????Pourquoi une baisse des retraites de 10% est inévitable

La baisse des retraites est le grand tabou du gouvernement. Depuis son accession au pouvoir, Emmanuel Macron tourne autour du pot et doit sans cesse en reporter l’échéance. Mais les dégâts colossaux causés par le confinement l’obligeront à trancher dans la vif, peut-être même avant 2022. Voici pourquoi.
La baisse des retraites est le grand tabou français. Avec son augmentation de la CSG, Emmanuel Macron s’y était essayé discrètement dès son arrivée au pouvoir, considérant que les retraités français bénéficiaient de revenus de remplacement trop élevés. L’affaire avait suscité une haine profonde dans une génération nourrie au lait des « Zacquis Sociaux » et de l’expansion sans frein de la protection sociale. Sa tentative de création d’un régime universel a à son tour échoué.
Mais des raisons incontournables rendront les faits têtus… et des coupes sombres inévitables.
L’effondrement des recettes socio-fiscales
On l’a appris hier par un communiqué du ministère du Budget, les recettes fiscales sont en cours d’effondrement, d’au moins… 10%. Fin juin, les caisses de l’Etat auraient dû approcher les 145 milliards de recettes. Elles n’ont pas atteint les 130 milliards. Il manque donc 15 milliards dans les caisses par rapport à la loi de finances initiale, soit un repli d’environ 10% (à ce niveau de « grosse maille », le chiffre de 10% est un indicateur d’autant plus pertinent qu’il correspond au repli estimé du PIB).
Du côté des cotisations sociales, on ne connaît pas encore clairement l’étendue des dégâts, mais on sait déjà que plus de 20 milliards de cotisations font l’objet de reports. Il faut donc s’attendre, sur les recettes de sécurité sociale, à des minorations qui seront sans doute accentuées par la vague de faillites et de licenciements attendues d’ici à la fin de l’année.
Les recettes du budget général (nettes de remboursements et dégrèvements) au 30 juin 2020 s’établissent, y compris fonds de concours, à 129,3 Md€ contre 143,8 Md€ à fin juin 2019. Hors fonds de concours, elles s’élèvent à 125,8 Md€ contre 142,7 Md€ à fin juin 2019.
Ministère du Budget
La contraction du PIB aura un sens concret
Au vu de ces chiffres, on aurait donc tort de croire que la récession ou la contraction du PIB se borneront à des phénomènes statistiques sans impact sur la réalité. Les mécanismes de protection qui s’empilent en France l’ont pour l’instant repoussé, et maintiennent beaucoup de Français (particulièrement les fonctionnaires et les salariés en CDI) dans l’illusion qu’ils seront épargnés par les nuages du Tchernobyl économique en préparation, mais l’atterrissage en fin d’année sera douloureux.
Dans la pratique, comme nous l’avions annoncé sur les salaires il y a plusieurs semaines, un carnage social est inévitable, avec des ajustements à la baisse de 10%, correspondant à la baisse du PIB. L’ensemble du train de vie des Français devrait baisser de 10% l’an prochain, y compris celui des retraités.
La baisse des retraites est inévitable
Il faut attendre la fin d’année pour mesurer l’ampleur de la situation en matière de retraites. Mais, aux alentours de la fin octobre, l’état de la masse salariale donnera une base estimative de l’intensité sismique du tremblement de terre qui se prépare. Selon toute vraisemblance, la baisse de la masse salariale donnera un bon indice de la baisse nécessaire des retraites pour équilibrer les comptes.
En toute logique, la tendance globale devrait se situer autour de 10%…
Comme les retraites représentent environ la moitié des dépenses de protection sociale en France, il est bien entendu inévitable que la baisse des recettes n’aient un impact fort sur ce compartiment de dépenses depuis longtemps dans le collimateur des élites.
Pendant ce temps, les fonctionnaires prennent leurs aises…
La situation mensuelle de l’Etat publiée hier par le ministère du Budget montre que les dépenses de fonctionnement de l’Etat ont augmenté de 5% cette année. Pendant que les entreprises privées se serrent la ceinture… l’Etat s’en donne à coeur joie avec l’argent du contribuable…
L’endettement ne pourra pas tout
Pour l’instant, Emmanuel Macron fait vivre le mythe selon lequel un Dieu bienfaisant appelé l’Union Européenne viendra au secours des Français et leur permettra de conserver leur train de vie sans effort. L’argent va tomber du ciel, et nous le rembourserons miraculeusement, et tout redeviendra comme avant après qu’une impressionnante reprise aura eu lieu, qu’aucun économiste n’attendait.
La réalité qui se prépare est un peu différente. Dès le mois de septembre, le gouvernement annoncera de nouvelles taxes pour renflouer les caisses, mais le potentiel fiscal du pays sera fortement entamé par la crise qui sévit et qu’aucun rebond magique ne vient atténuer.
Assez rapidement, on passera à des coupes dans les dépenses sociales, qui nourriront une tentation maduriste. Avec son cortège d’instabilité politique.
Une baisse des retraites dans la douleur
Les retraités peuvent donc s’attendre à une année 2021, et surtout 2022, très douloureuse. Les élections approchant, Emmanuel Macron retardera le plus possible le moment où il faudra faire des choix compliqués. A priori, une loi rectificative de financement de la sécurité sociale après les présidentielles imposera ces changements, s’il est possible d’attendre jusque-là.
Selon toute vraisemblance, toutefois, l’urgence sera telle que les mesures devront être prises avant cette échéance. Et si Macron se fait tirer l’oreille, la Commission Européenne se chargera de le mettre sous pression.
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