Autour du rond-point Schuman, atmosphère de fin de règne maquillée en urgence historique ! Alors que les tracteurs de nos agriculteurs encerclent une nouvelle fois le périmètre de sécurité, transformant le quartier européen en forteresse assiégée, les chefs d'État et de gouvernement s'enferment dans le bâtiment Europa pour ce qui pourrait bien rester dans les annales comme le « Sommet des trois renoncements ».

En ce 50e anniversaire de la création du Conseil européen, l'ironie est mordante. Cette institution, conçue à l'origine pour permettre aux Nations de donner l'impulsion politique, est devenue la chambre d'enregistrement d'une fuite en avant fédéraliste. Sous la présidence du socialiste portugais António Costa, l'ordre du jour officiel parle de « soutien à l'Ukraine », de « compétitivité » et de « budget ». La réalité, que nous allons décrypter ici sans fard, est celle de trois mécanismes mortifères pour la souveraineté des peuples européens : l'engrenage financier d'une guerre sans fin, le sacrifice de notre agriculture sur l'autel du libre-échange, et la mainmise technocratique définitive sur nos budgets et nos armées.

Le scénario Ukraine : l'institutionnalisation de la dette de guerre
Le premier sujet, et le plus immédiat, est le financement de l'Ukraine pour la période 2026-2027. La Commission européenne, jamais avare d'ingénierie financière douteuse, a mis sur la table un concept qui ferait frémir tout juriste attaché au droit international : le « Prêt Réparations ».

La dialectique de l'urgence :
L'argumentaire bruxellois est rodé : Kiev a besoin de 210 milliards d'euros pour tenir deux ans. Face au désengagement américain qui se profile avec la nouvelle administration Trump et à l'épuisement des budgets nationaux, l'Europe doit « payer » pour survivre.

La réalité souverainiste :
Ce mécanisme repose sur une fiction juridique. Il s'agit d'emprunter massivement sur les marchés en utilisant comme collatéral les bénéfices futurs des avoirs gelés de la Banque Centrale de Russie. C'est un pari risqué sur l'avenir : on gage de l'argent que l'on n'a pas encore, sur des réparations de guerre qu'un vainqueur hypothétique imposerait à un vaincu nucléaire.

Mais le danger est ailleurs. La Belgique, gardienne du temple Euroclear où dorment ces milliards, tremble. Elle sait que la Russie a déjà entamé des poursuites judiciaires et qu'une telle saisie déguisée pourrait ruiner la crédibilité de l'euro comme monnaie de réserve.
Plus grave encore : face au veto prévisible de la Hongrie de Viktor Orbán et aux réticences de la Slovaquie, les eurocrates ont prévu un « Plan B ». Si l'unanimité fait défaut, on passera outre via une « coalition des volontaires ». C'est la mort clinique du principe d'unanimité, dernier rempart de la souveraineté des petits États. On crée un précédent où une majorité d'États peut engager financièrement le continent dans une économie de guerre perpétuelle, transformant l'Union, jadis projet de paix, en une banque d'armement systémique.

Le scénario Mercosur : la trahison des clercs et le mépris des peuples
Le deuxième sujet est un spectre qui hante les couloirs : l'accord commercial avec le Mercosur. Ursula von der Leyen, dans une obstination qui confine à l'hubris, rêve de s'envoler pour Montevideo le 20 décembre afin de signer ce traité vieux de vingt-cinq ans.


