Pas besoin d’être complotiste pour établir qu’il y a un accident de laboratoire aux origines du COVID 19

Plus on en découvre sur les origines du COVID 19 - et les e-mails du docteur Fauci y aident puissamment - plus il faut se rappeler l'avertissement du grand historien Raoul Girardet dans son chef d'oeuvres "Mythes et mythologies politiques" (1986) au chapitre "La conspiration": " Ce qui ne peut manquer d'étonner, c'est l'ampleur du hiatus existant entre la constatation des faits, tels qu'ils peuvent être objectivement établis, et la vision qui en est donnée à travers le récit mythologique. Il ne s'agit pas, en effet, par rapport à la réalité, d'un simple phénomène d'amplification, de distorsion, sous l'effet d'un grossissement polémique. Il s'agit d'une véritable mutation qualitative: le contexte chronologique est aboli, la relativité des situations et des événements oubliée."

Premier exemple: Le banquet de Wuhan et la diffusion du COVID
Le 18 janvier 2020, alors que le pouvoir communiste chinois était depuis plusieurs mois au fait de l’épidémie, un banquet de 40 000 couverts était organisé par le parti communiste chinois à Wuhan. Le journal Libération avait repéré l’événement dès avril 2020 et en fait le commentaire suivant:
« Il faut s’arrêter un instant sur les circonstances de ce banquet qui a donné lieu à une mise en scène délirante. Des assiettes avaient été gravées à l’effigie de Xi Jinping, avec des slogans à sa gloire. Le journal local Chutian du shibao du 19 janvier a publié des photos des centaines de tables installées dans un immense hangar et vantant le fait que 13 986 plats avaient été servis pour cette fête. Des spectateurs ont été félicités d’avoir «surmonté la fièvre, la toux et la maladie pour participer à ce grand événement».
Alors que des docteurs courageux alertaient sur le danger de ce nouveau virus, le Parti maintenait des spectacles de divertissement à l’approche du nouvel an lunaire ».
Surtout, le journal retrace bien la psychologie des dirigeants chinois:
« Pourquoi le gouvernement local a-t-il maintenu ces festivités ? Parce que la priorité était la vie du Parti communiste, pas celle des citoyens. En janvier, les autorités étaient obnubilées par l’organisation des assemblées locales qui précèdent l’Assemblée nationale et de la Conférence consultative du peuple chinois qui se tiennent en mars. Pas question de renoncer à ce processus incontournable. Le parti avant tout ».
Le postulat non étayé du journaliste Jean Robin
Pourtant, le journaliste Jean Robin pense pouvoir faire de cet événement un événement machiavéliquement organisé par le PCC pour diffuser le COVID dans le monde entier. Il en veut pour preuve que le confinement pour la région de Wuhan a été mis en place le 22 janvier mais que le PCC n’a pas interdit aux personnes qui avaient quitté Wuhan d’aller rendre visite à leur famille à l’étranger. Mais quand il est interviewé sur France Soir il ne peut donner aucun chiffre spécifique sur le nombre de voyages qui ont effectivement eu lieu depuis Wuhan. Il se contente de répéter « Il y a 400 millions de personnes qui voyagent chaque année à l’occasion du Nouvel An chinois ». Un peu court.
Jean Robin fait des recherches minutieuses et il compile des informations utiles. On lui doit par exemple une cartographie de l’influence chinoise en France. Et il est convaincant quand il établit que les premières manifestations du COVID 19 remontent sans doute à septembre 2019. Mais il semble tout ignorer de la mentalité d’un régime totalitaire de type communiste au sein duquel la paranoïa fait commettre régulièrement de grossières erreurs.
Les régimes communistes se caractérisent d’abord par des erreurs de management massives
Xi Jinping a réinstauré un régime de terreur absolue et pendant plusieurs mois il n’était pas question de faire remonter l’information sur le COVID 19 même à des niveaux intermédiaires. Lénine, Staline, Mao, Pol Pot sont parmi les plus grands meurtriers de l’histoire autant par des désastres organisationnels (famines de la guerre civile pour Lénine en 1919-1920; refus de croire aux informations qu’il a sur l’attaque allemande imminente en juin 1941 pour Staline; Grand Bond en Avant pour Mao en 1958). Xi Jinping vient se joindre à la cohorte des tyrans incapables du communisme totalitaire. Une fois qu’il n’a plus été possible de dissimuler l’ampleur des infections, la Chine a essayé d’imposer au reste du monde la méthode du confinement total. Mais c’était d’abord pour dissimuler ses propres erreurs et non, comme le croit Jean Robin, pour détruire le monde: les dirigeants communistes sont convaincus des vertus de la coercition et ils voudraient que le monde entier soit (désastreusement) géré comme la Chine.

Deuxième exemple: la psychologie de bureaucrate du Dr Fauci
Depuis la publication de 3000 pages d’e-mails d’Anthony Fauci, on a vu les uns chercher à tout prix LA révélation. Et les autres (médias mainstream) défendre le bon Dr Fauci en criant à l’obsession complotiste.
En réalité, le tableau qui ressort des e-mails montre un Anthony Fauci qui se comporte essentiellement comme un haut fonctionnaire de la santé. Il traite tous ses mails (bonne habitude américaine) et donc on a un tableau assez complet de sa psychologie qui émerge. D’abord l’homme est inondé de mails flatteurs qui lui disent, venus de puissants ou de gens plus modestes, qu’il est l’homme clé de la situation. Et l’on voit comment Fauci, progressivement, prend la grosse tête. Ensuite, en bon bureaucrate, il fait attention à ne jamais répondre quand il pourrait s’exposer – montrer son ignorance de beaucoup d’aspect de l’épidémie en plein déploiement – par exemple, au départ, il surestime totalement la mortalité du virus. Et Fauci, rapidement, se met à conseiller les précautions maximales alors qu’il a repéré très tôt (mail du 4 mars 2020) que le virus est dangereux pour les personnes âgées et certains profils à risque (co-morbidité, obésité etc…). Mais il faut se protéger de tout reproche.
On cherchera en vain, dans les e-mails de mars et avril 2020, l’expression d’une animosité ouverte contre Donald Trump. Lorsque, par exemple, la rumeur se répand, que la Maison Blanche censurerait ses propos, il dément (2 mars 2020).
Pas de « complot chinois » mais une question légitime: quand a-t-on commencé à travailler sur des vaccins contre le COVID?
Il n’y a pas eu de « complot chinois » relayé par les Démocrates pour organiser la défaite de Trump et dont Fauci aurait été un des relais jusqu’au sein de la Maison Blanche. En revanche, il est certain que ce bureaucrate vaniteux est toujours plus sensible à ceux qui l’encouragent à contredire Donald Trump lors des conférences de presse (voir par exemple ses échanges avec Jeffrey Sachs).
L’histoire est rarement faite de plans qui se déroulent de manière linéaire. Ce qui nous permet de deviner la vraisemblance de l’accident de laboratoire, c’est le moment où Fauci panique, parce qu’on lui parle d’un virus fabriqué et qu’il sait avoir co-financé les recherches de Wuhan. A partir de là, sa préoccupation première est de se protéger. Mais il y a des sujets sur lesquels il ne se méfie pas. Il évoque des vaccins contre le COVID très tôt. Ainsi lit-on dans un e-mail du 2 mars:
« Il existe au moins dix projets de développement de vaccins en cours. Mais celui qui est le plus avancé, aux National Institutes of Health (NIH), est encore à environ six semaines du début du processus d’un essai de phase 1 sur des volontaires humains ».
Comment cela se fait-il? Sur ce sujet, en sait-il plus que ce qu’il révèle dans ses e-mails? Comment pouvait-il y avoir dès le début mars 10 projets de vaccins en préparation s’il n’avait pas circulé dès l’automne 2019 une information Est-ce que cela voudrait dire que l’on a su très tôt qu’il y avait eu un accident de laboratoire à Wuhan dans une unité où l’on travaillait sur des vaccins contre les coronavirus comme l’affirme depuis de longs mois Joseph Tritto, très sérieux et réputé médecin italien? En tout cas, Fauci nous donne un deuxième indice pour creuser la thèse de l’accident.
C’est quand on a écarté toutes les fausses théories du complot qu’on isole un élément qu’il vaut la peine d’investiguer.

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