Comment Macron mène la France à la banqueroute

Comment Macron mène la France à la banqueroute


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La banqueroute est le vieux serpent de mer des finances publiques françaises depuis l’accession des Capet au pouvoir. C’est d’ailleurs le risque de faillite qui a fait sombrer le dernier de cette illustre famille, Louis XVI, incapable de réduire les dépenses et les déficits publics et obligés de border en haute mer pour faire face à une situation ingérable. Deux cents et quelques années plus tard, le capitaine de pédalo Emmanuel Macron connaît une situation assez similaire : les dépenses publiques sont défendues becs et ongles par la technostructure qui ne veut pas se serrer la ceinture, et le fossé d’une dette en expansion permanente se creuse à une vitesse extra-terrestre. Bruno Le Maire vient d’en rajouter une couche. Au train où vont les choses, l’économie française va s’effondrer de façon aussi spectaculaire que l’économie soviétique en son temps.

« Nous nous attendons à un déficit public de 9,4% pour 2021 »

???? @BrunoLeMaire, ministre de l’Economie et des Finances

#les4V pic.twitter.com/WsCu95RkjO

— Caroline Roux (@Caroline_Roux) May 31, 2021

Et si la banqueroute ponctuait le quinquennat déjà très chahuté d’Emmanuel Macron ? Tous les ingrédients se réunissent progressivement pour que le scénario catastrophe tant redouté en matière de finances publiques (à savoir une nouvelle crise de l’euro due cette fois non plus à la Grèce mais à la France) prenne corps.

Bruno Le Maire annonce le pire

On n’en a finalement pas beaucoup parlé parce que la presse subventionnée a définitivement renoncé à faire son travail (500 millions € de subventions chaque année, ça aide à s’aveugler), mais l’annonce est pourtant explosive. Bruno Le Maire a déclaré, ce lundi matin, sur le plateau de France 2, l’ampleur de la catastrophe : le déficit public atteindra 9,4% du PIB en 2021.

Bien évidemment, le ministre a utilisé la technique habituelle pour étouffer les cris d’orfraie qu’une nouvelle de ce genre devrait nous arracher. Il a quitté le terrain où il est l’avant-centre pour devenir commentateur sportif, expliquant pourquoi le budget de l’Etat prenait l’eau à ce point.

Ce déficit « est lié à trois choses : la première c’est que nous reportons un certain nombre de dépenses de 2020 sur 2021 (…), [ensuite] parce que nous continuons à aider un certain nombre de secteurs et d’entreprises, même si progressivement nous allons supprimer ces aides, et en troisième lieu parce qu’il y a une partie du plan de relance qui est décaissé »

Traduction : on vous explique ce qui ne marche pas, et on n’y peut rien.

Rappelons qu’initialement, le déficit devait être de 8,5% du PIB seulement, soit 20 milliards € de moins. Cela fait tout de même 2 budgets et demi de la Justice qui viennent d’être engloutis à cause de « trois choses ». On peut penser que l’argent serait mieux utilisé dans les palais de justice.

Le déficit de l’Etat 2021 pire que celui de 2020…

La France réussit donc l’exploit incroyable d’avoir un budget de l’Etat en déficit plus élevé en 2021 qu’en 2020…

Rappelons que le déficit de 2020 s’est élevé à 9,2% du PIB. Malgré les annonces rocambolesques sur la relance, que nous avons toujours épinglées comme mensongères et populistes, le pire s’annonce donc pour les contribuables soumis à la caste des hauts fonctionnaires bien décidés à ne faire aucun effort pour partager le fardeau de la crise. Le temps passe, et de reprise tant attendue, on ne voit pas le bout du nez.

En revanche, les déficits se creusent et personne ne sait comment les financer.

Le jour où Macron a annoncé la banqueroute de l’Etat

C’est passé plutôt inaperçu là aussi, mais Macron a rendu service à ses copains de Challenges qui avaient fait sa campagne en 2017, en donnant devant eux une longue conférence sur le sens de l’Etat. Il y a subpreticement expliqué sa technique pour rembourser la dette :

Quant aux finances publiques, il faut raisonner à l’inverse de ce que nous faisons aujourd’hui : fixons-nous nos objectifs de croissance et donnons-nous les moyens de les atteindre. Cela ne veut pas dire endosser quelque laxisme budgétaire que ce soit, mais plutôt de réinventer un cadre rigoureux d’évaluation de la qualité de la dépense publique. (…) Il n’y a pas de fatalité. Visons plus de croissance, car c’est le seul chemin qui nous permet de viser plus de protection sociale, plus d’innovation, plus d’investissement dans la transition écologique, plus d’égalité et de justice dans nos sociétés mais aussi entre les continents.

Traduction : on ne va pas diminuer les dépenses publiques, on va simplement augmenter la croissance (comme si l’excès de dépenses publiques, qui crée impôts et bureaucratie, ne tuait pas la croissance). Voilà donc une stratégie de dépenses qui se fonde sur une espérance de recettes.

N’importe quel ménage qui se surendetterait, en France, en expliquant qu’il remboursera grâce à des salaires mirobolants qu’il ne touche pas, mais qu’il percevra un jour, serait immédiatement fiché par la Banque de France. Mais quand c’est Macron qui parle devant la Toulouse School of Economics, le même réflexe ne semble poser de problème à personne.

Il faut pourtant comprendre qu’il n’y a aucune différence de nature entre les deux raisonnements, qui mènent tous deux à la banqueroute.

Les chiffres paniquants de la croissance

Autre chiffre passé quasiment inaperçu : les chiffres de la croissance au premier trimestre 2021. Ils sont franchement mauvais puisqu’ils montrent que la France est en récession (mais chut! il ne faut pas le dire au nom de l’unité nationale qui exige que nous nous abusions tous sur la réalité en mâchant collectivement des champignons hallucinogènes).

Bref, au premier trimestre 2021, le PIB a baissé de 0,1%. En avril, la consommation a fortement baissé.

En soi, toutes ces mauvaises nouvelles pourraient être relativisées si la stratégie d’Emmanuel Macron ne consistait pas à parier sur le retour de la croissance pour remettre l’Etat à flots. Mais comme toute sa stratégie consiste à mentir une énième fois aux Français en leur expliquant qu’on peut sortir de l’ornière sans effort, il y a comme un problème, désormais, à la tête de l’Etat.


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