Le chiffre du jour : qui crée le plus d'emplois en France ?

Le chiffre du jour : qui crée le plus d'emplois en France ?


Partager cet article

Les chiffres de l'INSEE sont formels :pendant que les grandes entreprises ont supprimé plus de 173 400 emplois dans leurs propres établissements, le tissu vivant de l'économie – microentreprises, PME, ETI – en génère près de 2 millions. En France, les petites entreprises, pas les mastodontes, sont le véritable moteur de l'emploi.

two men working
Photo by Etienne Girardet / Unsplash

Oubliez le storytelling des CAC 40 et des "plans de relance" étatiques. La vérité crue, celle que l'Establishment déteste, est là, sous nos yeux. Pendant des décennies, le récit politique et médiatique a sanctifié les grandes entreprises comme les sauveurs de l'emploi. On nous a martelé que leurs acquisitions, leurs fusions et leurs gigantesques projets étaient la clé de la prospérité. En France, les entreprises sont divisées en différentes catégories et elles opèrent dans différents domaines. L’Insee a établi un bilan sur les créations et les suppressions d’emplois salariés dans les établissements des secteurs marchands hors agriculture entre 2012 et 2022. Selon les statistiques, entre 2012 et 2022, 1,9 million d’emplois ont été créés en France grâce aux microentreprises, PME et ETI, tandis que les grandes entreprises ont surtout prospéré via rachats.

Zoom sur les créations et les suppressions d’emploi en France

Selon le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie, les entreprises en France se répartissent quatre grandes catégories : microentreprises, petites et moyennes entreprises (PME) hors microentreprises, entreprises de taille intermédiaire (ETI) et grandes entreprises (GE). Elles disposent d’un ou de plusieurs établissements. Divers évènements peuvent modifier la vie d’une entreprise et l’amener à changer de catégorie. On cite entre autres les cessations et les cessions.

Les statistiques révèlent que la France compte 5,2 millions d’entreprises œuvrant dans le secteur marchand hors agriculture. Elles comptent 16,8 millions d’employés répartis dans 1,7 million d’établissements employeurs.

Ne cherchez pas les créations d'emplois dans les tours de verre. Regardez plutôt dans les petites structures, les ateliers, les bureaux de quartier.

L’Insee a mesuré les créations et suppressions d’emplois dans ces diverses entreprises. Pour effectuer le travail, l’approche dite « dynamique » a été utilisée. Elle consiste à évaluer les variations d’effectifs au sein des établissements employeurs. Le résultat de cette étude a permis de constater qu’entre 2012 et 2022,  toutes les entreprises, peu importe leur catégorie, ont contribué aux créations d’emplois.

  • Les micro-entreprises : Elles ont créé un stupéfiant total de 870 000 emplois. C'est le vivier d'innovation et de dynamisme de notre économie.
  • Les PME : Avec 654 800 emplois supplémentaires, elles sont la colonne vertébrale de l'activité.
  • Les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) : Elles ont contribué à la création de 346 300 emplois, montrant leur force de croissance.

Ces chiffres ne mentent pas. Les entrepreneurs qui démarrent, les petites entreprises qui se développent, sont ceux qui prennent des risques, innovent et embauchent. C'est l'essence même du marché libre.

Les grandes entreprises : suppressions internes, croissance externe

Contrairement à l’image souvent véhiculée, les grandes entreprises ont détruit plus d’emplois qu’elles n’en ont créés dans leurs établissements (-173 000). Leur progression en effectifs (+314 000 salariés au total) provient presque exclusivement d’opérations de rachats ou de fusions-acquisitions. En d’autres termes, leur croissance est davantage financière qu’organique, captant le travail créé ailleurs plutôt que de l’initier.

Évolution de l’emploi salarié dans les grandes entreprises selon les créations ou suppressions d’emplois et les changements de catégorie entre 2012 et 2022

Cette étude de l’Insee révèle également que quatre zones d’emploi sur cinq affichent un solde positif sur la période. Les créations se concentrent fortement dans les dix plus grands pôles urbains (Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille, Montpellier, Rennes, Aix-en-Provence et Marseille) qui cumulent à eux seuls 918 200 emplois nouveaux, soit plus de la moitié du total national. Dans ces territoires, la dynamique est portée principalement par les microentreprises (+358 000 emplois) et les PME (+320 000).

À l’inverse, la France des territoires ruraux et des petites villes est laissée pour compte, subissant de plein fouet les suppressions d'emplois des grandes entreprises et des ETI. La politique "d'aménagement du territoire" n'est qu'un leurre ; elle redistribue misérablement la richesse que l'étouffement réglementaire empêche de créer en premier lieu.

Les leçons à tirer pour la prospérité

L'analyse de ces données nous force à reconsidérer nos politiques économiques. Pourquoi continuons-nous de favoriser les grandes entreprises avec des subventions et des réglementations complexes qui les avantagent, alors qu'elles détruisent activement de l'emploi ?

  • La taxation : les petites structures sont souvent accablées de charges et d'impôts. Les grandes entreprises, elles, naviguent dans des paradis fiscaux et profitent d'exemptions. C'est une injustice flagrante.
  • La réglementation : les PME croulent sous la bureaucratie, les grandes entreprises disposent de légions d'avocats pour contourner les obstacles.

Il est temps de démanteler ce système qui récompense l'échec et pénalise la réussite. La France doit libérer le potentiel des petites et moyennes entreprises en simplifiant drastiquement les règles, en réduisant la fiscalité et en éliminant les barrières à l'entrée.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

L'adoption, samedi 8 novembre 2025, de la première partie du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 n'aura trompé personne au sein de l'Hémicycle. Le score étriqué de 176 voix pour contre 161 ne signe en rien une adhésion au projet du gouvernement, ni même une improbable lune de miel sur l'autel des finances sociales. Ce vote, fruit d'un calcul politique aussi cynique que nécessaire, est avant tout une manœuvre. Une partie de l'opposition, notamment le Parti


Rédaction

Rédaction

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

L’année 2026 semble promise, comme les précédentes, à une volatilité extrême et à des chocs imprévisibles. Les modèles d'investissement classiques, qui misent sur la « diversification moyenne » et l’optimisation du risque au milieu du spectre, sont non seulement fragiles, mais destinés à être pulvérisés à l’occasion du prochain « cygne noir » que l'Histoire ne manquera pas de nous servir. Face à ce chaos qui se déploie sous nos yeux, nous vous avons présenté dimanche 2 novembre la seule philoso


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

Elise Rochefort a évoqué pour nous les controverses officielles sur l'emploi du temps de Dick Cheney le 11 septembre 2001. Peter Dale Scott, diplomate canadien devenu professeur à l'Université Berkeley, en Californie, a prétendu documenter le contexte de cette affaire explosive. Et voici les thèses qu'il a défendues, accompagnées de leurs critiques, bien entendu... Peter Dale Scott (né en 1929) représente une figure intellectuelle singulière et complexe dans le paysage académique nord-améri


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Le 11 septembre 2001, le vice-Président de George W. Bush, Dick Cheney, décédé cette semaine, fait face seul ou presque au traumatisme du polyterrorisme qui frappe les USA. Mais qu'a-t-il fait au juste ? Près de vingt-cinq plus tard, voici le point des zones d'ombre et de controverse. L'analyse du rôle joué par le vice-président Richard "Dick" Cheney le 11 septembre 2001 est essentielle pour comprendre la réponse du gouvernement américain à la crise et l'évolution ultérieure de l'autorité e


Rédaction

Rédaction