Incertitudes sur l’avenir de l’Europe et du monde, par Jean Goychman

Incertitudes sur l’avenir de l’Europe et du monde, par Jean Goychman


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La chance d’Emmanuel Macron serait-elle en train de tourner ? Jupiter, le dieu des dieux a perdu de sa superbe. Il se pensait sorti d’affaire après une réélection plus facile que prévue. Les élections législatives, simple formalité depuis le quinquennat, devaient lui donner les moyens de ses ambitions pas toujours avouées, mais le peuple français en a décidé autrement. Comme s’il avait pris un malin plaisir à cette partie du jeu « du chat et de la souris ».

Depuis le début de son premier mandat, (et peut-être même avant), il était clair qu’Emmanuel Macron allait se consacrer essentiellement à « l’intégration européenne ». De plus , heureux hasard du calendrier du fauteuil tournant, il terminerait son mandat en présidant le Conseil de l’Union Européenne, poste éminemment favorable pour agir dans ce sens.

Un fédéralisme qui s’éloigne

Car depuis la mise en service de l’Euro, qui devait avant tout accélérer le fédéralisme européen, on ne peut pas dire que celui-ci ait beaucoup progressé. La crise de 2008 avec la divergence des taux d’intérêt de chaque pays, les dettes publiques galopantes des pays du Sud de l’Europe, les « assouplissements quantitatifs » de la BCE, contestés par ceux du Nord, avaient plus éloigné que rapproché entre eux les pays de la zone euro.

La rigueur budgétaire imposée par le Traité de la « règle d’Or » s’était traduite par des manques d’investissements publics qui allaient devenir chroniques, et de plus en plus mal perçue par les peuples. Enfin, la mondialisation faisait sentir ses effets néfastes en élargissant le fossé déjà profond  entre les classes sociales qui en bénéficiaient et celles qui la subissaient, faisant monter dans la plupart des pays  un mécontentement qui alimentait les mouvements « populistes », qu’Emmanuel Macron n’hésitait pas à comparer à « la lèpre ».

Pour notre pays, ce furent les cortèges des « gilets jaunes » qui cristallisèrent ce mécontentement à la fin de 2018. Un semblant de paix sociale fut retrouvée au cours de l’année 2019, après avoir débloqué 15 milliards d’euros en renonçant principalement à une taxe sur les carburants.

La crise COVID

Début 2020, la pandémie du COVID est survenue. Hormis les conséquences immédiates (brutal ralentissement économique, argent « hélicoptère » du « quoi qu’il en coûte »), la prise de conscience de notre désastre industriel, de notre perte d’indépendance généralisée et des effets pervers de l’euro, monnaie que nous ne contrôlons pas, a remis en évidence des lignes de fractures au sein de l’Union européenne. Les frontières, négation s’il en est du fédéralisme européen, réapparurent soudainement, avec un sentiment national retrouvé.

Voyant dans cette épidémie une « fenêtre de tir », Emmanuel Macron a tenté une opération de mutualisation des dettes au travers du fameux « plan de relance », essentielle pour prévenir et contenir une explosion de l’Europe.Ce ne fut qu’un demi-succès, rapidement balayé par la nouvelle donne de la guerre en Ukraine.

Le retour aux vieux démons

Emmanuel Macron comptait apparemment beaucoup sur son projet de défense européenne, rendu d’actualité par la guerre en Ukraine et l’exploitation médiatique qui pouvait en être faite en remettant  en route le spectre de l’invasion de l’Europe de l’Ouest par la Russie. Il avait déjà voulu exploiter les faiblesses de l’OTAN pour promouvoir cette idée, en déclarant l’état de « mort cérébrale » de cette dernière lors d’une montée en tension entre la Grèce et la Turquie. Peut-être pensait-il « secouer » les Européens ?

Quoi qu’il en soit, les choses n’ont pas avancé dans le bon sens et, littéralement revigorée par l’Ukraine, l’OTAN, lors du dernier sommet de Madrid, a repris la main et s’est positionnée comme seule entité capable d’assurer la défense de l’Europe. Cette attitude est constante depuis sa création et de Gaulle en avait mesuré l’étendue sur l’échec du traité de l’Elysée de 1963. Pire que cela pour notre Président, mais l’Allemagne décide de faire « cavalier seul » et veut devenir la première puissance militaire de l’Union européenne.

De plus, cette guerre en Ukraine, exploitée dès le départ par les médias occidentaux pour bien marquer que c’était « toute l’Europe » qui était attaquée (alors que l’Ukraine n’est pas dans l’UE ni dans l’OTAN) a révélée la faiblesse des moyens militaires conventionnels des pays de l’UE. Car les premières victimes de la paix (retrouvée grâce à l’Europe, disaient les euro-fédéralistes) furent les budgets militaires.

Or, tous les historiens savent que, depuis la fin du XIXème siècle, les guerres sont gagnées par la puissance de l’industrie. El l’industrie militaire française est en recul constant depuis des décennies. Nous ne produisons même plus nos propres fusils d’assaut. Nous ne disposons au total que de 76 canons de type Caesar et le cycle de fabrication est très long. On a l’impression que nos propres stocks servent surtout de démonstrateurs à l’export…

Une tempête financière s’annonce

Sur le plan économique et financier, la situation est encore plus inquiétante. Les créations monétaires débridées ont généré une masse énorme de liquidités dont l’un des effets est le retour d’une inflation galopante. Les monétaristes la situe pour l’Europe entre 8 et 10% l’an, avec la perspective d’une augmentation pour les prochains mois.

Coté boursier, ces liquidités ont créé des « bulles » qui finiront par exploser

La BCE, dont le rôle est justement de maintenir une inflation autour de 2% l’an, se trouve maintenant dans une impasse. Pour réduire l’inflation, il faudrait augmenter les taux d’intérêts, comme le font, du reste, la Réserve Fédérale, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon.

Et c’est là ou le défaut de cette monnaie unique, réalisée sur des critères politiques et non économiques, va se révéler dans toute son étendue.

Pour réduire l’inflation, il faudrait donc augmenter le taux du crédit, qui dépend du taux d’intérêt en vigueur. Pour un pays qui peut financer ces déficits par sa banque centrale nationale, c’est assez simple : on en profite pour dévaluer la monnaie de façon à être plus compétitif et faire rentrer des devises. Mais lorsque la même banque centrale doit contrôler la monnaie en vigueur dans plusieurs pays, le problème est plus délicat. Si, en plus, ces pays ne répondent pas aux fameux « critères de Mundell » sur les zones monétaires optimales, le problème devient quasi-insoluble. L’harmonisation fiscale et l’harmonisation sociale, indispensables pour l’entrée en vigueur d’une monnaie unique, n’ayant pas été réalisées préalablement, les divergences économiques font que ce qui est bon pour certains est mauvais, voire destructeur, pour d’autres.

Normalement, l’abaissement du taux de crédit accompagne une relance. Que faire lorsque le taux est à zéro ? D’un autre coté, l’augmentation des taux augmente la charge de la dette, ce qui accroît encore les déficits des pays déjà en difficulté. La quadrature du cercle n’est pas loin…

Le double effet de l’inflation

Notre pays, ayant progressivement abandonné la production nationale, nous sommes de plus en plus tributaires des importations. Dans un pays ayant conservé ses capacités productives, ses produits redeviendraient compétitifs et la croissance repartirait. Nous n’avons plus de croissance et le renchérissement des denrées pose le problème du pouvoir d’achat. Augmenter les salaires sans croissance va mécaniquement augmenter l’inflation et menacer encore d’avantage  les entreprises.

Aggravée par les différentiels économiques des pays, c’est la monnaie unique et le carcan qu’elle se révèle être qui risque d’en faire les frais. Il faudrait adapter les mesures de la BCE à chaque pays (ou presque) de la zone euro pour qu ‘elles soient à la fois efficaces et acceptables par tous. Autant revenir tout de suite aux monnaies nationales et financer sans intérêt les déficits budgétaires.

Ce serait alors la fin du système financier international basé sur l’indépendance des banques centrales, et c’est ce qui est le plus probable.

La fin du « multilatéralisme »

L’objectif réel fixé depuis bien longtemps par ce qui est communément appelé la « finance internationale » est d’établir un ordre mondial basé sur le « multilatéralisme ». Alors que ce projet présentait toutes les chances d’aboutir après l’écroulement de l’empire soviétique, la disparition des nations, qui en était le corollaire, n’était plus qu’une question de temps. En 1991, les USA étaient la superpuissance mondiale et devait le rester pour longtemps. Mais la prospective n’est pas une science exacte, si tant est qu’elle soit une science, et le monde ne se conforme pas aux prévisions.

Aujourd’hui, même si la majeure partie de l’Occident reste sur cette mémoire d’intention, le reste des pays du monde semblent s’en éloigner, préférant revenir à des accords bilatéraux entre nations.

Cela met en péril cet outil essentiel du multilatéralisme qu’est le dollar, sur lequel s’est construit la puissance financière des banquiers « internationaux »

Or, au delà de la vision purement locale des choses, l’Union Européenne apparaissait comme une sorte « d’appartement-témoin » de ce monde futur. On comprend alors cette nécessité d’avancer « à marche forcée » vers ce fédéralisme européen, qui devait s’étendre ainsi de proche en proche, au moyen de traités à caractère multilatéral, jusqu’à couvrir l’ensemble de la planète en établissant le futur « gouvernement mondial »

Ce projet semble dorénavant irréalisable et cela va imposer des changements profonds en matière de politique publique. Ces changements ne peuvent se faire qu’en changeant pour une bonne part les dirigeants politiques en place, comme c’est généralement le cas lors des révolutions, car c’est bien de cela dont il s’agit. Encore faut-il espérer que cette profonde mutation se fasse dans le calme et sans violence inutile.

Notre Président à de quoi être inquiet.

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