Crise de régime à J+4 : l’entrée en scène de Macron fait monter les paris

Crise de régime à J+4 : l’entrée en scène de Macron fait monter les paris


Partager cet article

Après le très prévisible résultat des législatives donnant une simple majorité relative au Président, la crise de régime a commencé plus vite que prévu. Alors que Macron pouvait facilement anticiper ce résultat en demi-teinte, il semble sous le choc et improvise manifestement une riposte… qui risque de décomposer le régime beaucoup plus vite que nous le pensions. Personnellement, j’adore…

Tonton You ya que nous qui ne connaissons pas sa valeur ???? pic.twitter.com/Fi3hUjA5O0

— Ssyn_ (@Ssyn_) June 22, 2022

Dans un monde normal avec un Président de la République qui contrôle la situation et dirige raisonnablement le pays, la semaine ne se serait certainement pas déroulée comme elle s’est déroulée.

Dès le lundi, peut-être à 20 heures, peut-être avant 20 heures, le Président aurait parlé au pays, après avoir accepté la démission de la Première Ministre. Il aurait dit aux Français ce qu’il pense du résultat, si attendu que nous l’avions annoncé dix jours avant, et il aurait pris une position claire. Soit il aurait demandé à Elisabeth Borne d’expédier les affaires courantes le temps de former un nouveau gouvernement, soit, comme en Belgique, il aurait nommé un « informateur » chargé d’explorer les possibilités d’une coalition pour gouverner.

L’autoritarisme est consubstantiel à Macron

Mais ce scénario-là se déroulerait dans une démocratie normale. Emmanuel Macron n’appartient pas à ce monde-là. Il appartient à la caste mondialisée, comme Aymeric Caron de la France Insoumise d’ailleurs, ou comme Eric Zemmour, qui considère que le suffrage universel revient à faire voter des « cons », des « abrutis » ou des « analphabètes ».

Donc, le suffrage universel n’est audible que quand il vous donne raison. Il est disqualifié lorsqu’il vous donne tort.

Ce blocage culturel, d’aucuns diront politique, exlique largement pourquoi Emmanuel Macron va, sans s’en rendre compte, aggraver et accélérer la crise de régime au lieu de la retarder.

Le refus de reconnaître l’autre et sa liberté

De ce refus d’entendre ce que l’autre pense s’il ne pense pas comme vous (procédé largement promu par la propagande sur le vaccin dénonçant les « complotistes »), Macron n’a cessé de donner des démonstrations cette semaine. Jusqu’à ce mercredi soir, il s’est étonnamment tu, refusant la légitime démission de la Première Ministre. Puis il a reçu sans intention claire les leaders de sa toute nouvelle opposition. On ne sait si c’était pour les écouter ou les intimider.

Enfin, il a pris la parole à la télévision pour expliquer qu’il avait été élu sur un mandat clair (en l’espèce, la retraite à 65 ans et le rejet du RN), et que l’opposition devait désormais dire si elle se ralliait à lui ou pas.

Bref, voilà un Président qui est tétanisé par des événements pourtant d’autant plus prévisibles qu’il n’a pas fait campagne… et qui demande désormais une allégeance à des groupes forts de leur légitimité populaire pour lui dire non. C’est comme si il n’avait absolument rien compris à la démocratie.

Comme s’il était un enfant qui pigne pour avoir son jouet.

Un dangereux calendrier pour les institutions

La logique institutionnelle aurait voulu qu’il laisse Elisabeth Borne gérer la crise puisqu’elle est, constitutionnellement, la cheffe de la majorité. Bousculant l’Etat de droit comme à son habitude, Macron gère la situation en direct, avec son habituelle incapacité à décider, privant Elisabeth Borne de la possibilité d’affirmer son autorité, et subordonnant l’ensemble du débat public à ses caprices d’enfant.

Petit problème : Macron se prive ainsi d’un coupe-circuit, puisque, une fois de plus, il se place au premier rang de la salle pour gérer un scénario qui lui échappe.

Deuxième autre petit problème : Macron n’aura pas le temps de s’occuper de la politique intérieure, y compris de ce problème accessoire qui consiste à disposer d’un gouvernement. Il doit en effet empiler un sommet de l’Union, puis un G7, puis une réunion de l’OTAN. Bref, nous sommes trop petits pour lui, et le règlement des affaires attendra au mieux la semaine prochaine.

Pendant ce temps-là… le siège de Président est vacant.

La porte est ouverte à toutes les révolutions, du fait de l’incurie présidentielle. On mesure ici le risque de Macron prend en ne déléguant pas la gestion des affaires qu’il n’est plus en mesure de suivre…

Une crise de régime accélérée

Bref, Macron le brillant, Macron le génie, est visiblement cornérisé lorsqu’il s’agit de gérer une crise où le peuple lui dit son désamour sans échappatoire et sans manipulation possible. Comme un enfant boudeur qui retient sa respiration jusqu’à ce que ses parents cèdent, il expose tout un pays à une crise de régime accélérée.

La France, en 2017, a cru se sauver avec un Jupiter. Las ! c’était un imposteur, et le pays est désormais aux abois.

Rien n’exclut que la mort de la Vè République ne survienne beaucoup plus vite qu’on ne le pense faute d’un Président à la hauteur des enjeux.

Rejoignez la sécession !

Vous en avez assez de subir cette mascarade ? Vous voulez entrer sereinement en résistance contre cette dictature ? Déjà plus de 5.000 membres…

Rejoignez Rester libre !

Encore + de confidentiels et d’impertinence ?

Le fil Telegram de Rester libre ! est fait pour ça

Je rejoins le fil Telegram


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Malgré un État-providence omniprésent et un budget social colossal, l'écart de l'espérance de vie entre riches et pauvres se creuse. Selon l’étude publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), lundi 15 décembre, les plus modestes vivent moins longtemps, et l’écart se creuse. Un constat brutal qui interroge l’efficacité réelle des politiques sociales et sanitaires. La promesse centrale de l’État social français est connue : réduire les inégalités par la red


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction

Monopole de la force, monopole de l'abus ? Le cas troublant de la police des mineurs
Photo by Geoffrey Moffett / Unsplash

Monopole de la force, monopole de l'abus ? Le cas troublant de la police des mineurs

Un ancien chef de la brigade des mineurs de Rouen, âgé de 51 ans, a été mis en examen pour agressions sexuelles sur deux adolescentes et détention d'images pédopornographiques. Incarcéré à Évreux, il reconnaît partiellement les faits. Ce scandale révèle l'infiltration des réseaux pédophiles au cœur des institutions censées protéger les vulnérables. Dans un communiqué du parquet d'Évreux daté du 15 décembre, les détails glaçants d'une affaire impliquant un policier de haut rang émergent. Ce majo


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany