Cybercriminalité ou guerre d’influence ? Un basketteur russe détenu à Roissy sur demande des USA

Depuis la guerre d’Ukraine, la France continue à se consacrer à la lutte contre l’ingérence russe dans le débat public. Arrêté sur le sol français à la demande de Washington, Daniil Kasatkin, basketteur de haut niveau russe, est accusé d’appartenance à un réseau de hackers. Pour son entourage, il s’agit d’une erreur judiciaire car rien ne prouve que Daniil Kasatkin soit un pirate. En revanche, tout indique qu’il est devenu une cible symbolique dans un affrontement qui ne porte pas de nom, entre Washington et Moscou.

Le basketteur professionnel, membre de l’équipe de Moscou MBA-MAI, Daniil Kasatkin a été arrêté en France le 21 juin, à la demande des Etats-Unis. La justice américaine l’accuse de « complot de fraude informatique ». Le sportif de haut niveau est placé sous écrou extraditionnel depuis le 23 juin dernier. Dans le contexte actuel, arrêter un sportif russe sans expertise technique apparente soulève nombreuses questions sans réponses, ou s’agit-il simplement d’un coup politique pour afficher la fermeté des États-Unis face à la Russie ?
Un mandat d’arrêt américain contre Kasatkin
Le basketteur professionnel russe Daniil Kasatkin, membre de l’équipe de Moscou MBA-MAI, a fait l’objet d’un mandat d’arrêt américain. Il est accusé de « complot en vue de commettre une fraude informatique » et « complot de fraude informatique ».
Kasatkin est accusé par les États-Unis d’avoir été membre d’un réseau de pirates informatiques ayant ciblé pas moins de 900 entités, dont deux agences fédérales américaines, entre 2020 et 2022. Une demande d’extradition vers les États-Unis a été lancée, demande qui aurait fondée sur des preuves numériques sur un ordinateur portable en sa possession.
Un mandat d’arrêt américain a été lancé contre Daniil Kasatkin, le 21 juin, il a été arrêté à l’aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaule à la demande des Etats-Unis. Depuis le 23 juin, le basketteur russe est placé sous écrou extraditionnel.
Des preuves bien fragiles
Kasatkin nie toutes ces allégations. La base de l’accusation ? Un ordinateur portable d’occasion que Kasatkin aurait acheté en Russie, et sur lequel auraient été retrouvées des données compromises. Selon son avocat, Me Frédéric Bélot, rien ne prouve que l’athlète ait lui-même généré ou manipulé ces fichiers. Il avance même que son client serait incapable d’installer une application seul.
Selon son avocat, le maître Frédéric Bélot,
« il est nul en informatique et n’est même pas capable d’installer une application »
Comment un jeune sportif sans antécédents judiciaires, sans compétences informatiques avérées, aurait-il pu infiltrer des systèmes gouvernementaux ultra-sécurisés ? Le dossier d’accusation semble reposer davantage sur une présomption de culpabilité liée à sa nationalité que sur des éléments techniques.
Me Frédéric Bélot a plaidé maintes fois l’innocence de son client. Il a aussi demandé sa remise en liberté en présentant comme argument l’impact de la détention du sportif sur sa condition physique. « Il n’a pas de chaise dans sa cellule », « pas d’accès à une salle ou à un terrain de sport », tout cela risque de « compromettre gravement la suite de sa carrière », a expliqué l’avocat.
Malgré les propositions de contrôle judiciaire avec caution formulées par son avocat, les juges ont maintenu sa détention, laissant planer la menace d’une extradition vers les États-Unis. Pour Moscou, cette arrestation pourrait bien être l’illustration d’un harcèlement ciblé contre ses ressortissants, au moment où les tensions avec les USA et l’UE atteignent des sommets.
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