Agressif, vraiment, Vladimir Poutine? Le président russe dans le texte.

Vladimir Poutine s'est exprimé le mois dernier devant le Collège du Ministère des Affaires étrangères de son pays. Le discours qu'il a tenu a été peu analysé en Occident. Pourtant il est fondamental tant il montre (1) que l'Occident apparaît désormais comme la seule source de tension sérieuse du point de vue des intérêts russes;(2) que la Russie se préoccupe de renforcer les partenariats économiques avec ses voisins sur la périphérie du pays, partout où il s'agit de maintenir l'Occident à distance
Les médias et la classe politique occidentale répètent comme un mantra que Vladimir Poutine est un homme dangereux et entraîne son pays dans une agressivité constante et maladive. L’Occident ajoute qu’il est nécessaire de faire pression sur la Russie parce que ce pays serait porteur de valeurs contraires aux siennes. A Washington, à Bruxelles, à Berlin, on rêve au fond d’une « révolution de couleur » qui ferait tomber le régime de Monsieur Poutine.
Pour ma part, je suis un Old Whig dans la tradition d’Edmund Burke et je ne crois qu’à un principe en politique étrangère: l’équilibre des puissances. C’est la seule préoccupation que nous devons avoir. Toute politique qui cherche à imposer des prétendues valeurs à d’autres pays conduit à souhaiter un état de guerre permanente. Qui dit militarisation de la société signifie renoncement à la prospérité intérieure et à la paix internationale. Nous n’avons aucune raison de vouloir imposer quelque régime que ce soit au peuple russe. Et l’aberrante proportion du budget de la défense et du complexe militaro-industriel dans l’économie américaine est l’une des sources les plus évidente de la grave crise que traverse la République américaine, passé en un demi-siècle du leadership démocratique dans le monde au statut d’empire oligarchique rongé par les inégalités, la pauvreté et une guerre civile culturelle.
C’est pourquoi il vaut la peine d’écouter ce qu’a à dire le président russe. On sera frappé par son absence d’agressivité vis-à-vis de l’Occident. Vladimir Poutine se plaint des tensions créées par l’OTAN aux lisières de la Russie. Il dit espérer que le dialogue avec Joe Biden produise une désescalade. Il demande que les Occidentaux respectent les accords de Minsk concernant l’Ukraine. Il annonce un renforcement de la coopération avec la Biélorussie.
D’une manière générale, le président russe explique son intention de renforcer l’intégration économique avec l’environnement proche de la Russie partout où cela permet de maintenir l’Occident à distance: la consolidation du monde russophone, l’établissement de bonnes relations avec l’Asie Centrale et l’Inde apparaissent centraux dans le discours du président russe. On remarquera en revanche comme le Président russe ne dit rien de la Chine: dans une grande mesure la Chine tient les Etats-Unis à distance de la Russie du côté de l’Asie.
Fidèle à la position qu’il a toujours affirmée, le Président russe souhaite le rétablissement d’un véritable ordre international, garanti par le Conseil de sécurité de l’ONU et fondé sur la réciprocité. Il la propose par exemple sur les vaccins. Entendez: la Russie n’acceptera les vaccins occidentaux que lorsque les USA et l’Union Européenne accepteront les vaccins russes.
Commentaires ()