Le COVID, ce prétexte pour congeler le débat politique

Le COVID refait surface, avec la peur morbide qu’il suscite dans la caste, et les envies qu’il donne de vacciner à tour de bras. Ce retour en fanfare arrange bien les affaires d’Emmanuel Macron : il permet de détourner l’attention de tous les sujets qui fâchent, comme la réforme des retraites ou le retour à l’équilibre des comtes publics. Sommes-nous sûrs que, face à l’ampleur des problèmes posés par la situation économique, le pouvoir ne cède pas à la tentation d’agiter les peurs pour escamoter par avance le débat sur les présidentielles ?

Le retour du COVID ne pouvait pas mieux tomber. Depuis plusieurs jours, alors que le nombre de personnes en réanimation n’a jamais été aussi bas, alors que 103 personnes seulement sont passées hier dans des services d’urgence pour suspicion de COVID, Emmanuel Macron utilise la désormais vieille menace de confinement pour nous « protéger », en limitant au besoin l’accès aux bars et aux restaurants aux seuls porteurs d’un pass sanitaire en bonne et due forme. On aurait toutefois bien tort de limiter cette ruse au seul parti majoritaire : Emmanuel Macron trouve à ses côtés la moitié de l’échiquier politique, Xavier Bertrand compris, qui propose la généralisation du pass sanitaire aux établissements recevant du public.
Ce retour de la peur permet d’occulter tous les sujets politiques qui fâchent.
Pourquoi le COVID arrange Emmanuel Macron
On l’a vu en début de semaine, Emmanuel Macron recevait à sa table les partenaires sociaux, à qui il devait parler de son projet de réforme des retraites. Finalement, il ne leur a rien dit, et déjà la petite musique de la « 4è vague » s’est faite entendre pour expliquer que, face à la menace, on ne pouvait plus toucher à rien. Un coup de virus et tous les autres problèmes disparaissent, même si la mortalité (du fait du COVID) n’a pratiquement pas varié d’un iota depuis un mois.
Mardi, l’entourage du Président annonçait qu’il allait s’exprimer avant le 14 juillet sur ses projets de réforme. Tout le monde a bien senti qu’annoncer des réformes prétendument impopulaires (comme le report de l’âge de départ à la retraite) était une décision difficile à prendre à neuf mois des élections. Le même jour, la ministre de la Fonction Publique annonçait un dégel du point de la fonction publique (ce qui est plus facile à expliquer…).
Et patatras, aujourd’hui, on apprend qu’Emmanuel Macron pourrait prendre la parole… pour parler du COVID, mais plus des réformes. Voilà qui s’appelle reculer pour ne pas sauter. Et pendant ce temps, rien ne bouge.
Pourquoi le COVID arrange Xavier Bertrand
De son côté, Xavier Bertrand ne s’est pas privé pour tenir des propos clivants sur le sujet. On retiendra cette phrase lumineuse :
Je souhaite que l’on développe beaucoup plus vite le pass sanitaire. Pour dire à ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, et pas seulement les soignants, qu’ils ne peuvent pas nous mettre en risque. Et que s’ils font le choix de ne pas se faire vacciner, alors ils doivent savoir qu’ils n’auront pas la même liberté que les autres.
Il faut dire que le président des Hauts-de-France a un intérêt objectif, lui aussi, à congeler aussi longtemps que possible le débat politique. Tant qu’on ne parle que de COVID, le débat sur les primaires à droite est clos, en tout cas publiquement, et il conforte sa place de troisième homme dans l’élection de l’an prochain.
Reste à savoir si l’addition finale que les non-vaccinés lui feront payer ne sera pas trop élevée pour lui. Il devrait se méfier de ces billards à trois bandes.
Le virus empêche-t-il les réformes et… la vie ?
Nous avons tous, bien entendu, compris que la propagation du variant indien, rebaptisé delta, n’était pas sans incidence sur la maladie, encore qu’à ce stade elle soit sans incidence sur les hospitalisations.
Toute la question est de savoir si les contaminations empêchent de vivre, de réformer, de débattre. Dix-huit mois après le début de l’épidémie, il devient évident que la suspension de la vie démocratique ne s’impose plus parce qu’il y a un virus, mais qu’elle est de plus en plus imposée par une caste politique dont la légitimité ne repose plus sur rien, qui le sait, et qui cherche tous les prétextes pour occulter cette question délicate.
La caste politique zombifie la démocratie pour rester au pouvoir.
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