L’humoriste Blanche Gardin affirme être boycottée par le milieu culturel français après un sketch sur Israël. Entre mise à l’écart professionnelle et menaces, son cas interroge sur la liberté d’expression dans le secteur culturel.

Blanche Gardin, humoriste connue pour son style tranchant, affirme subir un boycott professionnel et des menaces depuis un sketch évoquant l’antisémitisme et le conflit israélo-palestinien présenté lors d’une soirée militante fin 2023. Son témoignage, livré dans Arrêt sur images, met en lumière les pressions économiques et sociales qui pèsent sur les artistes franchissant cette ligne rouge. Sans condamnation judiciaire ni interdiction officielle, l’humoriste décrit une mise à l’écart aux conséquences matérielles lourdes. En France, la critique d’Israël est-elle devenue socialement interdite dans le monde de la culture ?
Blanche Gardin, d’artiste reconnue à figure mise à l’écart
Dans une interview accordée à Arrêt sur images, Blanche Gardin explique que les propositions professionnelles se sont taries depuis la polémique entourant son sketch présenté à La Cigale, en duo avec Aymeric Lompret. Résultat : chute des revenus, départ contraint de son logement, et isolement professionnel.
Si la comédienne apparaît pourtant à l’affiche de plusieurs films récents, elle précise que ces tournages ont eu lieu avant la controverse. Depuis, dit-elle, « plus rien ». Une situation qu’elle attribue explicitement à une sanction du milieu culturel, et non à un désintérêt du public.
Au-delà de l’ostracisme professionnel, elle rapporte avoir reçu des menaces de viol et de meurtre, des appels téléphoniques coordonnés depuis Israël, et même des tags sur sa porte. Son frère aurait également été agressé. Ces éléments dessinent un tableau où la critique publique d’Israël peut déclencher une double sanction : une marginalisation économique et une intimidation violente.

Silence total du milieu culturel et politique
Le silence qui entoure cette affaire est éloquent. Aucune personnalité politique ou culturelle influente ne se presse pour défendre la liberté de ton de l'artiste. Dans l'espace français, la critique de l'Islam, ou de toute autre religion, peut souvent être accueillie, voire encouragée, sous la bannière de la laïcité et de l'anticonformisme. Cependant, l'humour touchant au sujet israélo-palestinien est immédiatement catalogué.
Sur les plateaux, comme dans l’émission Tout beau, tout neuf, le débat se concentre davantage sur son talent comique que sur le fond du problème : la liberté de création. Gilles Verdez, chroniqueur, a ainsi minimisé son propos en jugeant qu’elle « n’[avait] jamais été une humoriste de talent », déplaçant la question de la censure vers celle du mérite artistique. Une manière d’éviter la question centrale : peut-on encore aborder certains sujets sans risquer l’exclusion ?
Blanche Gardin boycottée depuis son sketch sur le 7 octobre ? Elle a annoncé devoir quitter son appartement ! #TBT9 pic.twitter.com/Spbsfqvs8A
— TBT9 (@TBT9_W9) December 11, 2025
L’affaire Gardin confirme que l’humour touchant aux sujets politico-religieux, en particulier liés à Israël, est souvent perçu comme un territoire miné. Dans son témoignage, l’humoriste souligne que ses propos ont été assimilés à du « terrorisme ou du blasphème » par certains.
Cette hypersensibilité crée un effet dissuasif pour les artistes, qui peuvent préférer éviter le sujet plutôt que de subir des représailles. Dans une optique libertarienne, cette situation est problématique : elle témoigne d’une restriction de fait du marché des idées, où la peur des conséquences économiques et personnelles prime sur le droit à l’expression et au débat contradictoire.
Le cas Blanche Gardin révèle une vérité amère : la culture française, loin d'être un espace de libre-échange d'idées, est régie par un contrat social implicite où la prospérité matérielle est conditionnée par l'adhésion ou, au moins, le silence sur certaines questions sensibles. Pour le libertarien, l'atteinte à la liberté d'expression est une atteinte au marché de l'idée.

