La RDC Congo accuse Apple d’exploitation illégale de mines

La République démocratique du Congo RDC, qui abrite la plus grande réserve mondiale de cobalt et la septième réserve de cuivre, est le théâtre de graves violations des droits humains. Des personnes sont régulièrement expulsées de force, menacées ou intimidées pour quitter leurs habitations, tandis que d’autres sont trompées pour accepter des indemnités dérisoires. Dans la majorité des cas, aucun mécanisme de recours, de responsabilité ou d’accès à la justice n’est disponible pour les victimes. La RDC a déposé une plainte en France et en Belgique contre Apple, accusant le géant américain de s’approvisionner en minerais issus de l’exploitation illégale dans les zones de conflit. Si le géant de la technologie a nié l’accusation, la RDC affirme détenir des preuves.

La République démocratique du Congo (RDC) a déposé une plainte contre Apple en France et en Belgique. Le conflit entre le gouvernement congolais et la firme américaine date de plusieurs mois. L’Etat accuse les filiales belge et française d’Apple d’acheter des minerais de sang passés en contrebande. Ce dossier, qui mêle accusations de recel, crimes économiques et exploitation illégale, relance les questions sur l’éthique des chaînes d’approvisionnement dans l’industrie technologique mondiale.
Apple accusé d’achat de minerais pillés en RDC

La RDC et Apple sont en conflit depuis plusieurs mois. L’Etat congolais accuse les filiales française et belge d’Apple, accusées de se fournir en minerais dits « 3T » (étain, tantale, tungstène) ainsi qu’en or, extraits illégalement des mines congolaises et passés en contrebande via des pays voisins comme le Rwanda.
Les autorités congolaises reprochent à Apple plusieurs infractions, notamment :
- Recel de crimes de guerre et de biens volés, en lien avec l’exploitation minière dans les zones de conflit.
- Blanchiment de minerais issus d’activités illégales.
- Pratiques commerciales trompeuses, en raison du discours de l’entreprise qui prétend garantir une chaîne d’approvisionnement éthique.
Pour les plaignants, elles sont bel et bien coupables « de recel de guerre, de recel de biens volés, de pratiques commerciales trompeuses et de blanchiment de minerais » obtenus illégalement. Pourtant, la multinationale américaine a affirmé que ses chaînes d’approvisionnement sont propres.
Hypocrate Marume, membre de la société civile du Sud-Kivu, se réjouit de cette démarche, espérant qu’elle mettra un terme aux violations des droits humains dans les régions concernées :
« Cette plainte est un soulagement pour les populations locales victimes de ces trafics et de leurs conséquences. »
La réaction d’Apple
Notons que la RDC a déjà envoyé une mise en demeure au groupe Apple, en avril dernier. La firme n’a pas donné une réponse formelle.
Apple, de son côté, nie toute implication dans des chaînes d’approvisionnement liées aux groupes armés en RDC ou dans les pays voisins. L’entreprise affirme se fournir uniquement auprès de raffineries et fonderies certifiées.
Cependant, les autorités congolaises déclarent disposer de nouvelles preuves, fournies par des lanceurs d’alerte, pour étayer leurs accusations. Selon les avocats de la RDC, l’objectif est de « mettre en lumière les responsabilités des entreprises et des individus impliqués dans le pillage des ressources naturelles ».
Une plainte qui divise
Les autorités congolaises sont elles-mêmes critiquées pour leur incapacité à protéger les populations locales et à surveiller les pratiques dans ces zones. Selon un militant environnemental congolais :
« Les licences minières sont bradées, et même les autorités provinciales sont impuissantes face aux abus sur le terrain. »
Cette exploitation anarchique entraîne :
- La destruction de l’environnement.
- Le déplacement forcé de populations locales.
- L’exploitation, souvent à bas coût, des travailleurs, parfois des enfants.
À Goma, la plainte contre Apple divise. Certains soutiennent l’initiative du gouvernement congolais, la voyant comme une occasion de dénoncer les abus :
« Apple doit respecter les lois et passer par le gouvernement pour exploiter les ressources », estime un habitant.
D’autres sont plus sceptiques :
Apple n’est pas la seule entreprise à profiter de ce système. Pourquoi ne pas s’attaquer également aux exploitants illégaux ?
« C’est le grand paradoxe de l’ère numérique : des entreprises parmi les plus florissantes et innovantes du monde sont capables de commercialiser des produits incroyablement sophistiqués sans être tenues de révéler où elles se procurent les matières premières incluses dans leurs composants »
, a déclaré Emmanuel Umpula, directeur exécutif d’Afrewatch (Observatoire africain des ressources naturelles). Selon l’UNICEF, en 2014, environ 40 000 enfants travaillaient dans les mines dans le sud de la RDC, dont beaucoup dans des mines de cobalt.
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