La Belgique fermera bien ses centrales nucléaires en 2025: un pas de plus vers le suicide énergétique de l’Europe

Le gouvernement belge a confirmé ce 23 décembre 2021 la décision de fermer les sept centrales nucléaires du pays d'ici 2025. Au moment où surient un choc énergétique qui pourrait avoir la violence des crises pétrolières des années 1970 et où la Russie affirme de plus en plus son autorité géopolitique, l'Union Européenne confirme qu'elle na ni vision ni ambition pour arriver à une forme d'indépendance européenne.

Après une discussion laborieuse et un bras de fer entre libéraux et Verts, ce sont ces derniers qui l’ont emporté au sein du gouvernement: l’annonce a été faite ce matin 23 décembre que la Belgique fermerait bien l’ensemble de ses centrales nucléaires d’ici 2025.
Alors que le prix de l’énergie flambe en Europe, les libéraux plaidaient pour le maintien des centrales en activité, au moins le temps que la situation énergétique de l’Union Européenne se soit stabilisée. . La ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten a cependant obtenu gain de cause. Cette écologiste flamande a présenté le 3 décembre un rapport allant dans ce sens. Il s’agit de « la solution qui présente le moins de difficulté », a-t-elle plaidé. Le Premier ministre Alexander De Croo a finalement tranché en sa faveur.
La Belgique va néanmoins investir 100 millions d’euros dans la nouvelle technologie nucléaire, en particulier sur les petits réacteurs modulaires (PRM). Mais cela ne change rien au caractère catastrophique de cette décision prise au plus mauvais moment possible.
Une Europe qui se prive de l'indépendance énergétique
La décision belge est absurde. Elle intervient dans un contexte où l‘Union Européenne connaît une flambée des prix de l’énergie qui pourraient nous ramener à l’époque des chocs pétroliers. Fermetures partielle (en France) ou complète ‘en Allemagne, en Belgique) des centrales nucléaires; résultats médiocres des éoliennes; dépendance croissante au gaz russe etc….
L’Europe paie cher, c’est le cas de le dire, une série de facteurs:
+ la prise en main de la notion de troisième révolution industrielle par des idéologues, Jérémy Rifkin en tête. En 1980 avait eu lieu à Epinal un colloque pour analyser la mutation en cours: les participants au colloque essayaient de saisir cette mutation « qui commençait alors à émerger, pren[ant] son plein essor au XXI° siècle, fondée sur le nucléaire et les énergies renouvelables, axée sur la filière électronique, transmise par les technologies numériques, appuyée sur la biochimie ». Las, lorsqu’il commença à vulgariser les résultats du colloque, Jeremy Rifkin fit disparaître le nucléaire de la base énergétique de la nouvelle révolution industrielle. Et, à sa suite, des générations d’idéologiques ont cru que l’on pouvait passer à l’énergie décarbonée sans y inclure le nucléaire.
+ Là-dessus est venue se greffer l’incapacité française à défendre la filière nucléaire en Europe. On a laissé s’instaurer une relation privilégiée avec l’Allemagne alors que la différence était radicale entre les deux pays sur le sujet. Puis il y a eu la montée des Verts dans la vie politique française puis, pour finir, la désastreuse fermeture de Fessenheim par François Hollande et le démantèlement partiel de la filière par lui-même et son successeur Emmanuel Macron. Ce n’est qu’en 2021 que la France a commencé à se battre pour mettre l’énergie nucléaire dans le paquet des énergies décarbonées soutenues par Bruxelles – sans certitude de succès. Une Europe où la France pèse de moins en moins et où l’Allemagne donne le la est une Europe qui ne se donne pas les moyens de son indépendance énergétique.
+ enfin, l’Union Européenne n’arrive pas à surmonter la contradiction consistant à se rendre de plus en plus dépendante de la Russie en termes de livraisons de gaz tout en voulant prendre le parti des Etats-Unis contre la Russie en matière géopolitique. Il est bien évident que si l’UE avait continué à développer la filière nucléaire, elle serait moins dépendante de la Russie.
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