Geert Wilders avait retiré son soutien au gouvernement néerlandais après un désaccord sur la politique migratoire. Les élections anticipées qui ont suivi lui coûtent très cher...

Le spectacle qu’offre la Hollande à l’Europe attentive n’est pas seulement celui d’un chaos politique ; c’est une leçon de choses, cruelle mais nécessaire, sur la nature du pouvoir et les limites de l’incantation. Une fois encore, le régime parlementaire, aggravé par cette proportionnelle intégrale qui atomise la représentation nationale, démontre son impuissance congénitale à fonder un gouvernement durable. Mais au-delà de cette faiblesse structurelle, c’est l’échec de la droite nationale qui doit nous interpeller.
Il y a moins de deux ans, un vent puissant s’était levé des polders. Le peuple néerlandais, excédé par le désordre migratoire, les diktats écologiques et la dissolution des mœurs, avait porté M. Geert Wilders aux portes du pouvoir. C’était le sursaut du pays réel contre les chimères du pays légal. L’instinct était juste, la colère légitime. Une coalition fut formée, laborieusement, pour tenter de traduire cette volonté populaire en actes de gouvernement.

Qu’avons-nous vu depuis ? L’instabilité chronique, la cacophonie, et finalement, l’effondrement.
La faute en incombe à ceux qui confondent la politique avec le prêche. M. Wilders a cru que la pureté de l’idéal dispensait de la prudence du politique. Exigeant l’impossible sur le dossier de l’asile, refusant le moindre accommodement avec le réel et les contraintes de l’alliance, il a préféré briser l’instrument fragile du gouvernement plutôt que de l’utiliser pour obtenir le possible. Il a choisi la posture du tribun plutôt que la responsabilité de l’homme d’État.
C’est là le piège mortel où s’abîme trop souvent ce que l’on nomme "populisme". La politique n’est pas l’art de l’absolu, c’est l’art de l’exécution. Gouverner, c'est composer. Non pas se compromettre dans ses convictions profondes, mais comprendre que l’intérêt national exige parfois des détours stratégiques, une patience que l’idéologue ignore. L’Empirisme organisateur, cette méthode qui soumet l’action aux leçons de l’expérience et non aux caprices de l'idéologie, fait cruellement défaut à ceux qui ne savent que protester.
Le refus obstiné du compromis n’est pas une preuve de force ; c’est un aveu d’impuissance. C’est préférer le néant confortable de l’opposition à l’exercice difficile du pouvoir.
Le résultat de cette démission est cinglant. Les électeurs, qui détestent le désordre plus encore que l’adversaire, ont sanctionné l’irresponsabilité. Le scrutin de ce 29 octobre voit le reflux dramatique du parti de M. Wilders et le triomphe insolent des centristes de D66, ces sociaux-libéraux qui incarnent tout ce que le pays avait rejeté : l’européisme béat, le progressisme moralisateur, l’oubli de la nation. Par son intransigeance stérile, la droite nationale a ramené au pouvoir ses pires ennemis.
Que les droites européennes méditent ce désastre hollandais. L’aspiration des peuples à retrouver leur destin et leur identité est immense. Mais cette aspiration ne vaut rien si elle n’est pas servie par une intelligence politique capable de distinguer l’essentiel de l’accessoire, et de préférer une réforme imparfaite au chaos paralysant. La passion sans la discipline mène au suicide politique. Le peuple ne pardonne pas à ceux qui, ayant suscité l’espoir, se révèlent incapables de tenir la barre de l’État.