Grands Lacs: l’explosion des « poissons vampires » après les confinements COVID inquiète les scientifiques

Grands Lacs: l’explosion des « poissons vampires » après les confinements COVID inquiète les scientifiques


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La crise du COVID-19 a laissé des séquelles inattendues dans les Grands Lacs d’Amérique du Nord. Selon une récente étude, la suspension des efforts de lutte contre les « poissons vampires » ou lamproies marines, en raison des confinements, a entraîné une explosion des populations de ce poisson parasite destructeur. Un phénomène qui pourrait menacer gravement l’équilibre écologique et économique de la région.

La lamproie utilise sa ventouse dentée pour se fixer fermement à ses proies.

Selon une étude publiée dans la revue Fisheries en mars, le nombre de populations de lamproies marines dans les Grands Lacs et les blessures infligées aux poissons ont fortement augmenté pendant le confinement. Les lamproies marines sont réputées pour sucer le sang de leurs victimes d’où leur surnom de « poisson-vampire ».

Un autre effet dévastateur des confinements COVID

L’étude publiée en mars dans la revue Fisheries a révélé un effet négatif du confinement lié au Covid-19. En effet, au cours de cette longue pause, les populations de lamproies marines ont explosé.  Les blessures que ces parasites ont infligées aux poissons sont aussi de plus en plus nombreuses.

Les lamproies marines, espèce envahissante originaire de l’Atlantique, ont envahi les Grands Lacs dès le XIXe siècle, provoquant des ravages parmi les poissons indigènes. En se fixant aux poissons pour aspirer leur sang, une seule lamproie peut tuer jusqu’à 40 livres de poissons. Des efforts de lutte massifs engagés depuis les années 1950 avaient permis de réduire leur population de 90 %.

Mais entre 2020 et 2021, les restrictions de voyage liées au COVID-19 ont considérablement limité l’application de lampricides — des pesticides spécifiques à la lamproie. Résultat : une flambée des populations, particulièrement dans le lac Ontario où leur nombre a été multiplié par dix. L’objectif du lampricide et des autres traitements consiste à empêcher les lamproies au stade larvaire de retourner de leur lieu de naissance vers les Grands Lacs.

Un enjeu économique majeur

La Commission des pêches des Grands Lacs, le Fish and Wildlive Service des Etats-Unis , Pêches et Océans Canada et l’US Geological Survey (USGS) ont collaboré pour mener une lutte contre la lamproie marine. Ils ont mis en place un programme visant à exterminer ces espèces envahissantes.

Mais la pandémie du Covid-19 a menacé son succès. Les équipes de contrôle, notamment celles basées dans le Michigan et en Ontario, ont en effet dû suspendre leurs travaux selon la Commission des pêches.

« Un contrôle continu et cohérent de la lamproie de la mer est d’une importance cruciale pour prévenir les dommages aux poissons des Grands Lacs »

, a déclaré le président de la Commission des pêches, Ethan Baker.

Les scientifiques ont observé une nette augmentation des blessures sur des espèces emblématiques comme la truite lacustre, le saumon coho et le chinook. Certaines prises de pêche affichaient jusqu’à trois marques de morsure par poisson.

Les pêcheurs récréatifs et les gestionnaires ont rapidement confirmé cette tendance sur le terrain. L’étude menée par 15 chercheurs de six agences confirme que la moindre pause dans les efforts de contrôle entraîne une recrudescence rapide et destructrice des lamproies.

La pêche dans les Grands Lacs génère plus de 5 milliards de dollars par an et soutient plus de 35 000 emplois directs. La prolifération incontrôlée des lamproies représente donc non seulement un danger écologique, mais aussi une menace directe pour l’économie régionale.


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