Il faut savoir reconnaître le génie quand il nous éclabousse. Le 27 novembre 2025, Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste, a eu une épiphanie au Sommet de l'économie. Avec le sérieux d'un pape annonçant un dogme, il a déclaré : « Les entreprises ne vivent pas dans un enfer fiscal en France ». Mieux encore, il a assuré que nous étions « dans la moyenne ».

Je dois faire mon mea culpa. J'ai passé des années à éplucher des rapports de l'OCDE, à pleurer sur des courbes de Laffer et à vitupérer contre la spoliation étatique. J'avais tort. Monsieur Faure a raison. La France n'est pas un enfer fiscal. L'enfer, c'est un endroit de souffrance éternelle et désordonnée. La France, elle, est un modèle d'organisation, une horlogerie suisse de la ponction, un véritable paradis fiscal... pour l'État.
Le mythe de la "moyenne" (ou l'art de l'humour socialiste)
Dire que la France est dans la "moyenne" fiscale, c'est un peu comme dire que Rocco Siffredi est dans la moyenne de l'industrie textile : techniquement, il porte parfois des vêtements, mais ce n'est pas vraiment pour ça qu'il est connu.

Avec 45,6 % de prélèvements obligatoires sur le PIB en 2023 , la France trône fièrement au sommet du podium mondial, regardant de haut ses petits camarades de l'OCDE qui traînent à 34 %. Nous ne sommes pas "dans la moyenne", Monsieur Faure, nous sommes l'élite! Nous sommes les champions du monde de la tonte de moutons, capables de raser la laine avant même qu'elle n'ait poussé. Être 11 points au-dessus de la moyenne, ce n'est pas un écart statistique, c'est une prouesse artistique.

Le 18 juillet : jour de fête nationale (bis)
Pour bien comprendre à quel point nous vivons au paradis, regardons notre calendrier. Grâce à l'Institut Économique Molinari, nous savons que le jour de "Libération Fiscale" tombe désormais vers le 17 ou 18 juillet.
Quelle chance inouïe! Du 1er janvier à la mi-juillet, chaque matin, quand vous vous levez, vous ne travaillez pas pour vos vils intérêts égoïstes (nourrir vos enfants, payer votre loyer). Non, vous travaillez pour la Gloire de la Nation, pour financer des ronds-points décoratifs, des Observatoires de la Loutre en milieu urbain et, bien sûr, le salaire des députés qui vous expliquent que vous ne payez pas assez. C'est du bénévolat forcé de masse. Si ce n'est pas le paradis de la solidarité, qu'est-ce que c'est?

L'innovation fiscale : taxer l'air, le vide et les abris de jardin
Là où la France force l'admiration, c'est dans sa créativité. L'enfer fiscal est monotone. Le paradis fiscal français, lui, est foisonnant de surprises.
Prenez 2025. Vous pensiez ranger votre tondeuse en paix? Que nenni! La taxe d'aménagement sur les abris de jardin augmente encore de 1,75 % cette année, portant la valeur forfaitaire à plus de 930 € le m² en province et plus de 1000 € en Île-de-France. Vous avez bien lu. L'État français a réussi à créer un impôt sur les cabanes. Bientôt, nous aurons une taxe sur l'ombre projetée par les parasols (calculée selon l'indice UV et le coefficient de marée, évidemment).
Et que dire des taxes comportementales? La "taxe soda" augmente encore en 2025. L'objectif est officiellement de lutter contre l'obésité, mais vu que l'État est lui-même en surcharge pondérale morbide (57 % de dépense publique), on se dit que c'est surtout pour payer ses propres buffets.
67 000 entreprises ont quitté le paradis (trop d'émotion sans doute)
Monsieur Faure affirme que le système « permet aujourd'hui aux entreprises de vivre ». C'est factuellement vrai, si l'on exclut celles qui sont mortes.
En 2024, nous avons battu un record historique avec plus de 67 000 défaillances d'entreprises. C'est une hécatombe? Non, voyons, c'est de la "destruction créatrice" administrée! Ces entreprises n'ont pas fait faillite à cause des charges, des normes absurdes ou du coût de l'énergie. Non, elles ont simplement été submergées par tant de bonheur fiscal qu'elles ont préféré fermer boutique, sans doute pour ne pas faire de l'ombre à la concurrence internationale qui, elle, vit dans l'enfer libéral des taux bas.
Le secteur du transport (+59 % de faillites) ou de la construction (+30 % pour les PME de plus de 50 salariés) ne sont pas en crise. Ils se restructurent pour mieux apprécier la complexité administrative française, ce trésor national qui nous coûte 100 milliards d'euros par an en paperasse inutile.

Merci Olivier!
Alors merci, Olivier Faure. Merci de nous ouvrir les yeux. Quand un entrepreneur passe son dimanche à remplir des formulaires Cerfa au lieu de voir sa famille, il est au paradis. Quand un héritier doit vendre l'entreprise de son père pour payer les droits de succession (sauf s'il arrive à naviguer dans la niche Dutreil que vous voulez supprimer ), il est au paradis. Quand l'État prend 100 et rend 10 sous forme de "subvention" en vous demandant de dire merci, c'est l'extase.
La France est effectivement un paradis. C'est le seul pays au monde où l'on peut affirmer sans rire que la confiscation de la moitié de la richesse nationale est une "moyenne" et que la liberté économique est une déviance d'extrême-droite. Pour nous, pauvres libertariens attachés à la réalité arithmétique, il ne reste qu'une option : rire. Rire jaune, certes, mais c'est la seule chose qui n'est pas encore taxée.
Pour 2026, je suggère à Monsieur Faure une nouvelle taxe sur le sarcasme. Avec moi, il comblerait le déficit en une semaine.

