Action Porsche : les raisons d’une sortie de route
Moins de 3 ans après sa première cotation, le parcours boursier de Porsche est tout sauf un long fleuve tranquille (voir graphique), la firme mythique allemande ayant vu sa capitalisation fondre de moitié depuis 2022, dont 30% depuis le début de l’année…

Ce dernier recul, conjoncturel, s'explique par un 3ème abaissement des prévisions annuelles (un « warning profit » dans le jargon), lié au récent revirement stratégique de Porsche sur la mobilité électrique.Face à une demande atone de la Chine (qui a importé l’an dernier près de 29% d’automobiles allemandes, dont un tiers de véhicules Porsche, mais qui monte elle-même en gamme à vive allure), un alourdissement des droits de douane américains (15% contre 2,5% auparavant) et une conjoncture globalement morose dans le secteur du luxe, le fleuron automobile de Stuttgart a décidé de reporter plusieurs lancements de véhicules électriques au profit des motorisations… hybrides et thermiques ! Cette décision entraînera à terme pour Porsche une charge de 1,8 Md € sur le bénéfice d'exploitation en 2025, ramenant la marge opérationnelle attendue pour l'exercice en cours à seulement 2%, contre 5 à 7% initialement visés.Ouch !
Les investisseurs ont, comme il se doit, fraîchement accueilli la nouvelle. Introduite à plus de 82 € en septembre 2022, l'action oscille désormais sous le seuil des 45 €. Volkswagen AG, qui détient plus de 75% du capital, subit un impact similaire, avec une charge sur ses comptes évaluée, de son côté,à plus de 5 Mds €.
Moyennant un léger coup d’œil dans le rétroviseur, il s’avère qu’une grande partie des difficultés de Porsche est pourtant structurelle : inflation énergétique consécutive aux sanctions de l’OTAN contre la Russie, depuis le déclenchement de la guerre en février 2022, dans un contexte de forte dépendance historique aux énergies bon marché russes. L'arrêt des importations de gaz et de pétrole russes a ainsi propulsé les coûts de l'énergie de 30 à 50% pour l'industrie automobile, occasionnant arrêts de production et pénuries de composants dans tous les segments industriels. Oliver Blume, PDG de VW, s’est d’ailleurs voulu transparent :
« L'ère de l'industrie automobile telle que nous la connaissions est révolue. »
Mais le second coup de marteau est venu de l'offensive fulgurante des constructeurs chinois, emmenés par BYD, le leader mondial des véhicules électriques en 2024 (2,5 millions d'unités vendues), dont la marque Denza a dévoilé en avril dernier à Milanson Z9 GT, un concurrent direct des modèles Porsche, tandis que son autre sous-marque Yangwang visera le marché en 2026 avec des propositions électriques haut de gamme.
Dans cette capsule Patrimoine, Machabert revient en détail sur les raisons du décrochage boursier de Porsche, longtemps présenté comme vitrine européenne de l’automobile de luxe et rappelle l'importance d'une diversification face aux risques géopolitiques et concurrentiels.
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