Jean-Pierre Jouyet reçoit un dernier cadeau empoisonné d’Emmanuel Macron


Partager cet article

Jean-Pierre Jouyet a 65 ans, mais il ne terminera pas sa carrière à Londres, où Emmanuel Macron l’avait nommé ambassadeur en septembre 2017. A l’issue du dernier Conseil des Ministres, il vient d’être muté… à Paris. Cette décision est un beau cadeau pour celui à qui Emmanuel Macron doit une bonne partie de sa carrière. Mais c’est un cadeau empoisonné.

On se souvient que Jean-Pierre Jouyet avait beaucoup poussé la carrière d’Emmanuel Macron lorsqu’il était chef de l’inspection générale des Finances. Il avait en particulier permis au Président de faire des débuts triomphaux comme secrétaire de la commission Attali. Par la suite, les réseaux Jouyet ont beaucoup joué en faveur du jeune inspecteur des finances.

Comme Marc Endeweld l’a pointé, la reconnaissance d’Emmanuel Macron pour ceux qui l’ont fait est parfois ambiguë et à géométrie variable. C’est le cas avec Jouyet qui s’est rapidement plaint, après l’élection de son poulain, de ne plus pouvoir le contacter. Jouyet faiseur de roi a alors entamé une brillante traversée du désert en étant envoyé à l’ambassade de France à Londres, loin des yeux, et du cœur, du Président.

En conseil des ministres, on a appris que le dit Jouyet était finalement rapatrié en France, à Paris, comme ambassadeur auprès de l’OCDE, sinécure bien connue. Il y remplacer Catherine Colonna, ancienne proche de Jacques Chirac qui est pour sa part… nommée à Londres, en remplacement de Jouyet.

Faut-il y voir une marque de défiance du Président pour son ancien mentor, au moment où la Grande-Bretagne va officiellement abandonner l’Union Européenne? Ce n’est pas impossible. La nomination est suffisamment mi-figue mi-raisin, en tout cas, pour laisser à penser qu’Emmanuel Macron aime à vexer ceux qui l’ont aidé. Ce sport peut parfois se révéler très cruel pour ceux qui le pratiquent à haute dose. Le Président devrait s’en souvenir.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

Le pouvoir se prépare à un soulèvement populaire

Le pouvoir se prépare à un soulèvement populaire

Alors que la France périphérique s'apprête à passer un Noël de gêne et d'angoisse, le spectacle offert par l'exécutif en cette fin 2025 n'est plus celui de la gestion, mais de la panique organisée. Pour comprendre la nature profonde du moment politique que nous vivons, il faut cesser d'écouter le bruit de fond médiatique et relier deux faits que la technocratie s'efforce de présenter comme distincts : la militarisation de la crise agricole par Sébastien Lecornu et l'adoption discrète, mais f


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

L'UE sacrifie la Belgique pour six mois de guerre en Ukraine, par Thibault de Varenne

L'UE sacrifie la Belgique pour six mois de guerre en Ukraine, par Thibault de Varenne

L'ivresse des sommets européens a laissé place à la gueule de bois des comptables. Alors que les discours officiels continuent de célébrer une "solidarité inébranlable", la réalité financière du conflit ukrainien vient de percuter le mur du réel. Deux documents techniques, lus conjointement, dessinent une trajectoire effrayante pour l'Union Européenne : l'évaluation glaciale du Fonds Monétaire International (FMI) publiée fin 2025 et les notes confidentielles sur la situation d'Euroclear à Bruxel


Rédaction

Rédaction

L'art de ne pas finir son assiette dans les castes parisiennes, par Veerle Daens

L'art de ne pas finir son assiette dans les castes parisiennes, par Veerle Daens

Finir ou ne pas finir ? Telle est la question qui, croyez-moi, a brisé plus de carrières mondaines qu'une faute d'orthographe dans un livret de messe. Dans le commun des mortels – cette zone floue qu'on appelle "la vraie vie" – une assiette vide est un signe de satisfaction. C'est le compliment du chef, la validation de la grand-mère, la preuve qu'on a bien mangé. Mais nous ne sommes pas ici pour parler des gens qui ont faim, mes chéris. Nous sommes ici pour parler des gens qui ont des principe


CDS

CDS

Comment Le Monde est devenu un journal d'opinion (très) ordinaire

Comment Le Monde est devenu un journal d'opinion (très) ordinaire

Dans l'histoire des régimes à bout de souffle, le masque de la respectabilité institutionnelle finit par glisser pour révéler les connivences. L'affaire « Legrand-Alloncle », qui secoue le landerneau médiatico-politique en cette fin d'année 2025, est de ceux-là. Au-delà de l'anecdote d'un déjeuner parisien enregistré à la sauvette, c'est le traitement qu'en fait le quotidien Le Monde qui doit retenir notre attention. Il signe, si besoin en était encore, l'acte de décès du « journal de référence


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe