Comment Donald Trump veut contrôler les données privées des migrants
En 2023, l’administration Biden avait suspendu ce contrat afin de vérifier sa conformité avec un décret interdisant aux agences fédérales d’utiliser des logiciels espions commerciaux susceptibles de violer les droits humains. L’agence américaine de l’immigration (ICE) a levé la suspension d’un contrat de 2 millions de dollars avec Paragon, éditeur d’un logiciel espion accusé d’avoir déjà ciblé des journalistes et militants en Europe. Cette décision soulève des inquiétudes quant au respect des droits humains et à l’usage de technologies de surveillance dans la politique migratoire américaine.

L’année dernière, l’Immigration ans Customs Enforcement (ICE) a signé un contrat d’une valeur de 2 millions de dollars avec Paragon, le fabricant israélien de logiciels espions. L’administration Biden a émis un « ordre d’arrêt des travaux ». Environ un an plus tard, alors que le contrat est en cours d’expiration, l’ICE a décidé de le réactiver selon le journaliste indépendant, Jack Poulson, le premier à avoir rapporté la nouvelle.
Le contrat avec Paragon de nouveau en vigueur
Peu de temps après la signature d’un contrat entre le service de l’immigration et des douanes des Etats-Unis (ICE) et Paragon, l’administration Biden a émis un « ordre d’arrêt des travaux ». Le contrat a été mis en examiné. Le but de cette démarche était de vérifier s’il était conforme à un décret sur les logiciels espions commerciaux. Ce texte de loi interdit aux agences gouvernementales américaines d’utiliser ces programmes qui pourraient violer les droits de l’homme ou cibler des Américains à l’étranger.
Mais, contre toute attente, une mise à jour officielle du Federal Procurement Data System, datée du 30 août dernier, confirme que l’ordre de blocage a été levé.
Le contrat inclut une solution complète : licence, matériel, maintenance, garantie et formation, ce qui laisse penser à une utilisation opérationnelle imminente.
La nouvelle a été dévoilée par le journaliste indépendant Jack Poulson dans sa newsletter. En février 2025, le président exécutif de Paragon, John Fleming, a confié à TechCrunch qu’elle vendait uniquement ses logiciels au gouvernement américain et aux autres pays alliés non spécifiés.
Paragon et ses antécédents
Le logiciel espion de Paragon, baptisé Graphite, est capable d’infecter un téléphone via des pièces jointes PDF sur WhatsApp ou des attaques zero-click sur iMessage. Une fois installé, il permet d’accéder aux messages privés, aux appels et à d’autres données sensibles de la cible.
La question qui se pose est : est-ce Paragon va continuer à collaborer avec l’ICE ? Notons que les pouvoirs de surveillance de cette agence américaine ont été renforcés depuis que Donald Trump occupe la Maison Blanche. Elle a aussi intensifié les expulsions massives. Pourtant, Paragon a déjà été confronté à un « dilemme éthique » scandaleux suite à la révélation-choc de WhatsApp en janvier.
La plateforme de messagerie a dévoilé qu’environ 90 de ses utilisateurs ont été ciblés par le logiciel espion Graphite. Les victimes étaient composées principalement de journalistes et de défenseurs des droits humains. Le journaliste italien Francesco Cancellato et plusieurs militants pro-immigration en faisaient partie selon leur déclaration.
« Ces outils ont été conçus pour des dictatures, pas pour des démocraties »
souligne John Scott-Railton, chercheur au Citizen Lab.
Pour rappel, selon des enquêtes de Wired et CNN, Elon Musk, via son Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), travaillait déjà avec Peter Thiel et sa société Palantir à la mise en place d’une base de données centralisée pour accélérer les expulsions. Ce système, surnommé la « machine de déportation », centraliserait des données fiscales, sociales et sécuritaires afin d’identifier massivement les migrants sans papiers.
Désormais, les défenseurs des droits civiques redoutent que l’usage de Graphite ne vienne compléter cet arsenal, en permettant une surveillance intrusive des communautés concernées, mais également des citoyens US.
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