Lancé en 2020 comme une réponse aux exigences de confidentialité, le projet Privacy Sandbox devait révolutionner la publicité en ligne sans sacrifier la vie privée des internautes. Cinq ans plus tard, Google en acte la mort. Entre échec technique, rejet du marché et hypocrisie économique, l’entreprise démontre une fois de plus qu’elle ne peut pas renoncer à ce qui fonde son empire : la collecte de données.

Google a annoncé officiellement l’arrêt de son initiative Privacy Sandbox, lancée en 2020, en raison de « faibles niveaux d’adoption ». Suite à cette décision, plusieurs technologies visant à préserver la vie privée des utilisateurs qui composent cette offre seront abandonnées.
Arrêt de Privacy Sandbox
L’initiative Privacy Sandbox Google est finalement abandonnée. La firme de Moutain View vient de l’annoncer officiellement. Selon le vice-président de Privacy Sandbox, Anthony Chavez, cette décision a été prise en raison du « faible taux d’adoption ».
Il faut dire que cette alternative aux cookies tiers au suivi inter-sites lancée par Google en 2020 a été critiquée par les régulateurs et les acteurs du marché. Selon le ICO britannique (Information Commissionner’s Office), Privacy Sandbox ne répond pas aux normes de protection des données standards. De leur côté, les professionnels du marketing ont déclaré que l’adoption des technologies composant cette offre était complexe.
Notons que la fin de Privacy Sandbox signifie abandon de plusieurs outils comme IP Protection, Attribution Reporting API pour Chrome et Android, Private Aggregation et Protected Audience API. Seules quelques technologies comme CHIPS permettant de stocker des cookies par site individuel seront conservées.
La complexité comme entrave à la liberté d'entreprendre
Le timing de cette décision n’est pas anodin. Sous l’administration américaine actuelle, peu portée sur la régulation numérique, Google profite d’un contexte politique permissif.
Aucune opposition législative sérieuse ne se profile à l’horizon, et l’entreprise peut tranquillement recentrer ses priorités sur l’IA générative et les services cloud, loin du débat sur la vie privée.
Ce désengagement illustre un recul global de la pression réglementaire. L’Union européenne reste isolée dans sa tentative de freiner la collecte de données — tandis que les États-Unis, principaux bénéficiaires du capitalisme de surveillance, ferment les yeux.
Dans un marché libre, les solutions qui apportent de la valeur sont simples, efficaces et s’intègrent naturellement. Le Privacy Sandbox était le contraire : un fardeau réglementaire de facto qui paralysait l'agilité entrepreneuriale. Son abandon est une bouffée d’air frais pour les PME et les innovateurs qui peuvent désormais se concentrer sur des solutions alternatives, légères et orientées vers le consommateur, sans devoir se conformer au cahier des charges d'un monopole.
Un retour au pluralisme et à la responsabilité individuelle
Google ne conserve que quelques technologies, dont CHIPS, un système qui partitionne les cookies par site. Cette approche, qui respecte l'autonomie des sites web individuels, est significativement moins intrusive que les API d’agrégation de données précédemment proposées.
Cet abandon spectaculaire ne signifie pas la fin de la transition vers un web plus respectueux de la vie privée. Au contraire, il renvoie la responsabilité de l'innovation et du choix aux acteurs du marché. Les annonceurs doivent désormais s'engager activement dans le renforcement de leurs données first-party et l'exploration d'alternatives cookieless développées par des concurrents (comme The Trade Desk ou d'autres plateformes).
Les consommateurs, en fin de compte, seront les seuls juges de la solution la plus efficace et la plus respectueuse de leur vie privée.
En enterrant Privacy Sandbox, Google enterre surtout l’idée d’un équilibre entre publicité et vie privée. Ce projet était censé marquer la fin de la surveillance à outrance — il restera dans l’histoire comme une opération de communication ratée.
Pour le libertarien, cet épisode illustre parfaitement le danger du monopole numérique : quand la régulation dépend du régulé, la liberté individuelle devient une variable d’ajustement économique.

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