La vaccination des moins de 18 ans pour se rapprocher de l’objectif quantitatif officiel de vaccination?

La vaccination des moins de 18 ans pour se rapprocher de l’objectif quantitatif officiel de vaccination?

A-t-on autorisé officiellement la vaccination des enfants et des adolescents pour atteindre un certain pourcentage officiel de vaccination? Le Comité Consultatif National d'Ethique publie un document explosif malgré ses apparences lissées. C'est un témoignage terrible pour nos sociétés, qui fait ressortir combien les jeunes sont, depuis un an, une simple variable d'ajustement de la politique sanitaire

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Il est des documents en apparence anodins mais dont la portée est immense. C’est le cas du texte publié par le Comité Consultatif National d’Ethique concernant la vaccination des enfants et des adolescents.

Nous le reproduisons in extenso car nous pensons qu’il vaut la peine de le lire en toute sérénité. Les conclusions sur l’objet immédiat du rapport sont immédiatement identifiables:

« À ce jour, pour le CCNE, la vaccination des enfants de moins de 12 ans ne semble pas
éthiquement et scientifiquement acceptable, en grande partie parce qu’il n’existe aucune
étude évaluant la sécurité des vaccins contre la Covid-19 dans cette population. D’ailleurs,
aucun pays n’a actuellement pris la décision de vacciner ses jeunes enfants.
Chez les adolescents, entre 12 et 16 ans, le bénéfice individuel en lien avec l’infection est
très faible en l’absence de comorbidité et ne semble pas suffisant pour justifier, à lui seul,
la vaccination. La FDA, la HAS et l’Agence européenne des médicaments ont autorisé le
vaccin Pfizer dans la population des 12-16 ans. L’Académie américaine de pédiatrie
a, dès à présent, recommandé la vaccination chez les adolescents, en raison de l’absence
d’effets secondaires graves dans une seule étude et par analogie avec les données chez
le jeune adulte. Comme cela a été le cas pour l’adulte, les potentiels effets plus tardifs ou
plus rares ne pourront être connus que par les données de pharmacovigilance postérieures
à la vaccination effective de plusieurs millions d’adolescents. De ce fait, pour le CCNE, un
suivi de pharmacovigilance spécifique aux adolescents (y compris pour les 17-18 ans)
paraît indispensable ».

Pour autant, le CCNE constate et regrette que la décision gouvernementale d’ouvrir la vaccination aux adolescents ait été prise et rendue publique avant qu’il ait formulé et publié son avis. La Haute Autorité de Santé, en effet a jugé dès le 3 juin que la vaccination des adolescents avait « des effets individuels et collectifs bénéfiques ».  Mais ce qui est intéressant, c’est que le CCNE ne se contente pas de souligner l’absence de respect des procédures. Il replace la précipitation gouvernementale dans le contexte d’instrumentalisation de la population la plus jeune tout au long de la crise du COVID 19.

La jeunesse comme variable d'ajustement de la politique sanitaire

Le CCNE rappelle:

« Si l’impact de la pandémie, en termes de risques liés à l’infection, est très faible dans la
population des enfants et des adolescents, l’impact psychologique a été majeur en
particulier chez les adolescents, et plus encore dans les populations défavorisées. En
d’autres termes, la politique de prévention appliquée à l’ensemble de la population
française ne pourrait-elle pas apparaître comme excessive à l’égard de la jeunesse ?«

Les statistiques que nous reproduisons ci-dessus à titre d’exemple, tirées des données d’un hôpital américain illustrent ce que dit le CCNE de la fragilité des adolescents confrontés aux politiques de confinement, d’enseignement à distance, de fermeture des campus. Effectivement, la priorité ne devrait pas être la vaccination pour les 12-18 ans ni, même, pour les jeunes adultes.

Mais alors, se demande le CCNE, n’y a-t-il pas un autre motif, inavouable, dans cette insistance mise à vouloir vacciner les 12-18 ans ? On rappellera que la Haute Autorité de Santé recommande sans hésiter « de vacciner très rapidement les adolescents qui présentent une comorbidité ou dans l’entourage de personnes immunodéprimées, puis de vacciner les adolescents en bonne santé dès lors que la vaccination de la population adulte sera suffisamment avancée« .

Ce qui conduit le CCNE à constater froidement:

» La couverture vaccinale (pourcentage de la population ayant reçu une dose) atteint
aujourd’hui 82 % chez les personnes de 70 ans et plus, mais n’est que de 52 % dans
l’ensemble de la population adulte (Santé publique France, données statistiques, 4 juin
2021)(…) Dans ce contexte encore incertain d’atteinte possible d’une immunité collective, la
question de la vaccination des enfants et des adolescents se pose afin d’augmenter la
couverture vaccinale globale »

On ne saurait mieux faire ressortir, sans emphase, que notre administration est imperméable au vieux principe formulé par Emmanuel Kant à l’époque des Lumières:

« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin jamais simplement comme un moyen« .

Une société de liberté peut-elle subsister sans le respect de ce fondement éthique?