Europe: ce que cache l'explosion des arrêts maladie
En 2024, l’absentéisme en France a retrouvé les sommets de la crise sanitaire, avec un taux de 4,5 % – soit 41 % de plus qu’en 2019. Des arrêts de longue durée liés à la santé mentale, touchant désormais des salariés toujours plus jeunes.

Selon l’édition 2025 du datascope d’AXA, le spécialiste de l’assurance et de la gestion d’actifs, le taux d’absentéisme au travail a explosé en 2024. Les responsables de cette enquête ont cherché à comprendre les causes. Ils ont constaté que ces arrêts maladie sont surtout liés à l’augmentation des salariés victimes de troubles psychosociaux et ils sont de plus en plus jeunes.
Un taux d’absentéisme de 4,5%
Le groupe international français spécialisé dans l’assurance, AXA, a sorti l’édition 2025 de son datascope. Elle résulte d’une vaste enquête menée sur plus de 3 millions de salariés, soit 15% des travailleurs du privé en France. Ce rapport a révélé que le taux d’absentéisme a fortement grimpé en 2024. Il a atteint les 4,5%, un niveau identique à celui enregistré pendant le pic pandémique de 2022. Ce chiffre signifie une perte de 4,5 heures de travail théoriques sur 100 à cause des arrêts maladie.
« L’absentéisme des salariés est à la dérive dans les entreprises en France »
a indiqué le datascope d’AXA. Le directeur des activités statistiques du groupe, Yves Hérault, a déclaré que l’impact des congés de proches aidants « reste très marginal », s’ils ont été pris en compte dans cette analyse.
Comment expliquer cette explosion de l’absentéisme en France ? Les enquêteurs d’AXA ont trouvé la réponse à cette question en se penchant sur le nombre d’arrêts.
« Cette hausse s’explique surtout par l’augmentation de la fréquence des arrêts de longue durée, c’est-à-dire de plus de deux mois, qui ont augmenté de 7,5% entre 2023 et 2024 »
a déclaré Yves Hérault. Le constat est clair: les salariés s’absentent plus longtemps.
Effet post-covid: un marché du travail en crise d’adaptation
Le COVID a profondément modifié les habitudes de travail, les perceptions de la santé mentale, et la tolérance au stress. Le télétravail a mis en lumière l’épuisement professionnel, les maladies psychiques sont davantage reconnues, et les salariés n’hésitent plus à consulter pour des troubles que l’on ignorait auparavant.
Selon Diane Milleron-Deperrois, la directrice générale de la branche santé et collectives chez AXA, les troubles psychosociaux « sont désormais la première cause des arrêts longue durée, reléguant au second plan les troubles musculo-squelettiques, longtemps en tête des motifs d’absence prolongée ». Le datascope d’AXA a aussi révélé que ces problèmes de santé mentale touchent particulièrement des salariés de plus en plus jeunes.
« Désormais, un arrêt de longue durée sur deux pour troubles psychologiques concerne une personne de moins de 40 ans »
a déclaré Yves Hérault. Notons en effet que l’âge moyen des salariés qui ont pris des congés prolongés pour des problèmes de santé mentale était de 43,3 ans en 2019. Le directeur de l’activité statistique d’AXA a présenté deux hypothèses pouvant expliquer cette hausse des arrêts pour troubles psychologiques.
Selon Yves Hérault, les salariés osent désormais exprimer leur mal-être, alors que c’était un sujet tabou auparavant. Il a ajouté que les entreprises sont conscientes qu’il s’agit d’un « véritable problème de santé publique ». Mais il est aussi probable que le moral des salariés se dégrade réellement. Les facteurs qui ont provoqué cette détérioration de la santé mentale des travailleurs sont nombreux. On peut citer l’inflation, les tensions internationales et les incertitudes professionnelles. Il faut dire que les jeunes salariés recherchent généralement la stabilité. De plus, on ne doit pas oublier que « les étudiants, dont la santé mentale avait particulièrement souffert pendant le Covid, sont désormais salariés », a indiqué Diane Milleron-Deperrois.
Selon le rapport, les arrêts sont souvent le seul moyen de « pause légale » pour les salariés à bout de souffle.
En France, les secteurs les plus touchés sont ceux de la santé, du social, de l’éducation et du commerce. Ce sont également les domaines où les conditions de travail se sont dégradées depuis la pandémie.
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