En Chine, la contestation contre le « zéro-Covid » prend de l’ampleur

En Chine, la contestation contre le « zéro-Covid » prend de l’ampleur


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Les problèmes d’ordre social et économique générés par la politique du "zéro Covid" en Chine se multiplient. A Zhengzhou, des manifestations et heurts ont éclaté dans la grande usine d’iPhone de Foxconn d’après des images et vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux Weibo et Twitter. Toujours à cause de cette politique de restrictions strictes, le secteur immobilier a connu une forte baisse de croissance. Le Fonds monétaire international (FMI) demande aux autorités chinoises d’offrir plus de soutien au secteur immobilier, et même  de relancer la vaccination.

Depuis bientôt trois ans, la stratégie du ” zéro Covid “ s’impose sans ménagement en Chine. Une grande fermeté qui pèse lourdement sur le moral de la population et sur l’économie chinoise. Le FMI table sur une croissance de 3.2% pour 2022, la plus basse depuis plus de 30 ans. Dans la ville centrale de Zhengzhou, la plus grande usine d’iPhone au monde gérée par Foxconn, ce mercredi 23 novembre, les ouvriers se sont de nouveau révoltés face à des policiers anti-émeute à cause des confinements stricts .

Violents heurts entre les ouvriers et la police anti-émeute

Depuis le mois d’octobre, l’usine de Foxconn nommée « iPhone City » a fait face à des problèmes de production suite aux restrictions sanitaires sévères appliquées par l’État.

Suite à la hausse des cas de Covid au sein de l’usine, qui emploie jusqu’à 300 000 personnes. Les autorités sanitaires ont ordonné le confinement du site le mois dernier. Une « bulle sanitaire » a été mise en place entre l’usine et les dortoirs. Les mesures drastiques comme l’isolement forcé ont poussé certains travailleurs à prendre la fuite et à rentrer chez eux.

Face à cette situation, l’usine a fait face à une baisse des effectifs. Elle a recruté de nouveaux employés et a promis d’offrir une « prime de rétention » aux employés qui acceptent de rester travailler jusqu’au mois de mars 2023. Mais il semblerait que la société n’aurait pas respecté ses engagements.

D’après des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, des travailleurs ont manifesté leur colère. Sur des vidéos, ils ont scandé « Défendons nos droits ! », certains d’entre eux ont brisé les caméras de surveillance et les fenêtres.

Un employé qui a été recruté récemment a déclaré à la BBC que Foxconn aurait changé leur contrat, et refuse de payer leur prime à la date stipulée dans le contrat, tout en ajoutant « ils nous mettent en quarantaine, mais ne nous donnent pas de nourriture. »

D’autres vidéos montrent également de nouveaux employés se plaindre de leurs conditions sanitaires, ils révèlent qu’ils partagent leurs dortoirs avec des travailleurs diagnostiqués positifs au Covid-19.

Les vidéos ont montré un affrontement entre les ouvriers et la police anti-émeute. Interrogé sur ces évènements, Foxconn a confirmé ces « violences », mais a nié placer les nouveaux employés avec les anciens employés.

Le géant taïwanais a toutefois indiqué qu’il allait collaborer avec le personnel et le gouvernement local afin d’éviter « que des incidents similaires se reproduisent ». Néanmoins, Foxconn a indiqué que les travailleurs vont recevoir les primes prévues.

Il est à noter que Foxconn est le principal sous-traitant d’Apple. Suite aux problèmes qui se sont produits dans cette usine, le géant californien a déjà prévenu ses clients que les expéditions des modèles d’iPhone 14 Pro et Pro max connaîtront une forte perturbation pour les fêtes de fin d’année.

D’après les analystes de JPMorgan, Apple devrait progressivement réduire sa production en Chine au cours des prochaines années, et pourrait fabriquer 25% de ces iPhone en Inde d’ici 2025.

Le secteur immobilier en difficulté

La politique du « zéro Covid » a aussi mis le secteur immobilier à mal. Le FMI prévoit une croissance de 3,2% en 2022 et de 4,4 % en 2023 si les autorités chinoises procèdent à la levée progressive des restrictions strictes au cours du second semestre 2023. Mais en attendant, il demande à la Chine d’apporter un soutien solide au secteur immobilier.

En effet, dans un discours vidéo prononcé lors du sommet Caixin à Pékin jeudi 17 novembre, Gita Gopinath, premier directeur général adjoint du FMI, avait déclaré que la Chine doit prendre les mesures adéquates pour relancer son économie.

Notons que les autorités ont déjà pris certaines mesures comme la mise en place d’un programme de prêts visant à financer la construction des maisons inachevées. D’après le FMI, elles pourront rétablir la confiance des investisseurs et relancer le marché en déclin.

Il faut souligner que suite à l’apparition de nouveaux variants du SARS-CoV-2 plus contagieux, la Chine se trouve dans l’obligation d’appliquer les restrictions sévères incluant le verrouillage complet de certaines villes. Pourtant, cela va peser lourdement sur l’économie. Selon la prévision établie sur les projections du Fonds monétaire international, la contribution annuelle moyenne de la Chine à la croissance économique mondiale pourrait diminuer de 29% d’ici en 2027.

Mercredi, le FMI a également appelé les autorités chinoises à relancer la vaccination contre le Covid-19 afin de pouvoir abandonner progressivement la politique « zéro Covid ».

Le zéro Covid s’étendra au-delà de 2023

La semaine dernière, le Conseil d’État chinois avait établi  16 nouvelles mesures, censées assouplir certaines restrictions anti-Covid. Beaucoup espèrent que la Chine puisse sortir progressivement du « zéro Covid »  d’ici la mi-2023.

Malheureusement, selon Bloomberg, la sortie de la Chine du « zéro-Covid » s’étendra au-delà de 2023. En effet, d’après Sam Fazeli, analyste pharmaceutique principal de Bloomberg Intelligence, une réouverture complète pourrait entraîner l’admission de 5,8 millions de personnes en soins intensifs, submergeant un système de santé qui compte actuellement moins de quatre lits de soins intensifs pour 100 000 personnes, soit beaucoup moins que les pays développés.

À noter que le mois dernier, l’agence de presse officielle chinoise Xinhua a cité une étude publiée dans Nature Medicine, selon laquelle une vague omicron incontrôlée pourrait submerger le système hospitalier et entraîner près de 1,6 million de décès, soit environ 50 % de plus que ce que les États-Unis ont enregistré jusqu’à présent.

Pour information, la Chine compte officiellement 5.232 décès au Covid-19 depuis 2020. Ce chiffre est bien évidemment de la propagande. Mais il fait partie de la construction d’un mythe: l’efficacité de la politique “zéro Covid”.


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