La nouvelle Médiatrice de l’Union européenne, Teresa Anjinho, a promu son propre chef de cabinet au poste le plus prestigieux de son administration. Une nomination qui soulève la question : l’UE défend-elle encore l’éthique ou protège-t-elle sa caste ?

L'Union Européenne, censée incarner l'éthique et la bonne administration, vient de signer un nouvel épisode de « République des copains ». La Médiatrice européenne Teresa Anjinho a propulsé Lampros Papadias, son propre chef de cabinet au poste stratégique de Secrétaire Général . Ce poste de haute fonction publique, classé aux échelons AD15 et AD16, bénéficie de la rémunération la plus élevée de l'UE, s'élevant à environ 20 000 € par mois.
Un dysfonctionnement au sein de l’UE
Teresa Anjinho, la médiatrice de l’UE, a promu son chef de cabinet, Lampros Papadias, au poste de secrétaire général.

Cette nomination ne relève pas de l'exploit méritoire, mais du pur clientélisme institutionnel, en effet, Teresa Anjinho a non seulement présidé le jury de sélection, mais elle a également dirigé les entretiens.
« Je suis sûr qu’ils démontreront avoir respecté les règles en vigueur…mais il semble que nous ayons fait quelque chose que nous avions critiqué par le passé.»
a avancé un employé du Médiateur européen.
L'ombre de l'Affaire Selmayr plane sur cette nomination. Rappelons qu'en 2018, l'ancien président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait promu son chef de cabinet, Martin Selmayr, au poste de Secrétaire Général de la Commission.
Le Parlement européen et, ironie du sort, le Médiateur de l'époque, avaient condamné cette décision comme une violation flagrante des principes de transparence et de bonne administration.
Aujourd'hui, Teresa Anjinho, membre du Parti Populaire Européen (PPE), la famille politique dominante et mondialiste de l'UE , réitère la manœuvre, à peine huit mois après son investiture.
Sous anonymat, un ancien membre du personnel du Bureau pense que prendre la décision de promouvoir son proche collaborateur n’est pas une « bonne image » pour une médiatrice de l’UE. Il a ajouté que c’est « un jour triste pour l’état de droit au sein de l’administration de l’UE ».

Bruxelles, une République des copains
Le porte-parole du Médiateur européen a essayé de défendre les décisions de Teresa Anjinho, et a déclaré:
« Il s’agissait d’une procédure ouverte qui a permis de recevoir d’excellentes candidatures. A l’issue d’un processus de recrutement rigoureux, le meilleure candidat a été sélectionné »
Dans un courriel consulté par Euractiv, Teresa Anjinho s'est défendu en déclarant que « le processus (d’appel à candidatures) a été supervisé par un comité de sélection de haut niveau, garantissant une évaluation juste, transparente et rigoureuse de tous les candidats ».
Elle a vanté les mérites de son chef de cabinet, un avocat membre de l’office antifraude de l’UE. Dans ce courriel, elle a écrit que « Lampros apporte une riche expérience interinstitutionnelle, juridique et managériale, un profond attachement à la mission et aux valeurs du Médiateur européen, ainsi qu’une parfaite adhésion à la vision et à l’orientation stratégique du Bureau".
Pourtant, l’affaire Papadias illustre une vérité dérangeante : Bruxelles fonctionne toujours comme une République des copains. Les postes à haute responsabilité circulent au sein d’un microcosme d’initiés où les affinités politiques et les loyautés personnelles priment sur la compétence.
Ce favoritisme à peine déguisé mine la crédibilité d’une UE qui prétend surveiller les États membres pour des « atteintes à l’État de droit ». Comment parler d’exemplarité quand la médiatrice censée garantir l’intégrité administrative pratique le copinage en interne ?
