Bénin : nouvel épicentre de l’activité djihadiste

Dans la nuit du mercredi 8 janvier, une position militaire située dans la zone stratégique du « triple point », à la frontière entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, a été ciblée. Le bilan est lourd : 28 morts, dont des militaires et des civils. Cette attaque, revendiquée par le groupe djihadiste GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans), affilié à Al-Qaïda, intervient à peine un mois après une précédente offensive dans le nord du pays, qui avait coûté la vie à trois soldats.

L’émotion est vive à travers tout le pays. Cette attaque est perçue comme un tournant. Bertin Coovi, consultant en sécurité et défense, s’est exprimé avec fermeté :
« C’est une attaque de trop. Nous avons le devoir de tirer les leçons de ce qui nous est arrivé, de nous réorganiser. »
Le choc est d’autant plus grand que cette attaque symbolise la fragilité de la sécurité dans une région où les groupes djihadistes exploitent les faiblesses des frontières pour frapper. Pour rappel, cette zone frontalière est en proie à une insécurité grandissante qui menace la quiétude des populations. Depuis 2021, le Bénin y a enregistré nombreuses attaques ayant fait plusieurs morts et blessés dans le rang des soldats et des civils.
Critiques et appels à la coopération régionale
L’opposition politique n’a pas tardé à réagir. Le parti Les Démocrates, tout en exprimant sa solidarité, a pointé du doigt l’insuffisance des actions collectives au sein de la sous-région. Guy Mitokpè, porte-parole du parti, a insisté sur la nécessité d’une coopération militaire régionale :
« Sans actions conjointes avec les pays voisins, cette lutte contre cette nébuleuse sera très difficile. »
Irénée Agossa, membre de la mouvance présidentielle, a rappelé les efforts déjà consentis par l’État béninois pour sécuriser ses frontières et collaborer avec les pays limitrophes. Il a déclaré:
« Nous défendons notre patrie et travaillons de concert avec nos voisins pour combattre le terrorisme. »
Appel à l’unité face à la menace
Face à cette montée en puissance des groupes armés dans le nord, le gouvernement béninois a déjà multiplié les initiatives. L’opération Mirador, lancée en 2022, a permis le déploiement de 3.000 soldats pour sécuriser les frontières. Ce dispositif a récemment été renforcé par le recrutement de 5.000 militaires supplémentaires et l’acquisition d’équipements modernes.
Malgré ces efforts, la répétition des attaques montre que la menace djihadiste reste persistante. Une rencontre entre le gouvernement et la hiérarchie militaire est prévue dans les prochains jours pour adapter les stratégies de riposte.
Dans ce contexte, les appels à l’unité se multiplient, émanant aussi bien de la société civile que des experts en sécurité. Bertin Coovi propose d’élargir les discussions sur la sécurité nationale à l’ensemble des acteurs politiques et sociaux.
Malgré le drame, les Forces de défense et de sécurité béninoises ont réussi à neutraliser une quarantaine d’assaillants lors d’un ratissage. Cette victoire tactique, bien que modeste, témoigne de la résilience des forces armées et de leur détermination à protéger le territoire.
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