joyeux de le retrouver vivant, le comble de richesses en papier. Le fou, seul de toute la cour, ne fait pas grand cas de ces billets de banque, et les veut faire servir à quelque usage inférieur.

« — Sans doute, tout de suite, dit Méphistophélès.

— Je vais le changer, dit le fou. Mais, avec de l’or puis-je acquérir comme autrefois une terre, une maison, un bois autour de la maison ?

— Sans nul doute.

— Je vais vite changer le papier contre l’or, et l’or contre la maison et la terre. Dès ce soir, je vivrai tranquillement dans ma propriété !

— Pas si fou ! dit Méphistophélès seul, en quittant la scène ;  pas si fou… »

 

Sources

 

Marshall Macluhan – La galaxie Gutenberg

Goethe – Second Faust


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