Blocus humanitaire à Gaza : 2,1 millions de personnes menacés de famine

Cela fait plus de deux mois qu’Israël a imposé le blocus humanitaire à Gaza. La famine menace les 2,1 millions d’habitants de la ville. Trois quarts de la population se trouvent en situation de malnutrition aiguë et elles sont exposées à la maladie et à la mort. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) demande le respect des principes humanitaires fondamentaux et la levée du blocus.

Selon le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), publié le 15 mai 2025, l’ensemble des 2,1 millions d’habitants de Gaza souffre de pénurie alimentaire. Près de 500 000 personnes sont classées en phase « catastrophe » (niveau 5 de l’IPC), caractérisée par une malnutrition aiguë sévère, des maladies graves et des décès. Les trois quarts de la population se trouvent aux stades « urgence » ou « catastrophe », signalant une détérioration rapide de la sécurité alimentaire. Bien que la famine ne soit pas encore officiellement déclarée, des morts dues à la faim sont déjà rapportées, notamment parmi les enfants.
2,1 millions de personnes menacés de famine
Selon le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, « il n’y a pas besoin d’attendre que la famine soit déclarée à Gaza pour le constater : affamés, les habitants tombent malades et meurent. Pourtant, la nourriture et les médicaments sont bien disponibles, à quelques minutes de là, de l’autre côté de la frontière ».
Les données du Ministère de la santé révèlent que 57 enfants sont morts de malnutrition depuis le début du blocus humanitaire. Selon le rapport du Cadre intégré de classification, ce chiffre va augmenter si la situation perdure. Près de 71.000 enfants de moins de cinq ans seront victimes de malnutrition aiguë au cours des 11 prochains mois. Cela va affaiblir leurs organismes, ce qui va les exposer à plusieurs maladies comme la diarrhée, la rougeole et la pneumonie. Les infrastructures de santé s’effondrent : l’accès à l’eau potable est quasi nul, et les services de santé maternelle sont quasiment inexistants.
La malnutrition menace aussi les femmes enceintes et allaitantes. Environ 17.000 d’entre elles pourraient avoir besoin d’un traitement au cours des 11 prochains mois. Si les mères souffrent de malnutrition aiguë, elles ne peuvent plus produire de lait nutritif, ce qui mettra en danger leurs enfants. Notons que les habitants de Gaza sont aussi privés d’eau potable, ce qui engendre un grave problème d’hygiène.
Un appel à la fin du blocus
« Le rapport publié aujourd’hui montre que sans un accès immédiat à la nourriture et aux fournitures essentielles, la situation continuera de se détériorer et les décès de se multiplier tandis que la population sombrera dans la famine »
, a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le plan des autorités israéliennes qui consiste à distribuer de la nourriture et des produits essentiels dans des zones contrôlées ne suffit plus à régler le problème. Le patron de l’OMS réitère l’appel des Nations Unies au respect de principes humanitaires fondamentaux à savoir : humanité, impartialité, indépendance et neutralité.

Le Dr Tedros demande aussi la levée du blocus humanitaire afin que les habitants de Gaza puissent bénéficier d’une aide adéquate. L’agence et ses partenaires sont prêts à livrer les fournitures médicales vitales et les vivres. Un système humanitaire coordonné et éprouvé est déjà en place. Le blocus compromet le projet de l’OMS de soutenir 16 centres de traitement ambulatoires et trois centres hospitaliers de traitement de la malnutrition. Aujourd’hui, les stocks de l’OMS à Gaza ne permettent de traiter que 500 enfants sur des dizaines de milliers. Les médicaments pour les blessés et les malades sont pratiquement épuisés, et aucun réapprovisionnement n’est possible tant que le blocus se poursuit.
La crise actuelle met en lumière l’inaction de la communauté internationale. Si les États-Unis et certains pays européens sont critiqués pour leur soutien à Israël, les pays des BRICS, à l’exception de l’Afrique du Sud, se sont contentés d’un rôle économique, sans proposer de solutions politiques. Cette passivité, qualifiée par certains de complicité, aggrave le sentiment d’abandon des Palestiniens face à ce que beaucoup décrivent comme un génocide.
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