AstraZeneca ou la chronique d’une incompétence déjà connue

AstraZeneca ou la chronique d’une incompétence déjà connue


Partager cet article

Emmanuel Macron a fini par suspendre, pour 24 heures, l'administration du vaccin AstraZeneca, après plusieurs jours de combat absurde et contre vents et marées mené par le gouvernement en faveur de ce produit controversé depuis son arrivée sur le marché français. La veille encore plusieurs ministres, dont le Premier, avaient asséné qu'il fallait avoir confiance dans ce vaccin, malgré sa suspension déjà acquise dans de nombreux pays européens. Mais comment peut-on être ministre et infantilisé à ce point tout un peuple en lui demandant sans nuance et sans recul critique de croire aux bienfaits de produits dont la dangerosité est reconnue par tous les autres ? C'est l'énigme de l'élite française... soutenir mordicus des absurdités en se croyant intelligente.

Le vaccin AstraZeneca est donc suspendu en France, par décision du Président de la République tombée hier lors d’une conférence de presse à Montauban. Emmanuel Macron a donc mis fin à la pantomime lancée par son gouvernement unanime depuis une semaine pour expliquer que ce vaccin ne posait de problème et qu’il fallait accepter de le recevoir en toute confiance – discours répété sans relâche alors même que, partout en Europe, les cas suspects se multipliaient et que nos voisins suspendaient l’utilisation de ce produit.

AstraZeneca, ou quand l’incompétence flirte avec des niveaux jamais atteints

Nous avons évoqué, lors d’une édition précédente, la surdité du gouvernement tout entier aux nombreux effets secondaires lourds constatés dès le début de l’utilisation du produit. Ces effets secondaires expliquent le faible taux de vaccination chez les soignants : beaucoup d’hôpitaux ont arrêté les injections sur le personnel, à cause des vagues d’arrêts maladie qui s’en suivaient.

Hier encore, les pompiers des Bouches-du-Rhône annonçaient qu’ils renonçaient au vaccin à cause de ses effets secondaires.

Malgré cette parole unanime, le gouvernement s’est enferré dans les dénis et dans la répétition en boucle des mêmes injonctions infantilisantes : faites-vous vacciner sans vous plaindre ! Olivier Véran a même expliqué qu’il y avait trop peu de morts pour qu’on s’en inquiète

Mais le cas d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Industrie, mérite aussi d’être signalé. L’intéressée a expliqué dimanche sur une radio communautaire qu’elle exigeait de disposer de toutes les doses promises par AstraZeneca. Manifestement, elle n’avait pas attendu parler des problèmes posés par ce vaccin…

La France forcée de s’aligner sur l’Allemagne

La décision de finalement suspendre le vaccin semble être venue d’en haut, hier, à 16 heures, alors que personne dans les états-majors ministériels ne s’attendait visiblement à cette décision de bon sens. Alexis Kohler, selon Politico, aurait reçu un coup de téléphone le lui annonçant en plein milieu d’une réunion de cabinet. Voilà le signe que, faute d’avoir renouvelé en profondeur son entourage bureaucratique après ce petit juin 40 qu’a été le premier confinement, Emmanuel Macron continue à gouverner avec une clique d’incompétents notoires qui n’ont aucun flair politique et qui envoient le pays dans le mur avec le sentiment d’être des génies.

Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour comprendre que si des pays « raisonnables » comme le Luxembourg ou le Danemark avaient suspendu dès la semaine dernière le recours au vaccin, la généralisation de la décision à toute l’Europe était une hypothèse à envisager.

En début d’après-midi, l’Allemagne se ralliait à la suspension. Comme d’habitude, nous n’avions plus le choix : la France devait s’aligner sur la Prusse. Les vraies décisions françaises sont prises à Berlin, sans que Paris ne soit consultée. Ainsi fonctionne le couple franco-allemand.

En route vers un nouveau confinement

Cette décision tombe bien mal. Elle annonce une interruption impromptue de la campagne de vaccination. L’incapacité du gouvernement à reconnaître dans les temps les défauts du vaccin AstraZeneca nourrit par ailleurs la méfiance du public pour la parole officielle.

Surtout, avec plus de 4.200 personnes admises en réanimation, le gouvernement se trouve face à un dilemme cruel : ou bien il reconfine à l’arrivée du printemps, ce qui donnera le sentiment d’un retour à la case départ. Ou bien il ne reconfine pas et s’expose au risque d’une crise sanitaire gênante.

Au fond, nous voilà revenus à la situation du début de la pandémie. Avec 10 points de PIB en moins.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Croissance: quand l’État s’efface, l'économie s'envole
Photo by Headway / Unsplash

Croissance: quand l’État s’efface, l'économie s'envole

Le vent tourne pour l'économie française. L’INSEE annonce une croissance de 0,5 % au troisième trimestre 2025, supérieure aux 0,3 % attendus. Ce rebond n’est pourtant pas dû à une politique publique visionnaire, mais bien au dynamisme spontané des acteurs privés, notamment à l’exportation. La croissance française surprend au troisième trimestre 2025 (+0,5%), dépassant les attentes. Portée par des exportations et une production dynamiques, cette accélération confirme notre thèse : "moins il y a


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Vaccins COVID : vague de procès en Europe, les Pays-Bas en première ligne
Photo by Mathurin NAPOLY / matnapo / Unsplash

Vaccins COVID : vague de procès en Europe, les Pays-Bas en première ligne

Dans un contexte où la pandémie de COVID-19 continue de susciter des débats passionnés sur la sécurité des vaccins ARNm, une affaire judiciaire aux Pays-Bas fait couler beaucoup d'encre. Depuis juillet 2023, sept citoyens néerlandais, se présentant comme victimes de dommages graves (physiques et mentaux) suite à leur vaccination, ont intenté une action civile devant le tribunal de district de Leeuwarden contre 17 entités et personnalités influentes. Parmi les accusés : Bill GATES (via sa fondat


Isabelle Hock

Isabelle Hock

Citoyens ! le train de la censure macroniste entre en gare !

Citoyens ! le train de la censure macroniste entre en gare !

La macronie ne rate jamais une occasion de se draper dans les grands principes pour mieux les piétiner. La dernière trouvaille sortie du chapeau de la technostructure, en marge du Forum de Paris sur la Paix ce 29 octobre 2025, s'intitule pompeusement : "Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information". Un titre qui fleure bon la démocratie, le pluralisme et la lutte contre les méchants désinformateurs. Pourtant, quiconque connaît le principe élémentaire de


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Permis européen : comment Bruxelles prépare le flicage des automobilistes

Permis européen : comment Bruxelles prépare le flicage des automobilistes

Sous prétexte de l'objectif “zéro mort sur les routes d’ici 2050”, le Parlement européen a adopté sa réforme du permis de conduire. Sous prétexte de sécurité routière, Bruxelles instaure un contrôle médical périodique et un permis numérique, un modèle de contrôle numérique permanent des conducteurs européens. Le 21 octobre 2025, l'Europe a déclaré la guerre aux automobilistes. Sous la bannière trompeuse du « zéro mort » pour 2050, Bruxelles déploie son arsenal réglementaire. La fin du permis de


Rédaction

Rédaction