Le confinement : un instrument de pouvoir au coeur de nos démocraties déclinantes


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Hervé Coulaud revient pour nous sur l'instrumentalisation de la crise du COVID par le gouvernement. Pouvons-nous encore accepter le confinement comme solution à la crise ? Quel débat doit désormais être ouvert sur le sujet ?

Depuis l’annonce d’un confinement partiel, Macron, Castex, Véran ont recommencé un ballet bien huilé. Les déclarations officielles comme la rumeur tiennent la France en haleine, confinement partiel, étendu, inéluctable ou pas ?

Des « tensions au sommet de l’Etat »

La mise en récit conçue pour rendre le confinement plus admissible par le grand public se déploie à nouveau dans les média mainstream. Les Préfets font semblant de consulter les élus, on nous signale des « tensions au sommet de l’Etat » ; on dramatise, le Président incite à serrer les dents quelques semaines encore car il doit « prendre une décision lourde de sens et de conséquences » au moment où les français expriment des signes de grande lassitude.

Sans perspectives claires sur la durée des efforts à faire, toujours plongés dans l’incertitude, nos concitoyens persécutés par les incohérences de la communication gouvernementale, enfermés dans la surenchère hystérisée des média mainstream, ne voient plus la fin de cette guerre qui n’en est pas une.

Et l’acceptabilité sociale des mesures sanitaires diminue de plus en plus malgré une certaine conscience des risques augmentée par l’irruption de variants plus contagieux qui n’étaient pas prévus dans les scénarios de gestion de l’épidémie ; si tenté qu’il y en ait eu un à toutes les étapes de cette crise sanitaire gérée en dépit du bon sens.

Il y a bientôt onze mois, les premières mesures de confinement étaient prises. À l’époque, le caractère inédit de la situation pouvait éventuellement justifier l’absence de débat démocratique. Il est désormais difficile de considérer encore le confinement comme une mesure efficace, encore moins comme une mesure temporaire et exceptionnelle.

Les mesures de lutte contre l’épidémie sont maintenues depuis des mois pour des périodes déterminées mais elles sont répétées au point de devenir indéfinies et cela créé un mode de gouvernement d’exception installé dans la durée, sans perspective de sortie annoncée, mais surtout, sans assise démocratique.

Une chose est sûre désormais, il est devenu urgent et crucial de dresser un tableau global de cette crise et de ces conséquences pour revenir à un fonctionnement normal et passer à autre chose comme l’ont fait déjà de nombreux pays en Europe et de par le monde.

Sous le confinement français, une société de plus en plus blessée

Le peuple français, auquel on ne peut ni faire ni l’injure de ne pas être un peuple politique, ni d’avoir du bon sens, estime désormais qu’un débat doit être ouvert sur au moins cinq points.

D’abord préciser le ou les objectifs poursuivis par les mesures actuelles (par exemple veut-on éviter la saturation des hôpitaux ou éradiquer le virus sans renforcer les dispositifs médicaux d’accueil des malades et de soins préventifs. Puisque dans le même temps les ARS continuent à appliquer leur politique de diminution du nombre de lits et que Mr Macron vient de découvrir qu’il existe un traitement par anticorps monoclonaux, le Bamlanivimab commercialisé par Eli Lilly. Même si celui-ci soulève une polémique dont nous nous sommes fait l’écho, tous les épidémiologistes s’accordent à dire que face à l’évolution des variants de la COVID (probablement favorisée par les campagnes de vaccinations) la voie la plus raisonnable serait de rechercher activement des protocoles de traitements à appliquer dès les premiers symptômes afin d’éviter les cas graves et les complications.

Les Français attendent que le gouvernement définisse quel type de risque que nous voulons collectivement courir et dans quelle proportion.

De cela découle le troisième point du débat : doit-on cesser de faire peur et organiser enfin l’acceptation de vivre avec ce virus, un parmi d’autres, pour longtemps encore ? Evidemment  pour cela faudrait-il que les autorités sanitaires soient capables ou suffisamment honnêtes pour organiser le recollement de données fiables et non des indicateurs arrangés selon les besoins de la communication gouvernementale, ainsi que leur partage en open data auprès de l’ensemble de la population selon un principe de transparence attendu de tous. Car tous les Français ont désormais bien perçu que la préoccupation essentielle de ceux qui les dirigent est d’organiser la protection juridique de ceux qui sont aux commandes et dont l’action est loin d’être exempte de critiques. Enfin tous nos concitoyens questionnent la proportionnalité entre ces objectifs, les mesures qu’ils rendent nécessaires et les conséquences sur l’économie.

Le peuple souffre, serre les dents, s’accroche et gronde. S’il ne parvient plus à se projeter sur un avenir plus serein, sur des perspectives plus constructives que la litanie des contaminations égrenée à chaque flash d’info, avec des buts structurants pour la santé mentale de tout le monde, notre peuple n’aura plus les moyens de purger les contraintes accumulées. On sait ce qu’il advient quand un peuple aspire à sa libération.

Macron a commencé, mais sans en mesurer la portée semble-t-il, à saisir le basculement actuel qui pourrait entraîner de lourdes conséquences allant du déficit d’adhésion, à la division de notre société, pour finir en conflit ouvert dans un contexte dangereux où se croisent les populismes de tous bords et la désespérance de pans entiers de la Nation. Car sous le confinement français il y a une société de plus en plus blessée mêlant dans un même mécontentement tout à la fois : les séniors coupés de leur famille, ceux qui ont perdu leur gagne-pain et la jeunesse sacrifiée.


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