Le Président argentin libertarien Javier Milei est à New York pour demander l'aide américaine face aux difficultés économiques qu'il rencontre. Cette vassalisation est un signal que la France devrait écouter avec attention.
Le spectacle offert par l'Argentine en cette fin d'année 2025 a de quoi laisser perplexe. D'un côté, un gouvernement qui brandit des chiffres comme des trophées : une inflation spectaculairement réduite, passant de plus de 200 % à 33,6 % sur un an, et un excédent budgétaire retrouvé pour la première fois en une décennie. De l'autre, ce même gouvernement qui se précipite à Washington pour quémander une "bouée de sauvetage" financière auprès de l'administration Trump. Comment une politique économique si performante sur le papier peut-elle conduire un pays au bord du gouffre?
C'est que derrière la façade des indicateurs macroéconomiques se cache une réalité bien plus sombre. La fameuse "thérapie de choc" du président Javier Milei, ce mélange de "tronçonneuse" budgétaire et de "mixeur" inflationniste, n'a pas guéri le malade. Elle l'a plongé dans un coma artificiel, dont le réveil s'annonce douloureux.
La victoire à la Pyrrhus sur l'inflation
Soyons clairs : juguler une inflation à trois chiffres est une performance. Mais à quel prix? Celui d'une récession brutale, avec une économie qui s'est contractée de 3,5 % en 2024 et une explosion de la pauvreté qui a touché, à son pic, plus de la moitié de la population. La baisse de l'inflation n'est pas le fruit d'une économie saine et productive ; elle est le symptôme d'une consommation effondrée et d'une activité à l'arrêt, comme en témoignent la chute de la production industrielleet la contraction des ventes dans les supermarchés. Le gouvernement a réussi à vider la baignoire de l'hyperinflation, mais il a jeté le bébé avec l'eau du bain.
Cette stratégie était, dès le départ, fondamentalement bancale. Elle reposait sur trois piliers fragiles. D'abord, une monnaie artificiellement forte pour ancrer les prix, créant un "atraso cambiario" (un peso surévalué) qui tue la compétitivité à l'export, avec une appréciation du taux de change réel de 40 % sur un an. Ensuite, le maintien d'un contrôle des changes (le "cepo") que le gouvernement n'ose pas lever, faute de réserves suffisantes, de peur de déclencher une fuite de capitaux cataclysmique.